"J’aime l’industrie, j’y ai consacré toute ma carrière !" sont presque les premiers mots prononcés par Bernard Fontana, ingénieur de l'armement de 64 ans, bon connaisseur de l'industrie et du nucléaire, devant l’audition au Sénat, ainsi qu'en témoigne son parcours professionnel (Holcim, ArcelorMittal, Framatome). Désormais, c'est au poste de PDG d'EDF qu'il devra, sous le regard attentif de l'État actionnaire, poursuivre le vaste chantier de la relance du nucléaire tout en proposant des prix de l'électricité abordables.
Le mandat du nouveau PDG d'EDF est de quatre ans. Il prendra fin à l'issue de l'assemblée générale prévue le 31 décembre 2028, comme l'avait indiqué EDF dans un communiqué de presse. Bernard Fontana succède à Luc Rémont, congédié par l'Élysée fin mars après seulement un peu plus de deux ans de mandat, sur fond de différends entre l'ex-patron et l'État redevenu actionnaire unique de l'entreprise depuis juin 2023.
"J'aborde cette nouvelle responsabilité du groupe EDF avec humilité, écoute et engagement", a déclaré Bernard Fontana dans un mail adressé lundi 05 mai 2025 aux salariés, rappelant qu'il savait "bien les nombreux défis à relever".
Lors de son audition au Parlement, Bernard Fontana a exposé une feuille axée autour de six priorités :
– poursuivre en France le rétablissement de la production nucléaire, avec pour objectif d'augmenter la disponibilité du parc nucléaire français pour atteindre 400 TWh d’ici 2030, contre 361,7 TWh produits en 2024, déjà proche du maximum historique ;
– Maîtriser les coûts et délais du programme EPR2 : EDF devra fournir d’ici fin 2025 un devis et un calendrier précis pour la construction des six nouveaux EPR2 car une décision finale d’investissement est attendue au plus tard au second semestre 2026, pour une mise en service avant fin 2038. Fontana insiste sur la capitalisation des retours d’expérience ;
– Sécuriser les projets d'éolien en mer déjà attribués en France ;
– Produire "une électricité bas carbone compétitive au service de l'ensemble des consommateurs français et en particulier des entreprises industrielles françaises qui en ont le plus besoin pour rester elles-mêmes compétitives" ;
– Relancer les investissements dans l’hydroélectricité, un secteur en attente depuis près de quinze ans qui ne pourra se débloquer qu’à condition de trouver un accord avec la Commission européenne ;
– Et, enfin, assurer la soutenabilité financière du groupe (Bernard Fontana entend maintenir le ratio d’endettement à moins de 2,5 fois l’EBITDA).