En ce monde des réseaux et du spectacle, rien ne vaut un prix, même s’il est symbolique, même si l’hôte 2025 Architects@Work fait suivre la cérémonie par la chute finale d’une incroyable installation de kapla dûment relayée sur tous les réseaux. Un symbole ? Non, ça n’a rien à voir avec la situation de la construction bois française. D’ailleurs, avec la remise du Prix National Construction Bois, la communication de la filière française forêt-bois cette année sort du bois. Elle imprime sa marque sur la séquence nationale de ce prix, occupe largement le jury, prend le relais de Fibois, édite un ouvrage ramassé et centré sur les dix lauréats qui se lit comme une nouvelle expression de la communication filière.

PNCB 2025 Aménagement extérieur. © Sophie Rodriguez
Il y a un thème pour tous les PNCB, Sources et Ressources : le "PNCB s’est donné l’objectif cette année d’explorer la manière dont l’architecture revient à ses fondamentaux et valorise les origines du matériau et son savoir-faire", explique le dossier de presse. Bien dit, mais difficile à comprendre, notamment "valoriser les origines du matériau". Cela n’a pas troublé la cérémonie, une nouvelle fois émouvante par le nombre d’acteurs des projets récompensés qui sont montés à Paris, après avoir sans doute déjà fait un certain trajet pour leur prix régional.

Arba a encore frappé : PNCB 2025 Habiter une maison, Le Kiosque à Caen. © Jérémie Lion
D’ailleurs, le thème du Prix national, Sources et Ressources, ne semble pas figurer dans les prix régionaux qui l’ont précédé, ce qui signifie que les représentants de la filière forêt-bois entourant en nombre un président de jury architecte Baptiste Manet disposaient finalement d’une masse de lauréats qui leur ont permis de faire leur choix selon ce mot d’ordre. Pour trois des huit prix thématiques, le choix se porte sur onze nominés ou finalistes, un peu moins pour les autres.
Baptiste Manet, agence Sapiens Architectes : le "jury du PNCB a souhaité mettre en valeur des réalisations audacieuses construites dans leur quasi-totalité en bois […] pour démontrer que la construction bois peut être déployée partout et s’intégrer avec une grande délicatesse et une grande beauté dans tous les environnements et à toutes les échelles […]". Voilà qui est plus limpide ! Le PNCB est un outil de communication de la filière forêt-bois au rayon construction bois.

Mention spéciale, L'heure du thé, Vannes. © Maxime Castric
Qu’on se rassure, il ne s’agit pas de décerner le prix au cubage ; tout de même, chaque projet lauréat est présenté en seconde page par des icônes dont la première est le cubage de bois consommé, et se termine par le coût du lot bois. En quatrième page, la rubrique caractéristiques résume les types de produit bois employés (structure, revêtement, menuiserie, isolation).
Les fournisseurs de bois, listés, sont fortement identifiés en fonction de leur certification Bois-de-France ou PEFC, qui cependant ne préjuge pas du caractère de gestion raisonnée et d’origine France des produits utilisés. Les explications des projets, elles, semblent pleinement aux mains des architectes.

Une distinction de plus pour cet ouvrage et Philippe Madec, qui fait entrer la Frugalité à Paris : PNCB25 Réhabiliter un équipement. © Pierre Yves Brunaud
Le catalogue est rondement mené, centré sur de grandes images avec chaque fois un croquis. Ce 14e tome du PNCB est du bon travail. Quant au choix des lauréats, on ne peut qu’applaudir. En catégorie "Réhabiliter un logement", le Moulin du bois de Saint-Herblain est certes un peu fruste mais l’architecte Floret-Scheide, spécialiste de la rénovation sérielle de façade, ne peut modifier la trame de bâtiment d’habitation sociaux de la grande époque, et prend soin de les doter systématiquement de balcons.

PNCB 2025 Réhabiliter un logement, Moulin du bois, Saint-Herblain, sans doute l'opération techniquement la plus poussée du lot de lauréat. © Ivan Mathie
Dans la catégorie "Réhabiliter un équipement", la médiathèque James Baldwin et maison des réfugiés par l’agence Associer (Philippe Madec) s’impose logiquement, enfin… sur douze finalistes dont les agences Tracks, Johanne San et surtout l’emblématique Cèdre, extension à Paray-le-Monial par l’agence Herrgott&Farasbosc actuellement en mue septentrionale pour redémarrer sous le nom d’Apanajhe.

Une de plus également pour Pavillon Jardin d'Atelier du Pont, PNCB 2025 catégorie Travailler/Accueillir © Fred Delangle
Les deux catégories Réhabiliter portent la griffe de Dominique Gauzin-Müller, longtemps parraine de l’événement. Le terme réhabiliter est choisi par les Frugaux plutôt que rénover. De toute façon, la mouture 2025 du PNCB est très frugale, avec des projets terre crue à Biganos et Aucamville, de la ventilation naturelle, des petites opérations sympa comme Le kiosque à Caen ou L’heure du thé à Vannes, une petite folie de Pyrénées charpentes pour Collection Architectes à Tupin-et-Semons (69).
Le pôle Petit Enfance Périchaux de Guillaume Ramillien s’impose dans la catégorie star "Apprendre, se divertir" qui couvre les écoles, rubrique sans doute la plus bataillée. Pour les lieux de travail, Pavillon Jardin d’Atelier du Pont rafle encore une récompense.

PNCB 2025 mérité et très difficile à décrocher, pour la catégorie Apprendre/Se divertir, Pôle petite enfance, Paris Périchaux. © Pascal Amoyel
Comme à chaque édition, le palmarès et le catalogue du PNCB donne une envie de bois. Tous les ouvrages sont estampillés livrés en 2024 (sauf l’heure du thé 2023) mais les vraiment nouveaux (si ce n’est qu’ils ont été présentés au Forum International Bois Construction en février dernier) sont la crèche Périchaux, l’opération Aquitanis et agence DLA de Biganos et le Grand Prix du groupe scolaire Aucamville par 360° Architecture. Dans le jeu des 14 Tomes, celui de 2025 tient bien sa place. Dans le dossier de presse, chaque Prix est justifié.

PNCB 2025 Aménagement Intérieur pour la restauration de la chapelle des Ursulines. © Jean-François Mollières
Produit emblématique de la communication filière, ce PNCB 2025 fait le choix assumé de ne pas mettre en avant les performances environnementales des projets. Pourtant, les critères d’appréciation sont :
– qualité architecturale et insertion paysagère ;
– Qualité environnementale et performance énergétique ;
– Performance technique du bois ;
– Utilisation de la ressource française/locale de bois issu des forêts gérées durablement ;
– Créativité et innovation ;
– Et, enfin, eproductibilité.
Le catalogue ne montre ni ne cite sinon dans les textes des architectes les autres matériaux, l’intelligence constructive qui dépasse le matériau bois, et exhibe le bois à un moment où la nouvelle réglementation incendie va l’encoffrer, où le marché force à la mixité. Il fait rêver et en plus, c’est un rêve éveillé, il inspire, ce qui est son rôle, mais ne nous dédouane pas de la réalité où ce type de recours au bois reste une niche de plus en plus assiégée.

Catégorie maîtresse, Habiter ensemble, attribuée dans le PNCB 2025 à Terra@Sylva Boioennes (Aquitanis, DLA...), Biganos. © Ivan Mathie
Tout sur le Forum Bois Construction
Le Prix National de la Construction Bois, décerné annuellement depuis 2012, n’a cessé d’évoluer tout en conservant ses invariables spécifiques, et décerne enfin un Grand Prix : le groupe scolaire Rosa Bonheur.