Christine Petiteau : l’ascension pas à pas d’une dirigeante d’entreprise

Christine Petiteau : l’ascension pas à pas d’une dirigeante d’entreprise

De l’entreprise familiale créée aux côtés de son mari à Saint-Barthélémy-d’Anjou (49) jusqu’aux instances de la Fédération française du Bâtiment, Christine Petiteau a accompli un beau parcours.




 

 

En 1986, Christine Petiteau et son mari établissent leur entreprise de bâtiment. Lui est électricien. Elle a un niveau CAP de secrétaire comptable. « J’avais 20 ans et je sortais de l’école. Il me fallait compléter mes bases pour aller plus loin en gestion, en management… » se souvient-elle.

 

L’entreprise se développe petit à petit. Elle accueille des apprentis à partir de 1987 « Je me suis initiée à la pédagogie pour pouvoir les encadrer. Puis, au fil des besoins, je me suis mise à faire le fiscal, le social, la gestion globale, le management… Aujourd’hui, je bascule vers le commerce » sourit Christine Petiteau dont l’aventure professionnelle suit pas à pas, marche après marche, l’évolution de l’entreprise.

 

2007 marque un tournant : la jeune femme entre au Centre des Jeunes dirigeants (CJD) de Maine-et-Loire. « Cela a été très formateur pour moi car j’ai côtoyé un grand nombre de chefs d’entreprise du bâtiment mais aussi appartenant à d’autres univers comme l’industrie, la restauration collective, l’informatique… La taille de leur entreprise était variable :  de un à 800 salariés.

 

 Le CJD a joué pour moi un rôle de levier. Il m’a également formée grâce à ses sessions de formation annuelles : cela m’a permis de parfaire mes connaissances au fur et à mesure de mon avancée dans la vie. »

 

 

Christine Petiteau co-dirige la société Petiteau : une équipe d’une vingtaine de salariés qui effectue des travaux d’électricité, de plomberie, de chauffage et de climatisation essentiellement chez les particuliers (70 % de l’activité) et chez les professionnels et le petit tertiaire (30 %). ©Noémie Petiteau - No'Design

 

Une ascension marche après marche

 

En 2008, Christine Petiteau grimpe une nouvelle marche en devenant la présidente du CJD 49, fonction qu’elle exerce jusqu’en 2009. « Au sein de cette association, vous gérez uniquement des chefs d’entreprise qui sont autant d’électrons libres : c’est très formateur en management. Cela m’a boostée. C’est aussi par ce biais là que j’en suis venue à co-diriger la Société Petiteau qui compte aujourd’hui 20 collaborateurs et génère 1,7 million d’euros de chiffre d’affaires. »

 

Durant la même période, Christine Petiteau prend également la présidence de l’Institut de Formation du Bâtiment des Pays de la Loire - fonction qu’elle occupe toujours - ce qui lui permet d’entretenir un lien avec les jeunes et tous les salariés qui se forment tout au long de leur parcours professionnel.

 

Bientôt, Christine Petiteau prend un mandat au niveau de la Fédération française du Bâtiment (FFB) de Maine-et-Loire. Elle entre au bureau. Et en 2017, elle remplit un nouveau mandat tout en gravissant une très haute marche : elle devient présidente nationale du groupe des femmes dirigeantes de la FFB. « Ce mandat a pris fin en 2020, au bout de quatre ans d’activités très riches qui m’ont mise en contact avec un très grand nombre de chefs d’entreprise du bâtiment » s’enthousiasme-t-elle.

 

 

Christine Petiteau en est convaincue : « Véhiculer l’image des femmes sur les affiches et les supports liés au Bâtiment montre que cet univers est à leur portée ».

 

Les femmes de plus en plus présentes dans l’univers du Bâtiment

 

Si elle concède que le Bâtiment demeure encore un milieu essentiellement masculin - « Je faisais partie du comité exécutif de la Fédération nationale de la FFB où siègent 13 personnes et nous n’étions que quatre femmes » - Christine Petiteau note tout de même un changement…

 

« Il y a une montée en puissance des femmes. Je me souviens qu’il y a une vingtaine d’années, la FFB avait exprimé la volonté d’intégrer davantage de femmes au sein des institutions, en tant qu’administratrices. On commençait à parler de parité. Aujourd’hui, on va les chercher pour leurs compétences. Et, d’elles-mêmes, elles viennent aussi frapper à la porte. Elles osent, avec beaucoup de légitimité, alors qu’elles n’osaient pas avant : elles prennent des mandats, des responsabilités au sein des institutions. »

 

Christine Petiteau remarque également que des femmes pilotent des entreprises : « C’est un phénomène plus récent mais qui devient très naturel. J’ai énormément de cheffes d’entreprise autour de moi qui reprennent des entreprises à la suite de leur père ou encore d’un oncle.

 

Reste que la place des femmes dans cet univers est inégale : les ouvrières sur les chantiers constituent seulement 1,6 % de l’effectif total. Mais le taux des femmes s’élève à un peu plus de 20 % dans les fonctions d’encadrement. Et du côté des employées, c’est encore mieux : 45 % de femmes exercent en tant que techniciennes, notamment dans les spécialités de métreurs ou de deviseurs. « La féminisation s’opère petit à petit mais tout à fait naturellement. Cela monte gentiment en puissance » souligne Christine Petiteau.

 

 

 

« Avec l’intelligence artificielle qui arrive, nous allons énormément améliorer la qualité du travail sur les chantiers. Nous aurons un jour des exosquelettes qui aideront à l’exécution des travaux : cela enlèvera de la pénibilité et incitera les femmes à s’intéresser au Bâtiment » anticipe Christine Petiteau.

 

Lever le frein des charges lourdes

 

Parviendra-t-on un jour à un point de bascule à travers la reprise d’entreprises ? « Si vous sous-entendez par-là la parité d’égal à égal, nous en sommes encore loin. Mais quand je constate l’engouement de la reprise d’entreprise par des femmes, qui ont une volonté de féminiser leurs équipes par la suite, je pense que dans les années à venir, nous aurons des collaboratrices ouvrières sur les chantiers. Les métiers du bâtiment vont se féminiser de plus en plus » pronostique Christine Petiteau.

 

Reste un frein à lever : celui des charges lourdes à porter sur les chantiers. « C’est la force qui manque aux femmes pour exercer certaines tâches. Mais les industriels se mettent à concevoir des paquetages beaucoup plus légers pour que les collaborateurs évitent de se casser le dos lorsqu’ils arrivent à un certain âge. Diviser les charges et multiplier les outils de levage et de transport sur les chantiers encouragera l’arrivée des femmes dans nos métiers » pointe Christine Petiteau.

 

Que faudrait-il faire pour que la vision des femmes change à propos du BTP, perçu très souvent comme “macho” ? Pour Christine Petiteau, l’une des clés se trouve dans la façon de communiquer : « Sur nos affiches, nous ne devons plus seulement montrer l’homme avec ses muscles et propager une image du Bâtiment liée à la robustesse. Les femmes ont aussi leur place sur les affiches publicitaires : en soi, c’est un levier. Je trouve qu’il y a beaucoup de métiers qui demandent de la finesse et qui peuvent tout à fait être accessibles aux femmes. En électricité, à partir du moment où l’on touche à l’architecture ou à la décoration, les femmes ont une plus-value à apporter ».

 

             

  

Une guerre des sexes par voie d’affiches ?

 

À ceux qui redouteraient une nouvelle guerre des sexes par voie d’affiches, Christine Petiteau adresse un message rassurant : « Il ne s’agit pas de mettre plus de femmes que d’hommes sur les affiches mais au moins autant. Il faut traduire la réalité de ce qui se passe sur les chantiers et dans nos entreprises aujourd’hui et ne pas se borner à des images ancestrales montrant l’homme se livrer à des travaux difficiles.

 

Aujourd’hui, nous avons des femmes qui encadrent les chantiers, on a des femmes en peinture, en électricité. On en a quelques-unes en plomberie. Nous en avons parfois - plus rarement - en couverture et en maçonnerie. Il faut montrer la réalité de ce qui se passe sur les chantiers : cela incitera les entreprises à ne pas avoir de frein pour embaucher des femmes. Et cela encouragera les femmes à se convertir ou à se former toutes jeunes à pratiquer ces métiers » conclut Christine Petiteau.

 

  

 

Pour en savoir plus 

 

Lire : Journée des droits de la femme : 5 femmes du BTP parlent du métier sans filtre

 


Source : batirama.com/ Jacques Le Corre

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