La situation s'annonce "moins favorable" pour le marché du bois cette année, en raison d'une conjoncture économique plus difficile, a prévenu vendredi l'Office national des forêts (ONF).

"Le contexte international et la récession économique qui s'annonce font craindre une année 2023 plus difficile, avec une baisse de l'activité économique et des prix, notamment sur les résineux", estime l'Office national des forêt (ONF) dans sa 10ème note de conjoncture publiée vendredi 17 février.

 

2022, une année faste pour l'industrie du bois

 

Avec une hausse de la demande comme des prix, l'industrie du bois a bénéficié d'excellentes conditions en 2022, bien que la fin de l'année soit contrasté : ainsi les prix de vente des bois feuillus augmentent - surtout le chêne et le hêtre. Le bois de palette et d'emballage sont également dans cette situation. Cependant, les prix des bois résineux de construction chutent déjà à l'international, bien que la demande locale soit encore présente. 

 

En 2023, la situation devrait changer. La conjoncture apparaît moins favorable avec des craintes de récession dans certains pays et une inflation qui pèse sur le pouvoir d'achat et augmente les coûts de production.

 

Réduction des volumes et baisse de prix attendu en 2023

 

"La crainte est celle d'un arrêt de la consommation. Aux États-Unis déjà, le nombre de constructions de logements neufs a chuté de 15 à 20%", remarque l'ONF. "Avec une baisse du bois de charpente de 69% en un an, les sciages américains retrouvent leur niveau d'il y a cinq ans, qui était très bas", a expliqué dans la note Benoît Généré, chargé du suivi des marchés du bois à l'Office.

 

"Nous nous attendons à une réduction des volumes et à une baisse de prix répercutée dans les contrats d'approvisionnement", a-t-il ajouté. L'an dernier, les ventes issues des forêts domaniales françaises, gérées par l'ONF, avaient profité de la conjoncture alors favorable, marquée par une forte demande. Ces ventes de bois avaient atteint 316 millions d'euros, en hausse de 21% par rapport à 2021, selon les chiffres de l'ONF.

 

Bois d'oeuvre (hors palettes) : stabilisation des prix à un "bon niveau"

 

La note de conjoncture de l'ONF indique que le prix du bois d'oeuvre (sciage, charpente, parquet) se stabilise malgré le ralentissement du secteur de la construction. Les chiffres officiels du Gouvernement indiquent que 376.000 mises en chantier ont été effectuées en 2022, soit 4% de moins en une année. Par contre on compte 482.000 permis de construire, 3% de plus que l'année précédente. 

Le nord du pays reste consommatrice de ces bois, tandis que sa consommation est en chute au sud du pays.

On note que le marché de la rénovation, grand utilisateur de bois, est porteur avec 1,1 million de transactions de logements anciens en un an.

L'exportation de grumes depuis la France augmente : +61% sur le chêne, +24% sur le hêtre et +7% sur les résineux, de décembre 2021 à novembre 2022.  L'exportation de bois de sciage depuis la France augmente également : +24% pour le hêtre, +18% pour le chêne et +4% pour les résineux. 

L'exportation de tonneaux en bois de chênes à merrain est en plein essor : 507M€ de tonneaux ont été exportés, soit une augmentation de 33%, à la fin novembre 2022.

 

Bois d'industrie et palettes

 

Le conflit ukrainien a perturbé le marché du bois de palette, mais cela a bénéficié au bois français. L'indice de prix, à la hausse, semble se stabiliser. "Pour répondre à une forte demande, les résineux et le hêtre destinés aux palettes se sont négociés au prix du bois de menuiserie, une situation inédite" indique l'ONF.

Le prix des panneaux, quant à lui, s'est stabilisé à un haut niveau. Cependant la tendance est à la baisse en Allemagne, ce qui laisse présager, selon l'ONF, une baisse prochaine du bois de panneau en France.

Pour le papier-carton, bien que la demande mondiale soit forte, cela ne bénéficie pas au marché français, aux prix trop élevés. C'est la Chine et le Brésil qui affichent les prix les plus bas et dominent ce marché.

 

Bois énergie

Aux vues de l'explosion des prix de l'énergie et de l'attribution de primes à la rénovation pour les équipements à granulés, le marché du bois énergie s'est épanoui. En dehors des granulés, le kWh produit par le bois énergie est, selon les produits, de 3 à 6 fois moins cher que l'électricité, en prenant en compte le bouclier tarifaire. Ainsi, la demande a fortement augmenté et le prix des granulés a plus que doublé en un an et demi. Pour y palier, les consommateurs se sont tournés vers le bois bûche.

Les plaquettes forestières restent les plus compétitives et les prix ont été stabilisées à un niveau bas.

 

Pour plus d'information, vous pouvez consulter la note de conjoncture de l'ONF.

Source : batirama.com & AFP/ Photo © -Rita-und-mit de Pixabay