La ZAC des Groues, qualifiée d’ECO-ZAC, c’était l’une des dernières proche de Paris-Centre, et celle que l’aménageur Paris-La Défense aurait dû pour le coup programmer pour une fois pour la construction bois, et non selon des principes de neutralité qui en fait reviennent à privilégier le béton qui est la solution courante. De fait, la ZAC a livré en premier le siège de Vinci faisant la démonstration du béton "bas carbone". Puis, le lot 3 porté par Lamotte / Brémond avec des pointures comme Sonia Cortesse (ADSC), M’CUB architectes et Julien Beller a viré au mixte.
Pour autant, la messe n’est pas dite. Woodeum a livré Flora, un imposant projet conçu par l’architecte américain Mickael Green et présenté au dernier Forum Bois Construction par Calq qui y a fait office de bien plus que l’exé. Non loin, l’agence Chartier Dalix élève actuellement des immeubles jusqu’à R+6 avec quatre niveaux en bois. Au cœur de ce nouveau quartier, le square des rails et le groupe scolaire Yvonne Kerzreho, du nom d’une élue de la ville, déjà honorée d’un groupe scolaire de Nanterre de l’autre côté des rails (provisoire ?), rue Pablo Neruda.
Les façades mixtes de l'école sont un régal, les chapeaux en coursives ont des implications pédagogiques, facilitent le confort thermique d'été, et aussi la performance de résistance au feu. © Jonas Tophoven
SAM architecture, fondé par Stefan Matthys et Boris Schneider, est un exemple de réussite de jeune agence en dix ans. 2015, quand on meurt assassiné chez Charlie Hebdo, c’est l’école Charlie Chaplin de La Courneuve avec la première utilisation française de LVL de hêtre "Baubuche", qui plus est également en coursive extérieure, en tandem avec l’esprit de découverte de Jean-Luc Sandoz (Lifteam).
Plus tard, 2019, c’est de nouveau une école et une crèche sur la ZAC Clichy-Batignolles, avec Lifteam et ses dalles en bois frugales O’portunes. On l’a compris, le scolaire (souvent en bois) est l’une des forces de SAM, un créneau où l’agence n’est pas seule.
Selon Boris Schneider, l’école des Groues découle de l’école en béton de SAM à Gennevilliers. Une architecture de terrasse superposée vaste faisant office de cours de récréation ou de prolongement des salles en classes ouvertes, mais selon une approche biosourcée qui permet au projet lauréat de devenir selon la demande de la ville de Nanterre, l’une des premières écoles françaises conçues en fonction du label E+C- niveau E4C2 (la première avec celle de Bruges, Bordeaux, par Compagnie Architecture).
Les images ne sont pas léchées mais tout l'art de SAM apparaît dans le traitement de l'espace pédagogique commun, la mise en suspension du balcon arrondi (par le plancher mixte !), le toit béton en papillon, sur poutrelles en acier, pour donner de la lumière, avec installation d'une scène sur le toit. © Jonas Tophoven
L’école des Groues tire sans doute aussi les conséquences de la ZAC Clichy en privilégiant une bonne protection de la façade en bois. Avec la collaboration du BE Bollinger Grohmann, la façade de SAM aux Groues est un morceau d’anthologie, même si l’école internationale de Troyes par LA Architecture et Raphaël Gabrion tente d’aller plus loin avec des "casquettes" en bois, et non en béton.
Le second morceau d’anthologie, ce sont les terrasses en dalles mixtes dans le prolongement des salles de classe.
Le troisième, lié à ces terrasses, c’est la création d’espaces scolaires ouverts à une nouvelle pédagogie, avec la conception de l’aménagement intérieur. La quatrième, le culot de la mise à nu des installations y compris avec leurs bandes adhésives pour garantir les performances dans le cadre E+C-.
S’ajoutent encore deux choses : la création d’une scène de théâtre en toiture (en plus de l'espace d'entrée avec ses deux niveaux de spectacle, dont celui de la projection cinématographique) pour profiter de l’orientation de la toiture en papillon afin de faire entrer la lumière. Une solution qui va plaire à la filière béton.
Enfin, au premier étage niveau maternelle, un incendie a eu lieu en cours de chantier, probablement à partir d’une installation électrique. La structure a brûlé une trentaine de minutes, il n’y a pas eu de démolition mais un habillage ultérieur. La visite de l’école avec FiBois IDF dans le cadre des circuits du premier jour du Forum Bois Construction, en février dernier, n’a pourtant pas pu avoir lieu. Après le fiasco de l’incendie du Messager à Paris 12e, le cas de l’école des Groues est à méditer avant toute cogitation réglementaire sur la protection des constructions bois en cours de chantier.
Salle de classe témoin. Dans ce cas particulier, un mur de refends en béton est laissé comme tel. Egalement apparent, l'insonorisation de la ventilation. Les solives avec absorbant Organic intercalé ne seraient plus possible en cas d'application de la doctrine imposée par les sapeurs-pompiers de la préfecture de police de Paris (mais ça passe très bien ailleurs). © Jonas Tophoven
L’école des Groues sera inaugurée alors que les opérations E4C2, notamment en scolaire, deviennent une banalité. Il en va de même pour les groupes scolaires en bois, qui rivalisent actuellement de solutions biogéosourcées et de réemploi. Il n’en demeure pas moins que le groupe scolaire Yvonne Kerzreho deviendra une icône architecturale de l’année 2025, dix ans après le groupe scolaire Abdelmayek Sayad conçu par Nicolas Favet et précurseur du zéro carbone, présenté au Forum Bois Construction en 2014.
Par de multiples aspects, la nouvelle école impose sa présence dans la liste des projets présentés au prochain Forum International Bois Construction au Grand Palais en février 2026, douze ans plus tard.
Tout sur le Forum Bois Construction
Livré à la Toussaint après un retard entre autres attribuable à un incendie en cours de chantier, le groupe scolaire de la ZAC des Groues est un projet-phare du Forum Bois Construction de février 2026.