Un ancien responsable d'une filiale du groupe Vinci a été mis en examen dans l'enquête sur les conditions de travail d'employés sur des chantiers liés à la Coupe du monde de football au Qatar en 2022, ainsi que l'a indiqué son avocate, Me Fanny Colin, à l'AFP, confirmant de fait une information du journal L'Équipe.
L'ancien dirigeant a été mis en examen mardi après avoir été entendu par un juge d'instruction à Nanterre, comme l'a précisé à l'AFP Me Fanny Colin. Également conseil de Vinci Constructions Grands Projets, filiale mise en examen en novembre 2022, elle n'a pas souhaité faire de commentaire, tout comme le groupe Vinci, contacté par l'AFP.
La filiale VCGP est poursuivie pour :
– "soumission à des conditions de travail ou d'hébergement incompatibles avec la dignité",
– "obtention de la fourniture d'une personne en situation de vulnérabilité ou de dépendance de services, avec une rétribution sans rapport",
– et "réduction en servitude".
"Cette décision montre que l'enquête suit activement son cours et progresse", s'est félicité Laura Bourgeois, chargée de contentieux et de plaidoyer à l'association Sherpa, ajoutant "nous la saluons car elle devrait permettre de faire plus encore la lumière sur les faits de l'affaire. Nous tenons toutefois à rappeler que l'éventuelle responsabilité des dirigeants n'exclurait pas celle de la société VCGP".
Le dossier remonte à 2015, avec une première plainte classée sans suite en 2018. Toutefois, des plaintes avec constitution de partie civile de Sherpa, du Comité contre l'esclavage moderne (CCEM) et d'anciens employés indiens et népalais de ces chantiers ont entraîné l'ouverture d'une information judiciaire par un juge d'instruction de Nanterre en novembre 2019.
Trois chantiers sont décriés par les plaignants : celui du "métro léger" reliant Doha à Lusail, une ville nouvelle hôte du Mondial 2022 ; celui des parkings souterrains de Lusail ; et celui de l'hôtel de luxe Sheraton à Doha.
Dix ans après la plainte initiale, en mai, la Cour de cassation a confirmé la mise en examen de la filiale de Vinci.
L'hôtel Sheraton à Doha. © Hôtel Sheraton
Selon les témoignages recueillis à l'époque par Sherpa, les employés immigrés de la filiale de Vinci sur certains chantiers avaient vu leur passeport confisqué et ont dit avoir travaillé entre 66 et 77 heures par semaine. Ils ont également affirmé avoir été entassés dans des chambres exiguës aux sanitaires insuffisants, percevant des rémunérations sans rapport avec le travail fourni, menacés de licenciement ou de renvoi dans leur pays en cas de revendications.
Critiqué sur son bilan en matière de droits de l'Homme et son traitement des travailleurs migrants, le Qatar a révisé sa législation du travail, introduisant notamment un salaire minimum et des réformes en matière de santé et de sécurité.
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Un ancien responsable d'une filiale du groupe Vinci a été mis en examen dans l'enquête sur les conditions de travail d'employés sur des chantiers liés à la Coupe du monde de football au Qatar en 2022.