Sur la base d'une étude du ministère de l'Aménagement des territoires, la Fédération Française du Bâtiment appelle une politique de planification du logement et évalue les besoins en logements neufs à 448 000 par an jusqu'en 2035.
Toutefois, selon Pierre Madec, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économique (OFCE) et spécialiste du logement, "il faut d'abord réfléchir à l'attractivité des territoires avant de réfléchir aux besoins en logement", afin de "recréer un équilibre territorial" entre les métropoles très attractives mais trop onéreuses pour une partie de la population et des zones aujourd'hui moins attractives.
Afin d'évaluer les besoins en nouvelles résidences principales pour les prochaines décennies, cette étude du SDES (Service des Données et Études Statistiques) du ministère, très attendue du secteur et publiée en juin, prend en compte :
– l'augmentation du nombre de ménages français ;
– L'ampleur du mal-logement ;
– L'évolution du nombre de résidences secondaires et de logements vacants ;
– Et la transformation pour des logements existants.
Selon le scénario "central", le nombre de ménages va augmenter nettement d'ici 2030 avant de commencer à se stabiliser. En découle un besoin de 208 000 nouvelles résidences principales chaque année entre 2020 et 2030, puis 194 000 à créer d'ici 2050.
Un autre scénario "bas" table sur un besoin de 177 000 nouvelles résidences principales par an entre 2020 et 2030, et le scénario "haut" sur 242 000. Le SDES ne s'est cependant pas aventuré à tabler sur un chiffre de constructions neuves nécessaires, et c'est donc la Fédération française du bâtiment s'en est chargé, en partant du scénario haut, et estime qu'il faudrait construire 448 000 logements neufs par an entre 2026 et 2035 et un total de 8,8 millions d'ici 2050.
Le nombre de ménages en 2022 dépasse déjà celui des estimations du SDES et 260 000 logements ont été mis en chantier en 2024, "donc on est déjà en retard" ainsi que l'a affirmé Philippe Servalli, le président de la commission économique de la FFB. Lors d'une conférence organisée par la FFB, il a appelé à "une vraie politique du logement". Pour le président de la FFB, Olivier Salleron, une "planification" est même "indispensable".
"Le marché du logement ne répond pas à tous les besoins, il est grippé et il faut une action publique pour l'améliorer", a estimé Olivier Aguer, le sous-directeur des statistiques du logement et de la construction au sein du ministère de l'Aménagement des territoires. Des curseurs dépendent en effet de la politique nationale, comme la transformation de logements vacants en résidences principales, la vitesse de la résorption du mal-logement, la réindustrialisation, la prise en compte du changement climatique, ou encore le vieillissement de la population.