Le photovoltaïque en 2017 (01) : Comment l’allemand Conergy est devenu chinois

Le photovoltaïque en 2017 (01) : Comment l’allemand Conergy est devenu chinois

Découvrez l’histoire récente du photovoltaïque européen à travers, en premier lieu, les tribulations de Conergy, un pionnier de l’électricité solaire en Allemagne.




Dès le 29 Mai, le salon Intersolar 2017, le plus important évènement mondial consacré au solaire thermique, photovoltaïque et au stockage d’électricité, se déroulera à Munich. Avant d’y aller et de plonger dans les innovations du moment, une petite pause n’est pas inutile. Faisons un point sur l’industrie européenne du photovoltaïque.

 

Après bien des rebondissements, le photovoltaïque est à la veille d’une nouvelle croissance grâce à l’entrée en vigueur de la Directive Européenne sur l’Efficacité Energétique des Bâtiments qui impose le BEPOS (Bâtiment à Energie POSitive) dans le neuf : les bâtiments publics d’abord en 2018, puis toute la construction neuve en 2020.

 

Avant de regarder en détail l’industrie européenne, voici l’histoire de Conergy, l’un des pionniers du photovoltaïque outre-Rhin. Sa croissance rapide, sa constante recherche de l’innovation, puis son éclatement, jusqu’à devenir un fabricant chinois de panneaux photovoltaïques en Allemagne, sont, à maints égards, emblématiques de l’histoire de l’industrie photovoltaïque en Europe. Ce n’est pas une histoire triste - divers morceaux de Conergy revivent -, elle compte de nombreux rebondissements et elle est très loin d’être finie.

 

 

 

Au début des années 2000, Conergy comptait parmi les meilleurs producteurs de panneaux photovoltaïque en silicium mono- et polycristallins au monde. En 2004, l’entreprise avait créé une filiale française qui distribuait l’ensemble de son offre. ©PP

 

Conergy, un pionnier du photovoltaïque outre-Rhin

 

Conergy a été créée en Allemagne, à Hambourg le 22 décembre 1998 et s’est spécialisée dans la production de panneaux photovoltaïques en silicium cristallin. Dès 2004, sa filiale française comptait environ 10 000 clients, produisant chaque année plus de 50 GWH d’électricité photovoltaïque.

 

Vers 2009, Conergy avait développé l’ensemble de l’offre nécessaire : panneaux photovoltaïques, onduleurs, solution d’accrochage en toiture à la fois en intégré et en surimposition et, dès 2011 - un concept incroyablement pionnier à ce moment-là, - une solution de stockage d’électricité domestique à base de batteries Lithium-Ion.

 

 

Avec ce stockage d’électricité, présenté au salon Intersolar en 2011 et ses panneaux photovoltaïques, Conergy proposait de couvrir 80% des besoins annuels d’électricité d’une famille de 4 personnes. ©PP

 

Conergy face à la mondialisation du marché

 

Mais ce fort développement a eu lieu au moment même où la Chine organisait son industrie photovoltaïque. En peu d’années, les producteurs chinois ont maîtrisé la technologie des panneaux photovoltaïques en silicium et des onduleurs.

 

Adossés à leur marché domestique, devenu le premier au monde, ils ont pu augmenter leurs chiffres d’affaires, leurs capacités de production et réduire leurs coûts.

 

Ce qui a coupé l’herbe sous le pied d’entreprises européennes, qui comme Conergy, investissait toujours fortement dans la recherche et l’innovation, tout en ayant des coûts de production supérieurs au prix de vente des équipements chinois, dont la qualité ne cessait de croître. Sur un marché du photovoltaïque mondialisé, ça ne pouvait que tourner mal.

 

 

 

Conergy faisait profession d’innovation en phototovoltaïque : au salon Intersolar 2012, l’entreprise dévoilait l’un des tous premiers modules vere-verre. Plus fins, plus durables, ces modules affichent un meilleur rendement et une durée de vie plus longue. Conergy annonçait 30 ans de durée de vie fonctionnelle pour ce nouveau module. ©PP

 

En 2013, Conergy éclate et se transforme

 

En 2012, Conergy est en cessation de paiements. Début 2013, remède de cheval : l’entreprise vend plusieurs activités et se transforme. Son activité de production de systèmes d’accrochage est vendue à une entreprise allemande de construction. Bosch acquiert sa production d’onduleurs et de stockages d’électricité.

 

L’activité de développement de projets clefs en mains d’installations photovoltaïques dans le monde est reprise par le fonds d’investissement américain Kawa Capital Management et continue sous le nom de Conergy AG.

 

Enfin, l’usine de panneaux installée à Francfort sur Oder, d’une capacité de production annuelle de 300 MWc, est achetée par Astronergy, une entreprise du conglomérat chinois Chint Group.

 

 

 

L’usine de Conergy à Francfort sur Oder a été reprise par Astronergy, filiale du conglomérat chinois CHINT Group en 2013. ©Astronergy

 

Astronergy reprend l’usine de Francfort sur Oder

 

En Chine, Chint Group est un peu la somme de Schneider Electric et de Bouygues Energie et Services, plus gros que ces deux-là réunis et aux activités encore plus diverses.

 

Il emploie 30 000 personnes dans le monde et fabrique des équipements électriques haute, moyenne et basse tension pour la production et la distribution d’énergie, des automates et logiciels pour le pilotage des bâtiments, des usines, des transports ferroviaires et des réseaux de distribution d’électricité.

 

Il produit aussi des instruments de mesure et des panneaux photovoltaïques : 13 modèles polycristallins et 6 modèles monocristallins. Chint Group possède également une activité d’ingénierie, d’installation et d’exploitation de systèmes électriques dans des usines, des distributions publiques, l’éclairage public, etc.

 

 

 

Pour garantir une qualité de panneaux homogène, Astronergy se fournit auprès des meilleurs fabricants mondiaux de cellules photovoltaïques. Chaque panneau est testé après sa finition pour garantir la bonne qualité de la production. ©Astronergy

 

1,4 milliard de kWh

 

Depuis sa mise en service en 2007, l’usine de panneaux photovoltaïques de Francfort (Oder) a produit une puissance de 636 Mc, soit environ 6,2 millions de modules, dont 2,4 millions sous la marque Astonergy. Les modules produits par l’usine de Francfort et installés en Allemagne sont capables de produire 1,4 milliard de kWh d’électricité par an.

 

Très automatisée, l’usine emploie 300 personnes. Sa capacité à été portée à 340 MWc/an. C’est l’une des usines de production de modules photovoltaïques les plus modernes au monde. Quatre lignes de production fonctionnent à pleine capacité. La cinquième est en cours de modernisation pour accroître encore la capacité de production annuelle.

 

 

 

Une partie des 300 personnes employées vont fêter leur 10 ans d’activité dans l’usine Astronergy de Francfort sur Oder. Ils ont commencé dans une usine Conergy et continuent dans une usine Astronergy, ultra-automatisée et équipée pour produire avec une qualité maximale : soudure infra-rouge des liaisons électriques, sans contact avec les cellules, par exemple. ©Astronergy

 

La Qualité Allemande

 

L’usine exporte désormais dans le monde entier. Au Bangladesh, par exemple, les modules Astronergy produits à Francfort (Oder) équipent, peu à peu, 8500 bureaux de poste. Paul Ji, nouveau directeur d’Astronergy Solarmodule GmbH depuis le début de l’année 2017, estime qu’il existe une forte demande dans le monde pour des modules photovoltaïques de haute qualité.

 

Fabriquer en Allemagne, aux yeux de nombreux clients potentiels dans le monde, signifie toujours haute qualité. Et c’est ce qui intéresse le groupe Chint. Leur décision de continuer à développer cette usine répond à cette demande mondiale de qualité en photovoltaïque. L’usine produit des modules en silicium monocristallin dont la puissance unitaire maximale atteint 310 Wc.

 

 

 

Il existe un marché mondial pour des panneaux photovoltaïques "Premium". L'usine d'Astronergy à Francfort (Oder) parvient à vendre ses panneaux dans le monde entier, comme cette ferme photovoltaïque de 35 MW en Turquie, équipée de panneaux VIOLIN ASM6610M. ©Astronergy

 

Astronergy continue d’innover

 

Astronergy n’est pas seulement une usine allemande d’un groupe chinois. L’entreprise possède ses propres moyens de recherche et continue d’innover. En 2016, elle a introduit plusieurs nouveaux modules sur le marché.

 

Les modules monocristallins Violin ASM6610M (BL), par exemple, sont complètement noirs. Ce n’est pas anecdotique, le consommateur final allemand à la recherche d’une installation photovoltaïque pour le toit de sa maison, est sensible à l’esthétique.

 

Pour pouvoir fournir des modules parfaitement noirs, Astronergy a testé les cellules des 12 meilleurs fabricants mondiaux. Deux seulement ont été retenus, dans la mesure où ils se sont révélés capables de fournir des cellules parfaitement noires et homogènes d’un lot à l’autre.

 

 

 

Au Bangladesh, 8500 bureaux de postes non-raccordés au réseau seront équipés de 4 panneaux (1 kWc) et d’un stockage d’électricité permettant le fonctionnement du bureau durant 15 heures. ©Astronergy

 

Un rendement > 20% pour des panneaux de 310 Wc

 

Pour améliorer les rendements des panneaux, Astronergy a été l’un des premiers fabricants à proposer des panneaux à base de cellules PERC (Passivated Emitter and Rear Cell). Leur rendement est légèrement supérieur à 22%.

 

Ce qui donne un rendement de module proche de 19%. Les cellules PERC sont utilisées aussi bien dans la fabrication des modules noirs Violin ASM6610M (BL) Premium (305 Wc) et dans celle des modules à cadre argenté Violin ASM6610M Premium (310 Wc).

 

 

 

Ces panneaux monocristallins Violin ASM6610M Premium d’Astronergy comptent 60 cellules en 6 rangs de 10. Ils atteignent 310 Wc de puissance nominale et un rendement de 18,95%. Ils sont garantis 12 ans, avec une baisse de rendement linéaire garantie de 97,50% du rendement nominal à 80,70% au bout de la 25e année. ©Astronergy

 



Source : batirama.com / Pascal Poggi

L'auteur de cet article

photo auteur Pascal Poggi
Pascal Poggi, né en octobre 1956, est un ancien élève de l’ESSEC. Il a commencé sa carrière en vendant du gaz et de l’électricité dans un centre Edf-Gdf dans le sud de l’Île-de-France, a travaillé au marketing de Gaz de France, et a géré quelques années une entreprise de communication technique. Depuis trente ans, il écrit des articles dans la presse technique bâtiment. Il traite de tout le bâtiment, en construction neuve comme en rénovation, depuis les fondations jusqu’à la couverture, avec une prédilection pour les technologies de chauffage, de ventilation, de climatisation, les façades et les ouvrants, les protocoles de communication utilisés dans le bâtiment pour le pilotage des équipements – les nouveaux Matter et Thread, par exemple – et pour la production d’électricité photovoltaïque sur site.
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