Las d'attendre des mesures de soutien du secteur immobilier depuis plus d'un an, Jean-Christophe Repon, le président de la Capeb, le syndicat des artisans du bâtiment, a alerté jeudi 12 décembre 2024 sur un "ras-le-bol qui monte" dans la filière BTP, fragilisée par la crise immobilière.
En 2024, les 620 000 entreprises artisanales du bâtiment, représentant 97 % du secteur, ont formé 60 000 apprentis et accueilli 115 000 stagiaires, assurant ainsi une part importante de la formation professionnelle dans le bâtiment, indispensable à la pérennité des métiers et des entreprises. Elles ont également préservé leurs 520 000 emplois. Par ailleurs, elles ont aussi contribué aux objectifs de rénovation énergétique des logements (plus de 172 000 gestes simples réalisés au 30 septembre 2024) et ont maintenu une activité de proximité (40 % du chiffre d’affaires du bâtiment et 50 % des travaux d’entretien-amélioration).
Dans un contexte d’exaspération croissante des entreprises artisanales du bâtiment, la Capeb monte au créneau et interpelle les responsables politiques quant à leurs responsabilités en lançant une action coup de poing avec sa campagne "Nous prenons nos responsabilités. Et vous ?".
Car, en effet, le projet de budget 2025 pénalisait l’apprentissage, essentiel pour l’avenir des TPE du bâtiment et l’attractivité des métiers, et impactait l’activité des entreprises artisanales du bâtiment en matière de rénovation énergétique. De fait, la Capeb appelle à l’adoption d’un budget 2025 responsable qui prend en compte les TPE du bâtiment et la concrétisation des mesures promises.
"Cela fait plus d'un an qu'on attend des arbitrages importants", notamment sur le soutien à la rénovation du bâti et pour l'apprentissage dans les petites entreprises du bâtiment, a déclaré à l'AFP Jean-Christophe Repon.
"À l'exception d'un décret positif signé à quelques heures de la démission du gouvernement Barnier en faveur de la stabilité du dispositif de MaPrimeRénov' en 2025, les propositions de bon sens présentées par la CAPEB pâtissent depuis plusieurs mois du climat d'incertitude engendré par la dissolution de l'Assemblée nationale", développe la Capeb dans son communiqué diffusé jeudi.
Son président vante des "propositions responsables" qui n'alourdissent pas le budget de l'État et ne sont pas "une demande de perfusion du secteur du bâtiment mais un accès au marché", avec, par exemple :
– des taux de TVA réduits,
– et plus de subventions pour la rénovation énergétique, qui génèrera de "l'activité et des recettes fiscales".
"Je suis usé de répéter nos revendications et d'être incapable de dire aux artisans si les sujets que nous portons avancent ou non", déplore Jean-Christophe Repon, ici en photo, rapportant un sentiment d'exaspération et d'incompréhension dans la profession. © Capeb
Au troisième trimestre, l'activité des artisans du bâtiment a reculé pour le cinquième trimestre consécutif, de 5 % par rapport à la même période de 2023. "Pour le moment, les carnets de commandes se maintiennent", précise Jean-Christophe Repon, mais "entre 7 000 et 9 000 emplois ont été détruits en 2023, alors qu'on devrait en créer", vu le contexte de forts besoins de rénovation énergétique. "Le nombre d'apprentis est actuellement environ 7 % inférieur à l'année dernière. C'est un signal fort du recul de l'activité : les entreprises décident de ne pas embaucher d'apprentis car elles ne peuvent pas se projeter à dans deux ans", souligne le représentant des artisans du bâtiment.
Dans ce contexte des entreprises mettent la clef sous la porte : entre novembre 2023 et octobre 2024, 14 214 défaillances d'entreprises ont été dénombrées par la Banque de France dans la construction, dont 14 121 sont des PME.
Evolution et valorisation des métiers du BTP
Las d'attendre des mesures de soutien du secteur immobilier depuis plus d'un an, le président de la Capeb alerte sur un "ras-le-bol qui monte" dans le secteur, fragilisé par la crise immobilière.