Les installateurs électriciens à l'heure du numérique

Les installateurs électriciens à l'heure du numérique

La Fédération des installateurs électriciens observe l’impact des nouvelles technologies sur ses métiers. Bim, objets connectés, réseaux numériques dans les bâtiments : les expériences existent déjà.




Présents lors de la 2e rencontre de la FFIE-FFB, de nombreux acteurs de la filière électrique ont témoigné de la nécessité d'adapter les services et le management pour faire face aux impératifs de la transition numérique. Pour Emmanuel François, président de Smart Building Alliance (SBA), le numérique est une évolution inéluctable dans le bâtiment. Et par voie de conséquence, dans le quotidien des installateurs électriciens.

 

« Le bâtiment est irrigué par l’IP, le protocole internet. Les géants de l’internet s’intéressent à la maison intelligente et connectée. Mais il leur sera compliqué de se placer auprès des usagers finaux. Le portage de l’IP dans le bâtiment, c’est le rôle de l’installateur. »

 

 

Emmanuel François, président de SBA : « Le portage du protocole internet dans le bâtiment, c’est le rôle de l’installateur. » ©B.R

 

Poser une installation, l’adapter aux besoins

 

Emmanuel Ballandras, directeur des partenariats chez l’industriel Legrand, lui fait écho : « Il faut que l’électricien se pense comme un médecin de famille. Faire une installation, partir, ne jamais revenir… Il faut abandonner cette idée. » L’infrastructure électrique et numérique de demain demandera de revenir régulièrement installer des évolutions.

 

Pour Christel Heydemann, présidente de Schneider Electric France, le défi porte sur l’adaptation des technologies aux besoins. « La connectivité est une opportunité pour développer les services. Nous, industriels, partons du principe que nos technologies doivent pouvoir s’interfacer pour aider les usagers à exploiter les solutions numériques. »

 

 

Christel Heydemann, présidente de Schneider Electric France :  « Les géants du Web vont faire croître le marché ; la connectivité est une opportunité pour développer nos services. »©B.R

 

S’appuyer sur le capital confiance

 

Caroline Nivelle, directeur marketing France chez Hager, insiste sur le « capital confiance » des électriciens : « Ce sont les seuls artisans à qui on laisse ses clés. » D'homme de confiance, il doit se présenter comme conseiller : « L’électricien doit expliquer le pilotage à distance, les solutions multi-usages… »

 

Alexis Delepoulle, directeur du groupe Pouchain et président d’Energic, décrit justement sa migration d’installateur-intégrateur vers celle d’offreur de solutions d’usage en tertiaire. « Energic est un coach ludique et communautaire qui a pour but de réduire les consommations. »

 

Mises en forme et livrées sur smartphone, les données énergétiques animent des communautés d’occupants – entre étages, entre bâtiments…- qui se challengent pour réduire les consommations. »

 

 

Caroline Nivelle, directeur marketing France chez Hager : « Les électriciens disposent d’un important capital confiance auprès des ménages. Ils doivent devenir leurs conseillers en numérique. » ©B.R

 

Des datas pour améliorer la performance d’un bâtiment

 

L’idée repose sur le fait que 10 à 15 % de la performance énergétique d’un bâtiment tient au comportement des usagers… Energic vend l’abonnement aux « datas » ; La prestation se rémunère sur les économies produites. « L’électricien tire pleinement profit de l’équipement de pilotage qu’il a installé, et en fait profiter son client », explique Alexis Delepoulle.

 

Ces nouvelles opportunités bouleversent la gestion des entreprises. Pour Denis Maingot, gérant de Demelec Électricité, 5 personnes, basé dans l’Eure, l’association de cinq artisans locaux (plaquiste, poseur d’isolation par l’extérieur, chauffagiste, isolation des combles, électricité-ventilation) permet de trouver des chantiers de rénovation énergétique et de proposer un service complet : du diagnostic au suivi de consommation, en passant par la recherche de financements.

 

Sébastien Landais, responsable d’Inno-Watt, en Mayenne, développe les solutions photovoltaïques orientées vers l’autoconsommation. Son entreprise d’installation s’est adjoint le service d’ingénieurs pour les études de site ainsi que la préconisation d’équipements électro-techniques et d’outils numériques indispensables pour adapter la production aux profils de consommation électrique.

 

Fabrice Héroult, d’Héroult Électricité, en Seine Maritime, a orienté son entreprise vers la domotique résidentielle après avoir obtenu un marché de 150 logements collectifs, en 2013, sur la ZAC Séguin, à Boulogne-Billancourt (92). Cette expérience a débouché sur la création d’un show-room en centre-ville de Rouen, ouvert aux particuliers et concepteurs.

 

 

Alexis Delepoulle, président d’Energic. « En exploitant les données et en les distribuant, l’électricien tire profit de l’équipement qu’il a installé, et en fait aussi profiter son client. Ce qui permet aussi de conserver un lien direct avec le bâtiment. » ©B.R

 

Le Bim réorganise le management

 

Autre vrai challenge de management : le BIM, la maquette numérique. « Il faut préparer les esprits à cette évolution », affirme Jérôme Teste, installateur, responsable de Juléo (50 salariés), en Haute-Loire. « Je donne des informations au fur et à mesure, et j’identifie la personne qui, demain, pourra porter le BIM dans l’entreprise. »

 

Isabelle Ogheard, directrice adjointe d’Elsia, 100 salariés, une entreprise de pose de systèmes d’incendie, de sûreté, de réseaux courants forts et faibles basée en Yvelines, explique le choix du BIM : « Conserver ses parts de marché, se démarquer de la concurrence, réaliser les chantiers avec des études de qualité… » Surtout, « 25 % de la maîtrise d’ouvrage impose de travailler en BIM ! »

 

Pour Nicolas Chabrand, responsable de l’entreprise de gros œuvre Ragoucy, basée dans les Hautes-Alpes, le passage « du kutsch à la maquette numérique » en 2016 avait pour but « de diminuer la consommation de papier, de présenter des informations chaque semaine… Il faut aussi un maître d’ouvrage qui définisse le cadre, afin de poser des objectifs atteignables. »

 

« Il faut porter un message de confiance. soulignait Jacques Chanut président de la FFB en fin de débats. « Ces évolutions sont inéluctables, et les chefs d’entreprises doivent se les approprier et les intégrer dans les technologies pour améliorer la compétitivité et de capter de la valeur ajoutée. »

 

 

Nicolas Chabrand, responsable de l’entreprise de gros œuvre Ragoucy. « En BIM, il faut un maître d’ouvrage qui définisse le cadre, de manière à poser des objectifs atteignables. » ©B.R

 

La FFIE joue les démonstrateurs

 

Fédération des installateurs électriciens au sein de la Fédération française du bâtiment, présidée par Emmanuel Gravier, la FFIE revendique rassembler des entreprises totalisant 15 Mds€ de chiffre d’affaires et 100 000 salariés. Soit la moitié des entreprises d’installation électrique en CA et en personnels.

 

Ses objectifs pour 2018 sont le développement des équipements numériques dans les applications quotidiennes en résidentiel et tertiaire, ainsi que l’application des solutions BIM – building information modeling, ou maquette numérique – pour les relations entre les entreprises et les intervenants de la construction.

 

À ce titre, ce syndicat professionnel veut préparer concrètement ses adhérents aux révolutions techniques. Emmanuel Gravier a annoncé l’implantation d’un laboratoire dédié à la prospective dans ses locaux de la rue Hamelin, dans le 16e arrondissement de Paris. Cette installation à vocation promotionnelle et pédagogique n’est encore qu’à l’état de projet. Elle devrait profiter de la présence du syndicat des industriels, le Gimelec, dans des locaux voisins.


Source : batirama.com / Bernard Reinteau

1 Commentaire
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  • par Emma
  • 19/11/2018 16:03:44

Bonjour, Il est nécessaire pour un électricien installateur d'être à l'écoute des besoins de ses clients. Mon oncle a eu ce cas de figure, un électricien lui a installé un système domotique sauf qu'à l'origine il ne souhaitait pas cela. C'est une personne âgée qui a du mal avec tout ce qui est électronique. Nous avons fait appel heureusement à un autre électricien qui a pu l'aider à programmer son système.

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