La géothermie marine au service du projet Iconic au Cap d'Agde

La géothermie marine au service du projet Iconic au Cap d'Agde

Ce collectif situé au Cap d'Agde, en bord de mer méditerranée, est l'un des premiers en France à utiliser la géothermie marine pour son réseau de chauffage et de refroidissement. (Photo © E.Wood)




Situé au Cap d'Agde, en bord de mer méditerranée, un collectif impressionnant qui comporte 230 logements, une résidence de tourisme de 105 unités, une résidence services senior de 95 logements et de multiples commerces est en train de sortir de terre depuis octobre 2020.

 

 

Transformant le paysage urbain de la station balnéaire sur une surface de 7 hectares, les quatre bâtiments arrondis du projet "Iconic", dessinés par l'architecte Jean-Michel Wilmotte et conçus par l'entreprise Kaufman & Broad, ont notamment reçus en septembre 2021 deux grands prix de l’immobilier: le prix "services" et le prix "esthétique architecturale".

 

 

Le projet, situé à quelques pas du port du Cap. © Wilmotte & Associés Architectes

 

 

Mais c'est pour son utilisation de la géothermie marine, une technique encore très peu utilisée en France, que nous avons souhaité vous parler de ce projet.  

 

 

Le site du ministère de la Transition écologique définit la géothermie comme une technologie qui permet de produire différents types d'énergie en fonction de la température puisée dans le sous-sol. En fonction des calories captées, l'eau chaude est valorisée pour des installations de chauffage à usage des maisons individuelles et des bâtiments, ou pour la production d'électricité. "C'est une énergie renouvelable, source d'indépendance énergétique et à faible émission de gaz à effet de serre", précise le site.

 

 

Les calories de la mer pour créer un réseau de chaud et de froid

 

 

La géothermie marine quant à elle, va pomper en mer une eau dont la température est relativement stable, autour des 10-12°C en hiver, et 22°C en été.  Cette température est idéale pour efficacement réchauffer les réseaux pendant l'hiver, et au contraire les refroidir pendant l'été, surtout dans le sud de la France où les températures en juillet et août sont fréquemment caniculaires. Le but de l'opération est bien entendu de fournir une solution de chauffage et de rafraichissement à moindre coût et surtout, à moindre impact environnemental, sans émission de CO2. 

 

 


© Engie

 

 

En France métropolitaine, on ne compte à l'heure actuelle que deux projets utilisant la géothermie marine : Thassalia a été la première centrale française de géothermie marine, conçue par Engie à Marseille, inaugurée en octobre 2016, et le projet Iconic au Cap d'Agde, en cours de construction, qui bien que plus modeste en taille pourrait bien devenir un modèle pour de nombreuses villes situées en bord de mer. Un autre projet similaire serait actuellement en cours de construction à Sète.

 

L'eau de mer est captée à 310 mètres de la centrale géothermie, et rejetée à la mer à 500 mètres de la centrale. © E.Wood

 

 

Le système mis en place au Cap d'Agde permet d'aller chercher l'eau de mer dans le port du Cap d'Agde, à seulement quelques centaines de mètres au large et à environ 3 mètres de profondeur, où elle alimentera des échangeurs thermiques reliés aux thermo-frigopompes et groupes froids dans la centrale de géothermie. L'eau de mer, en circuit fermé, est ensuite renvoyée vers la mer à 500 mètres de distance de la centrale. L'eau qui a été réchauffée ou refroidie dans cette centrale est ensuite redirigée vers les quatre bâtiments du projet avant d'être redistribuée vers les différentes habitations. Une chaudière collective gaz et un système de pompes à chaleur collective viennent compléter l'installation afin de garantir une continuité de service en toute circonstance.  

 

 

Les locaux thermo-dynamiques sont situés en sous chaque bâtiment. © E.Wood

 

Les ventilo-convecteurs situés dans les faux-plafonds. © E.Wood

 

 

Dans chaque appartement, le système de refroidissement et de chauffage est dissimulé dans les faux-plafond, en ventilo-convecteurs, et un flux d'air chaud ou froid est diffusé dans les pièces via une ventilation au plafond. La salle de bain est cependant équipée d'un sèche-serviette chauffant afin de mieux gérer les besoins en chaleur dans cette pièce en particulier. 

 

 

L'installation pourra potentiellement chauffer et refroidir une partie du quartier, en plus des bâtiments déjà prévus, notamment le Palais des Congrès, le Centre superviseur urbain, l'office du tourisme et potentiellement d'autres structures proches. Au total, 29 000 m2 de résidentiels seront desservis à terme, ainsi que 11 000m2 de bâtiments tertiaires pour une économie de CO2 estimée à 11 300 tonnes sur 30 ans.

 

 

Le chantier début février 2022. Photo © E.Wood

 

 

Le coût total de l'opération ne nous a pas été révélé, mais on sait que le coût total de la centrale Thassalia à Marseille a avoisiné les 35 millions d'euros selon nos confrères du site Connaissance des énergies, avec un réseau urbain de chaleur et de froid de 3 km d'une capacité totale de 19 MW. Au Cap d’agde, le réseau urbain est d’environ 800 mètres de long (hors tranchées de captage d’eau de mer) et la puissance de la thermofrigopompe est de 500 kW pour le froid, 700 kW pour le chaud, sans oublier les puissances de chauffage des trois chaudières d’appoint (600 kW chacune, soit 1800 kW en totalité) et les puissances de trois groupes froids air/eau de 850kW, 850 kW et 400kW soit 2100 kW en totalité.

 

 

Prix "services" dans la catégorie Smart Building

 

 

Afin que les économies d'énergies ne se limitent pas au type de chauffage et de climatisation utilisé, le maître d'ouvrage Kaufman & Broad a également conçu une application dédiée afin d'aider les habitants à réduire leurs consommations d'énergie et de faciliter les relations de voisinage. Cette application lui a valu le prix « services » dans la catégorie Smart Building lors de la cérémonie des Grands Prix de l'Immobilier le 15 septembre 2021. L’application, qui sera disponible sur téléphone pour les habitants, est développée par Engie a l’heure actuelle. Elle permettra aux habitants de suivre leur consommation, d’obtenir des alertes en cas de fuite, des informations sur les coupures et permettra d’établir un lien entre les voisins et le syndic. 

 

 

Encore un peu de patience est demandé aux futurs habitants, dont certains ont déjà réservé leur lot dès 2017 : la construction a pris un peu de retard, notamment en raison de la pandémie de Covid-19 qui a par périodes durement affecté les équipes (une centaine de travailleurs sont actuellement tous les jours sur le chantier). La tranche 1 devait être livrée entre mars et juin 2022, les premiers habitants seront en mesure de s'installer plutôt vers la fin juin 2022. La tranche 2 quant à elle est encore en phase de gros œuvre, et ne sera livrée qu'entre mars et juin 2023.

 

 

Un appartement témoin. Photo © E.Wood

Une fois fini, le projet comportera des terrasses privées ainsi que des terrasses communes, dont l'une avec piscine, pour la résidence de tourisme. © Boisseau

 

 

Kaufman & Broad s’est déclaré très satisfait par les ventes au sein de la résidence, qui concernent principalement des personnes souhaitant s’établir à l’année. Si le lieu vous tente, des appartements sont toujours disponibles à la vente : les studios à partir de 162 K€, les T2 à partir de 192 K€, les T3 de 266 K€ et les T4, 338K€.

 



Source : batirama.com / Emilie Wood

L'auteur de cet article

photo auteur Emilie Wood
Journaliste, photographe, vidéaste, Emilie Wood travaille depuis 2010 pour la presse, qu’elle soit professionnelle dans les domaines du BTP et de l’agriculture, ou généraliste. Pour Batirama, elle écrit sur des sujets aussi variés que la conjoncture BTP, l’évolution de la réglementation, la rénovation énergétique, les réformes, les innovations, ou encore l’actualité de l’immobilier. Elle apprécie particulièrement réaliser des portraits d’entreprises et révéler les femmes et les hommes qui, chacun à leur manière, font une différence, qu’ils soient entrepreneurs ou collaborateurs d’entreprise.
2 Commentaires
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  • par MDU
  • 08/04/2024 19:08:41

Agée de 76 ans, locataire à Iconic A, je suis sans chauffage (et clim) depuis Octobre 2023 après un court circuit provoqué par un technicien d'Engie. A l'heure actuelle , Engie est incapable de réinitialiser mon installation, et va m'obliger à lancer une procédure judiciaire pour pouvoir être dépannée . Il faut savoir que la Copropriété a déjà assigné Engie en Justice. A ce jour, impossible de connaître le coût que nous allons supporter pour cette géothermie et ceci après 17mois d'utilisation.

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  • par jipidi
  • 22/04/2023 10:17:07

Il faut arrêter de se moquer du monde ! La géothermie marine n'est pas en fonction après un an de réception des appartements. La chaudière fonctionne à plein temps alors qu'elle devrait être de 23% en appoint et la géothermie de 77%. A ce rythme, il faudra changer les résistances d'ici 3-4 ans au frais des copropriétaires bien sûr. De plus, nous ne connaissons pas le montant de nos consommations. L'application fournie par Engie ne nous donne aucune information sur ce sujet. En supplément, il faut payer la maintenance du réseau primaire (de la chaudière à la pompe en mer) et ce, pour un coût de presque 7 euros par m² d'appartement pendant 30 ANS et ce uniquement pour Iconic A. S'ajoute à cela les coûts de maintenance pour Iconic B, C, Casino, Poste de police, Palais des Congrès et futur hôtel). Dur dur !!!

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