Formation dans les Hauts-de-France : quelle évolution pour répondre aux enjeux de demain ?

Le campus BSEI 3.0 HDF regroupe 32 structures formatives publiques et privées. © Emilie Wood

L’adaptation de l’offre de formation aux évolutions des métiers à l’heure de la décarbonation est une déclinaison majeure du thème dominant du salon : construire et rénover à l’heure de la décarbonation.




Quelles sont les actions du Campus BSEI pour une formation des enseignants et des apprenants dans les Hauts-de-France en phase avec la réalité environnementale et économique ? Ingrid Zielinski, la directrice opérationnelle du Campus des métiers et qualifications Bâtiment et Systèmes Energétiques Intelligents, répond à nos questions.

 

Ingrid Zielinski, directrice opérationnelle du Campus des métiers et qualifications Bâtiment et Systèmes Energétiques Intelligents. © Campus BSEI

 

 

L'interview

 

E.J : En ce qui concerne les métiers du second œuvre, comment la préoccupation de la filière sur l’évolution des métiers se traduit-elle au sein du Campus ?

I. Z : Le campus BSEI 3.0 HDF regroupe 32 structures formatives publiques et privées, des institutionnels et des acteurs économiques ; il est soutenu par la FFB et la CAPEB et est subventionné, en partie, par la région des Hauts-de-France. Son objectif est de faciliter la relation entre le monde de l’école et celui de l’entreprise, pour répondre aux problématiques d’emploi et de compétences dans cette filière souvent en tension.

Nos actions concernent tous les publics : les apprenants en formation initiale et continue, en reconversion professionnelle et en apprentissage, mais aussi les enseignants et les salariés d’entreprises.

Nous n’avons pas encore mis en œuvre de formations radicalement nouvelles car il faut d’abord former les formateurs mais nous “colorons” des formations existantes.

Par exemple, notre CAP de maçon va intégrer à moyen terme des notions sur les éco-matériaux. En partenariat avec la Capeb Hauts-de-France et des fournisseurs de matériaux, nous accueillons ce printemps une formation commune à des enseignants et à des professionnels sur le béton de chanvre, dispensée au lycée Jacques Le Caron d’Arras.

 

 

E. J : Comment les formateurs et les apprenants sont-ils sensibilisés aux questions de décarbonation et d’impacts des pratiques et des produits sur l’environnement et la santé-sécurité ?

I. Z : Pour ce qui est de la sécurité et de la santé au travail, nous avons un partenariat avec l’OPPBTP, qui met à disposition beaucoup d’outils pédagogiques, notamment au travers de sessions digitales ludiques.

Sur la décarbonation de la construction, le Campus organise des séminaires et des formations pour les enseignants, qui par ailleurs seront 500 dans les Hauts-de-France à se former sur ce sujet via le dispositif national FEEBAT. Ces enseignements théoriques seront ensuite intégrés dans les référentiels et forcément dans le transfert de compétences.

La sensibilisation des enseignants et des élèves se fait aussi par le biais du dispositif de l’Engagement pour le Renouveau du Bassin Minier, au travers d’un futur projet de chantiers écoles, utilisant des techniques nouvelles et des éco-matériaux et matériaux issus de notre patrimoine, comme la terre de terril.

 

 

E. J : Quels sont les outils pour faire évoluer les pratiques ?

I. Z : Enseignants et élèves ont l’occasion de découvrir des techniques et des produits pendant les visites organisées dans les entreprises. Le rôle des premiers est de transformer l’attendu du geste professionnel en contenu pédagogique pour les seconds.

La réforme de la voie professionnelle nous permettra de créer dès 2025 des formations débouchant sur des certificats de spécialisation adaptés aux besoins. En parallèle, nous travaillons à l’élaboration d’une formation de pose et maintenance des PAC. La collaboration engagée avec les entreprises, les organisations patronales et Constructys permettra de l’adapter au plus juste aux besoins des professionnels.

Certes les référentiels de diplôme n’évoluent pas aussi vite que les métiers ! Néanmoins, il est possible à hauteur d’environ 25 % des contenus d’adapter les référentiels aux besoins des entreprises, ce dont nous ne nous privons pas.

Il nous arrive aussi de créer des parcours sur-mesure, avec et pour des entreprises, qui sont des formations qualifiantes et/ou de proposer des titres professionnels plus souples quant à l’adaptation.

 

 

 E. J : La forme des enseignements évolue-t-elle ?

Oui, avec des enseignements parfois hybrides. L’essentiel des apprentissages se fait en présentiel, pour maîtriser le geste professionnel. Mais une partie des prérequis peut être dispensée à distance en fonction des thématiques. Cependant, les apprenants ont souvent besoin d’être accompagnés en temps réel pour acquérir des fondamentaux sur le numérique.

L’intervention de professionnels extérieurs se développe peu à peu. Par exemple, nous construisons avec la FFB HDF un projet “formateur un jour”, de coanimation d’une session de formation, par un enseignant et un expert dans un domaine spécifique. Il nous reste à formaliser ce projet et à en simplifier la gestion pour encourager les entreprises à adhérer à ce projet.  

Plus globalement, nous favorisons les passerelles entre établissements et entreprises. Des fabricants de chaudières, de panneaux photovoltaïques, etc., fournissent des matériels à nos plateaux techniques, qui deviennent des outils démonstrateurs sur lesquels peuvent être formés des techniciens d’entreprises. Inversement, nous mettons à disposition de petites entreprises des équipements perfectionnés financés par la Région. La volonté est de casser la frontière entre le monde de l’école et le monde économique pour bien former les professionnels de demain.

 

 

 

Les jeunes en action sur le salon

Nordbat est l’occasion rêvée de mettre en valeur des jeunes de la région et de montrer que beaucoup s’épanouissent et se projettent dans un parcours professionnel satisfaisant. Outre l’exposition de "chefs-d’œuvre", leur présence est manifeste sur le stand du Campus BSEI, réalisé par des élèves, sur lequel on remarque un “mur des pépites”, qui doit permettre de trouver dans le temps du salon un emploi à au moins dix femmes ayant suivi une formation dans le bâtiment.

Le Campus BSEI initie avec Constructys et le CORIF une table ronde sur la féminisation des métiers de la filière, qui devrait sonner les prémisses d’assises régionales de la féminisation de la construction.

32 élèves sont engagés dans la battle du geste professionnel, pour réaliser le futur emblème de Nordbat.

Au sein du salon, 20 jeunes réfléchissent aux métiers de demain.

Et sur une journée, 200 jeunes vont à la rencontre des professionnels, dans le cadre d’une épreuve du Trophée du Campus, qui se déroule sur le salon.

 



Source : batirama.com / Emmanuelle Jeanson

L'auteur de cet article

photo auteur Emmanuelle JEANSON
Collaboratrice de longue date de Batirama, elle est journaliste indépendante dans la presse pro du bâtiment et de l’énergie depuis ses débuts dans le métier (qui remontent à la dernière décennie du siècle dernier !). Ses sujets de prédilection : tout ce qui contribue à une construction plus soutenable ; les techniques anciennes remises au goût du jour ; les énergies renouvelables ; aller à la rencontre des artisans et de leur quotidien, mais aussi comprendre les enjeux de l’activité industrielle.
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