Pour réhabiliter le bâti ancien, chaque fois différent, il faut réfléchir et se former

Une maison à pans de bois de quatre niveaux à Strasbourg

Voici trois sources d’informations précieuses pour réhabiliter le bâti ancien : le CREBA, les guides ABC et BCD, les enseignements de la mise en œuvre pendant trois ans du label expérimental Effinergie Patrimoine.




Les techniques constructives du bâti ancien sont à la fois nombreuses et très régionales. Il est vain de tenter de synthétiser une méthode globale de rénovation du bâti ancien. Il existe bien la norme NF EN 16883 : "Conservation du patrimoine culturel – Principes directeurs pour l’amélioration de la performance énergétique". Mais clairement, personne ne la connaît.

 

En revanche, nous vous proposons trois sources d’informations sur la réhabilitation du bâti ancien : le CREBA, les guides ABC et BCD, les enseignements de la mise en œuvre pendant trois ans du label expérimental Effinergie Patrimoine.

 

Le CREBA, une mine d’information sur la rénovation du bâti ancien

 

CREBA ou Centre de Ressources pour la réhabilitation responsable du Bâti Ancien est le centre de ressources pour la réhabilitation responsable du bâti ancien. Il s’adresse aux professionnels du bâtiment (maîtres d’œuvres, architectes, bureaux d’études, artisans, prescripteurs, techniciens, experts, chercheurs…) et, plus globalement, aux acteurs de tout projet de réhabilitation, de rénovation énergétique ou de restauration d’un bâtiment ancien.

 

Le CREBA estime notamment que parmi les logements qui constituent le parc existant, environ 33% (soit plus de 10 millions) relèvent d’une typologie particulière, dénommée "bâti ancien". ©PP

 

 


Cette typologie recouvre l’ensemble des bâtiments construits avant le milieu du 20ème siècle, selon des techniques, des savoir-faire et des matériaux traditionnels (pierre, pan de bois, terre crue…). ©PP

 

Le bâti ancien, dit le CREBA présente des particularités constructives et un comportement hygrothermique très différent des constructions modernes. En particulier, sa forte sensibilité à l’humidité peut induire des risques de pathologie après une rénovation énergétique inadaptée (moisissures, condensation interne…).


Le CREBA propose trois séries de ressources pour mieux aborder la rénovation du bâti ancien :

  • 116 fiches d’études et des ouvrages, comme "L’humidité dans la construction : 12 enseignements à connaître" rédigé par l’AQC (Association Qualité Construction), la "Réhabilitation énergétique des bâtiments en tuffeau" par la DREAL des Pays de Loire, etc.
  • 16 retours d’expérience, intégrant à la fois des dimensions patrimoniales, énergétique et technique.
  • La charte de la réhabilitation responsable du bâti ancien, disponible sur le site du CREBA, décrit par le menu une méthodologie applicable pour préparer les opérations de réhabilitation énergétique sur le bâti ancien. Elle associe enjeux patrimoniaux, techniques, énergétiques et environnementaux. Bref, il faut la lire avant de se lancer.

 

Il est toujours possible et cela a été fait à plusieurs reprises de modifier un bâtiment ancien de manière non-irréversible pour améliorer. C’est le cas, notamment de la gare de Strasbourg. ©PP

 

Les guides ABC et BCD de Pouget Consultants

 

Pouget Consultants, avec EDF, l’Ademe et le CSTB a publié en 2016 "Le guide ABC : Amélioration thermique des Bâtiments Collectifs construits de 1850 à 1974".

 

Fruit d'une recherche menée en commun par des architectes et des thermiciens, cet ouvrage est un outil d’aide à la décision destiné aux acteurs de la rénovation énergétique qu’ils soient maîtres d’ouvrage publics ou privés, architectes, bureaux d’études ou entreprises. Richement documenté, ce guide, par son approche globale de l’amélioration des bâtis, sa classification des typologies de bâtiments selon les grandes époques de construction et ses coefficients pré-calculés des ponts thermiques, présente des solutions essentielles pour la réhabilitation performante et durable du bâti existant.

 

Dix ans après le guide ABC, les mêmes ont commis le guide BCD : "Bâtiments Collectifs Durable, rénover autrement". Ce guide ne se limite pas à un état de l’art, il rapporte des retours d’expérience, des innovations et apporte un regard prospectif. ©PP

 

Les deux guides ABC et BCD sont édité par EDIPA et disponibles ensemble pour 74,88 € HT.

 

Les enseignements du label expérimental Effinergie Patrimoine

 

Pendant trois ans de 2020 à 2022, le collectif Effinergie a expérimenté le label "Effinergie Patrimoine". Les enseignements tirés de cette expérimentation sont librement téléchargeables. On trouve notamment sur le site Effinergie, une dizaine de fiches portant sur diverses opérations de logements et de bureaux. Au total, 54 bâtiments se sont portés candidats pour cette expérimentation. Les dossiers de 21 d’entre-eux ont été examinés de manière approfondie, ils portaient sur des bâtiments construits entre VIIème et le XXème siècle. Neuf projets ont finalement été labelisés. Ils avaient un objectif commun : atteindre une réhabilitation énergétiquement performante, tout en préservant le patrimoine bâti. Plusieurs bâtiments ont atteint le niveau Effinergie BBC Rénovation 2022, soit 80 kWhep/m².an, modulés en fonction de la zone géographique et de l’altitude. Ce niveau de consommation en énergie conventionnelle est celui fixé par l’arrêté du 29 septembre 2009. Les règles du label BBC-Effinergie Rénovation exigent de plus un test de perméabilité à l’air à réception.

 

Dans le bilan de cette expérimentation, le Collectif Effinergie insiste sur plusieurs points :

 

  • les projets doivent être menés par une équipe qui à la fois pratique le dialogue et la collaboration, tout en rassemblant des compétences en énergie et en architecture, particulièrement en ce qui concerne la réhabilitation de bâtiments anciens.
  • Chaque projet est différent, les techniques constructives sont hyper-régionales : il faut acquérir une excellente compréhension du bâtiment à rénover et rester ouvert à toutes les possibilités techniques.
  • Une bonne appréhension du bâtiment sur les différents aspects à considérer est possible grâce aux études et aux diagnostics, notamment le diagnostic structurel qui identifie et analyse la structure du bâtiment et les contraintes qu’il subit ; ainsi que le diagnostic sanitaire permet d’établir l’état du bâtiment du point de vue notamment du développement fongique. Ces outils permettent de comprendre le bâti, mais aussi d’assurer le bien fondé des choix opérés pour la pérennité du bâti et la qualité de vie au sein de ces bâtiments.
  • La question de l’humidité et de sa gestion est récurrente sur les bâtiments existants.

 

Au cours de l’expérimentation Effinergie Patrimoine, le sujet de l’humidité n’a pas été suffisamment pris en considération, malgré les demandes des règles techniques du label expérimental qui stipulaient qu’une note sur l’équilibre hygrothermique devait être fournie. Cette note technique sert à prendre conscience du problème et de garantir qu’il est connu des acteurs du projet et a été étudié. ©PP

 

Chaux + aérogel de silice

 

Lors de la rénovation basse consommation de l'ancien presbytère de la commune de Brias construit en brique de terre cuite, en 1865, les effets induits par le choix d’un isolant mural ont été pris en compte. Les briques moulées main de cet ancien presbytère sont dotées d'une forte capillarité qui offre une gestion équilibrée de l'humidité dans les parois verticales. Pour maîtriser les défauts liés à l’ajout de matériaux inadéquats, un triple objectif a été appliqué pour le choix de l’isolation des murs. La solution envisagée a pour priorité d’être sans membrane pour faciliter la mise en œuvre, de faible épaisseur pour limiter les sujétions et hydrophile pour préserver la régulation de l’humidité.


Le choix s’est donc orienté sur la chaux adjuvantée à l’aérogel de silice, matériau innovant expérimenté depuis 2016 en France. Sur ce chantier, cette solution respecte les caractéristiques du bâti ancien en s’adaptant bien aux irrégularités d’un mur ancien et améliore sensiblement la performance thermique avec une épaisseur très réduite (6 cm) sans altérer la cohérence du mur.

 

Les menuiseries

 

L’autre point souvent difficile des rénovations dans le bâti ancien est constitué par les menuiseries. En premier lieu la question du vitrage se pose, souligne le Collectif Effinergie, car c’est l’un des éléments importants de la fenêtre.

 

Pour la performance thermique, c’est le double ou le triple vitrage qui pourrait être recherché, mais celui-ci, ou plus exactement les baies qui le supporte, ne s’accorde pas nécessairement à l’architecture du bâtiment. ©PP

 

 

Deux solutions existent pourtant : le vitrage Fineo sous vide et le double vitrage incorporant des protections solaires.

 

 

Fabriqué par AGC, FINEO est composé de 0,1 mm de vide entre deux plaques de verre. L’une des faces est composée d’une couche à faible émissivité. Il est disponible de 6 à 12 mm d’épaisseur. FINEO est composé de 0,1 mm de vide entre deux plaques de verre. L’une des faces est composée d’une couche à faible émissivité. Il est disponible de 6 à 12 mm d’épaisseur. FINEO atteint un coefficient d’isolation thermique de 0,7 W/(m²K). ©AGC

 

 

Ensuite, Fineo laisse passer 80% de la lumière du jour, soit 15% de plus que le triple vitrage. Ses performances acoustiques sont importantes : il réduit les nuisances sonores d’environ 10 dB comparé à un double vitrage. Une baisse de 10 dB se traduit en un bruit deux fois moins important pour les occupants. Il est également disponible en version acoustique avec des performances encore plus élevées : Rx (C;Ctr) de 36 dB (-2 ;-3), atténuation des bruits extérieurs de 33 dB, tout ça pour une épaisseur de 10 mm seulement.

 

Le verre Immoblade Ministore d’Immoblade est un store miniaturisé fixe, directement intégré dans un double vitrage, incliné de façon optimale pour optimiser la protection solaire. Cette solution minimise l’encombrement de l’ensemble vitrage + protections solaires. ©PP



Source : batirama.com / Pascal Poggi

L'auteur de cet article

photo auteur Pascal Poggi
Pascal Poggi, né en octobre 1956, est un ancien élève de l’ESSEC. Il a commencé sa carrière en vendant du gaz et de l’électricité dans un centre Edf-Gdf dans le sud de l’Île-de-France, a travaillé au marketing de Gaz de France, et a géré quelques années une entreprise de communication technique. Depuis trente ans, il écrit des articles dans la presse technique bâtiment. Il traite de tout le bâtiment, en construction neuve comme en rénovation, depuis les fondations jusqu’à la couverture, avec une prédilection pour les technologies de chauffage, de ventilation, de climatisation, les façades et les ouvrants, les protocoles de communication utilisés dans le bâtiment pour le pilotage des équipements – les nouveaux Matter et Thread, par exemple – et pour la production d’électricité photovoltaïque sur site.
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