Covid-19 : la reprise des chantiers sera-t-elle possible avec l'accord signé ?

Covid-19 : la reprise des chantiers sera-t-elle possible avec l'accord signé ?

Publié samedi 21 mars, l’accord entre le Gouvernement la FFB, la FNTP et la CAPEB a été mal accueilli par les professionnels. L’avis du Conseil Scientifique attendu orientera les décisions.




Le Week-end a été fertile en rebondissements. Vendredi 20 mars, la FNBM (Fédération du Négoce de Bois et des Matériaux de construction) appelait à rouvrir les points de vente dès ce lundi 23 mars. Sur les réseaux sociaux, cet appel a été mal reçu par un grand nombre de points de vente.

 

Pourtant, le Président de la FNBM, a expliqué que cette décision résultait d’une négociation ardue entre les Pouvoirs Publics et les distributeurs membres de la fédération. Celle-ci a d’ailleurs publié un guide des Règles de sécurité sanitaires pour la réouverture ou continuité de l’activité des points de vente. Ces règles ne sont pas rassurantes, il ne sera pas possible de les appliquer partout et elle requièrent des réaménagements des locaux et des cours des négoces.

 

Ces consignes demandent de mettre à jour le DUER (Document Unique d’Evaluation des Risques) pour chaque entreprise, une absence totale de contact physique entre les personnes, le respect d’une distance de 1 m entre tous les interlocuteurs (clients, fournisseurs et collègues), le réaménagement des points de vente, tant la cour que l’intérieur des bâtiments, et une nouvelle organisation du travail sur le point de vente et pour les livraisons sur chantier.

 

Rouvrir les points de vente spécialisés

 

Naturellement, le document appelle à se laver les mains très régulièrement au savon ou au gel hydroalcoolique. Les vêtements de travail – chaussures de sécurité, chasuble de sécurité et vêtements de travail – devront être couvrants et portés seulement pendant le travail. En dehors des heures de travail, ils resteront à l’agence en « zone de décontamination naturelle » délimitée.

 

De manière très contraignante, ces consignes appellent à ne partager aucune fourniture -stylos, téléphones, etc. -, ni outil de travail. Les ordinateurs, tablettes, téléphones, talkies, chariots, camions, voitures, … doivent être utilisés par une seule personne. Le document recommande aussi le port du masque, sans les gaspiller, mais en les portant sans les enlever durant 4 heures, puis à les jeter une fois enlevés.

 

Les points de vente interdits aux particuliers

 

Les points de vente doivent être interdits aux particuliers, leur portail doit rester fermé et ils ne sont accessibles qu’aux professionnels et sur rendez-vous. Une affiche indique les conditions d’accès. Les show-rooms, libres services et accueil restent fermés. Les portes d’entrées sont bloquées en position ouverte afin que les clients ne touchent pas les poignées.

 

Au comptoir, une zone de courtoisie est aménagée entre le client et le comptoir. Toutes les fournitures – stylos, agrafeuses, etc. – sont enlevés des comptoirs. Chaque client doit avoir son propre stylo. Tous les distributeurs automatiques - café, eau boissons, etc. – sont mis hors service et une affiche l’indique clairement.

 

L’accès à la cour a lieu seulement sur rendez-vous, pour les clients professionnels et les fournisseurs. Une personne, chargée de la gestion du flux, ouvre et ferme le portail. Les emplacements de chargement et de déchargement sont clairement balisés, avec une distance de sécurité « significative » entre deux emplacements, si le point de vente accepte plusieurs véhicules à la fois.

 

Paiement par carte bancaire

 

Comme le personnel est invité à respecter une stricte distance de sécurité de 1 m, toute manutention qui ne le permet pas est proscrite. Un nettoyage systématique est effectué à chaque changement de poste : mains, téléphones, claviers, comptoirs exposés, etc. Ces interventions, indique le document, sont consignées dans un « document des horaires de nettoyage des postes de travail ».

 

Si le négoce accepte les règlements sur place, ce doit être exclusivement par carte bancaire. Le terminal de paiement doit être décalé sur un poste distinct, entouré d’une zone de 1 m matérialisée au sol. Le clavier du TPE est désinfecté après chaque client. Bref, ce ne sera pas simple.

 

Un accord pour poursuivre les chantiers

 

Puis, samedi 21 mars, 5 ministres et secrétaires d’Etat, publient le texte d’un accord avec la FFB, le FNTP et la Capeb, appelant à une reprise du travail au début de la semaine. Dire que ce texte a été globalement mal reçu serait un euphémisme, de multiples intervenants sur les réseaux sociaux soulignant le manque d’équipement (masques, gel, etc.), la contradiction avec l’injonction des Pouvoirs Publics, réitérée durant tout le week-end, de respecter beaucoup plus strictement les consignes de distanciation sociale et de confinement.

 

D’autres encore se demandent pourquoi, la poursuite des chantiers devient soudain vitale, alors que l’Etat, en tant que Maître d’Ouvrage, a demandé l’arrêt de ses propres chantiers, notamment celui de Notre-Dame de Paris. En Rhône-Alpes, le Conseil Régional a déjà fermé la totalité des chantiers dont il est Maître d’Ouvrage.

 

De nombreux dirigeants d’entreprise, José Borallo, directeur délégué de SRB Construction France, par exemple, ont annoncé l’arrêt de leur activité, en concertation avec leurs salariés. Saisi par le Syndicat des Jeunes Médecins, le Conseil d’Etat a refusé dimanche 22 mars d’ordonner un confinement plus drastique, tout en constatant la carence de l’autorité publique et l’imprécision des consignes données.

 

Les architectes opposés à la réouverture des chantiers

 

Samedi 21 mars, Denis Dessus, le président du Conseil National de l’Ordre des Architectes, s’opposait à la réouverture des chantiers pour l’instant. Son communiqué indiquait « Nous considérons que les conditions ne sont pas remplies pour une reprise rapide des chantiers et nous ne le permettrons pas si nous estimons qu’un seul acteur, Maître d’Ouvrage, entreprises ou maîtrise d’œuvre prend des risques inconsidérés pour des motifs macroéconomiques ».

 

Denis Dessus appelle en revanche à la mise en place « d’un service minimum d’intérêt général pour répondre aux besoins d’urgence chez les particuliers et dans les bâtiments de service public ». « Il ne faut pas aller au-delà aujourd’hui », conclut-il.

L'UNSFA est sur la même ligne. Un communiqué du 22 mars désapprouve toute mesure générale de reprise des travaux, demande que soient précisément désignés les chantiers prioritaires et exige de participer aux travaux de mise au point des protocoles de redémarrage.

 

De leur côté, les syndicats de l'ingénierie - Fédération Cinov, Syntec Ingénierie et UNGE (Union Nationale des Géomètres-Experts - ont publié un communiqué lundi 23 mars vers 17 heures. Il en ressort qu'ils ne sont pas opposés à la reprise du travail si toutes les conditions de sécurité sont réunies. Mais surtout, ils souhaitent eux-aussi, participer à l'élaboration des consignes de sécurité que l'OPPBGTP prépare.

 

Un mode d'emploi pour les entreprises du BTP

 

Le mécanisme, proposé par l’accord entre les Pouvoirs Publics et trois fédérations, repose notamment sur des consignes de sécurité sanitaires développées par l’OPPBTP. Lundi 23 mars, ce plan n’était pas encore publié par l’OPPBTP. Mais celui-ci a mis en ligne depuis le vendredi 20 mars, un mode d’emploi permettant aux PME, TPE et Artisans de s’organiser s’ils doivent maintenir leur activité 

 

L’accord confie aux Préfets le soin d’identifier les chantiers locaux à poursuivre ou à relancer. Aucune activité n’est écartée, puisque même les « chantiers au domicile des particuliers lorsque ceux-ci sont présents » sont mentionnés.

 

Le Conseil Scientifique Covid-19, créé début mars pour guider le gouvernement, devait rendre un avis quant à l’intensification du confinement. Il se prononcera finalement mardi 24 mars. Ses conseils pourraient influer considérablement sur le mouvement de reprise des chantiers.

 

Sur une note plus légère, Richard Loyen, Délégué Général d’Enerplan, confiné à Marseille, continue d’expérimenter la cuisine dans un four solaire. Au 6ième jour de son confinement, il a préparé des champignons farcis à l'émincé d'oignon/échalote et fromage, avec leur asperge verte, un mijoté de petits pois et fèves à la clémentine, avec de l'effiloché de poitrine et une poire rôtie au rhum nappée de chocolat fondant pour le dessert. Voilà qui devrait relancer l’intérêt pour le solaire thermique.

 

 



Source : batirama.com / Pascal Poggi

L'auteur de cet article

photo auteur Pascal Poggi
Pascal Poggi, né en octobre 1956, est un ancien élève de l’ESSEC. Il a commencé sa carrière en vendant du gaz et de l’électricité dans un centre Edf-Gdf dans le sud de l’Île-de-France, a travaillé au marketing de Gaz de France, et a géré quelques années une entreprise de communication technique. Depuis trente ans, il écrit des articles dans la presse technique bâtiment. Il traite de tout le bâtiment, en construction neuve comme en rénovation, depuis les fondations jusqu’à la couverture, avec une prédilection pour les technologies de chauffage, de ventilation, de climatisation, les façades et les ouvrants, les protocoles de communication utilisés dans le bâtiment pour le pilotage des équipements – les nouveaux Matter et Thread, par exemple – et pour la production d’électricité photovoltaïque sur site.
1 Commentaire
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  • par bélénos
  • 24/03/2020 17:23:42

l'exécutif se fout pas mal de la santé des ouvriers du BTP ! après des annonces inconsidérées sur le chomage partiel une fois de plus nos gouvernants n'avaient pas prévu le montant de la note, sous évaluant le nombre d'entreprises impactées, du coup machine arrière et menaces pour reprendre le travail !!

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