Après le vote d'un moratoire sur l'éolien et le photovoltaïque, c'est la sidération

Vote d'un moratoire sur les installations éoliennes et photovoltaïques. © Freepik

L'Assemblée nationale approuve un moratoire sur l'éolien et le photovoltaïque : Sandrine Rousseau promet "du sang et des larmes" et Marc Ferracci dénonce une mesure "parfaitement irresponsable".




Après le vote de la réouverture de la centrale nucléaire de Fessenheim, l'Assemblée nationale a approuvé ce jeudi 19 juin 2025 un moratoire sur le développement de nouvelles installations éoliennes et photovoltaïques, une décision vivement critiquée par le gouvernement et consécutive à un vote conjoint de la droite et de l'extrême droite face au reste de l'hémicycle et en l'absence de la majorité des députés de gauche et du bloc central.

Plus tôt dans la journée, l'Assemblée avait approuvé un objectif de production d'énergie renouvelable pour 2030, donnant son feu vert à un amendement de la députée socialiste Marie-Noëlle Battistel (Isère) prévoyant que sur les 560 térawattheures (TWh) d'électricité décarbonée qui devront être produits en 2030, "au moins 200" devront être "issus de sources renouvelables".

 

 

 

 

L'Assemblée nationale approuve un objectif de production d'énergie renouvelable pour 2030

Les députés ont approuvé un amendement de la députée socialiste Marie-Noëlle Battistel, puis l'article auquel il se rattachait, prévoyant que sur les 560 térawattheures (TWh) d'électricité décarbonée qui devront être produits en 2030, "au moins 200" devront être "issus de sources renouvelables". Le texte, qui fixe comme objectif de porter la part d'énergie décarbonée à 58 % au moins de la consommation finale brute d'énergie en 2030, ne précisait initialement pas la part laissée au renouvelable, au grand dam de la gauche, pour qui le risque était d'augmenter encore celle du nucléaire.

L'amendement de Marie-Noëlle Battistel, qui a reçu un avis de sagesse du rapporteur du texte Antoine Armand (Renaissance) et du gouvernement, a été adopté avec les voix de tous les groupes, contre le RN et ses alliés ciottistes de l'UDR.

La gauche, PS compris, a regretté que les amendements suivants, visant à donner des objectifs chiffrés par filière (éolien, hydraulique, solaire, etc.), n'aient pas été retenus.

 

Pour le socialiste Karim Benbrahim (Loire-Atlantique), ici en photo, le "texte a été vidé totalement de sa substance dans ses ambitions dans le développement des énergies renouvelables. En supprimant tout objectif sur le développement de ces énergies, on envoie un signal extrêmement mauvais aux industriels de la filière", protestant que 200 TWh pour le renouvelable, "c'est une simple soustraction entre l'objectif de production d'énergie au niveau national, 560 TWh, et l'objectif de production d'énergie nucléaire". © Wikipédia

 

 

EDF prévoit de produire entre 350 et 370 TWh d'énergie nucléaire en 2025 et 2026, selon ses projections de janvier. Marc Ferracci, ministre de l'Industrie, a déclaré préférer ne pas inscrire d'objectifs chiffrés dans la loi, afin de "garder la possibilité d'ajuster ces objectifs en fonction de l'évolution des techniques industrielles, [...] des consommations, [...] du marché".

 

 

 

Un "suicide collectif" ?

Cet amendement du député de l'Orne Jérôme Nury (LR) a été adopté lors de l'examen de la proposition de loi "Gremillet" sur le futur énergétique de la France.

Face aux bancs dégarnis de la gauche et des groupes du bloc central (EPR, Horizons, MoDem), les voix de la droite et de l'alliance d'extrême droite RN-UDR l'ont emporté. Le rapporteur du texte Antoine Armand a demandé une suspension de séance après le vote, déplorant dans cette décision une "catastrophe économique et industrielle" et en imputant la responsabilité à la droite.

À la reprise, les orateurs PS, écologiste et LFI se sont succédé pour dénoncer ce vote et demander le retrait du texte :

– "On vient d'assister [...] au sabotage délibéré, organisé par un parti du gouvernement, contre le gouvernement, contre l'intérêt du pays", a pointé le député LFI Matthias Tavel ;

– "C'est dévastateur", a commenté plus tard le ministre de l'Industrie Marc Ferraci, précisant que ce "qui a été adopté, je le dis avec gravité, avec solennité, est parfaitement irresponsable [...] Chacun assumera ses responsabilités."

 

Après plusieurs suspensions de séance, Antoine Armand a rejeté la demande de retrait du texte formulée par la gauche, se disant en désaccord avec "l'idée selon laquelle, parce que la représentation nationale vote un amendement avec lequel on est fondamentalement en désaccord, on devrait [...] arrêter d'examiner un texte". Il a interpellé les LR sur la dissonance entre ces deux votes, demandant une "clarification" de la position du groupe présidé par Laurent Wauquiez.

Vendredi, la députée écologiste Sandrine Rousseau s'est indignée dudit vote, y voyant un "suicide collectif". 

 

 

 

Ça va saigner (et pleurer) !

"Ce qui se passe depuis quelques jours est incroyablement dangereux", a regretté Sandrine Rousseau sur RMC, "c'est une forme de suicide collectif que nous organisons", a-t-elle ajouté, évoquant "quelque chose de psychologique" dans ce "refus de voir le défi écologique".

 

"Les scientifiques n'arrêtent pas de nous alerter de mille et une manières et en fait, on prend toutes les décisions absolument contraires", a regretté Sandrine Rousseau, ici en photo. Alors qu'une grande partie de la France entre dans une période de canicule, "dans l'hémicycle, on fait triompher le climatoscepticisme", s'est-elle indignée. © Greenbox / Wikipédia

 

 

Paraphrasant en partie Winston Churchill, le labeur et la sueur en moins, Sandrine Rousseau promet "du sang et des larmes" sur cette question, assurant de sa volonté de "nous battre pour qu'on prenne le virage qu'on a à prendre, qu'on soit à la hauteur de nos responsabilités, ça suffit cette irresponsabilité, ça suffit ce comportement d'adolescents qui ne veulent pas regarder le problème en face".




Source : batirama.com / AFP / Laure Pophillat / © Freepik

L'auteur de cet article

photo auteur Laure Pophillat
Après un doctorat en Littérature française, puis un passage de quelques années dans l'enseignement (du français, notamment aux Compagnons du Devoir et du Tour de France), Laure Pophillat s'est tournée vers la rédaction web, ainsi que le journalisme. Curieuse, éclectique et investigatrice, tous les thèmes pertinents (et donc passionnants) l’intéressent !

Aujourd'hui rédactrice en chef du bimédia Batirama, elle oriente la ligne éditoriale vers un large spectre de sujets couvrant l’entièreté de la filière bâtiment et construction, avec une prédilection pour les portraits de femmes et d’hommes engagés, inspirés et inspirants, dans un environnement, celui du BTP, toujours en mouvement.
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