Rénovation-extension-surélévation : le béton entend faire valoir ses atouts

Rénovation-extension-surélévation : le béton entend faire valoir ses atouts

Les solutions d’extension-surélévation en béton existent, mais restent encore trop méconnues. Les avantages du matériau ont été mis en valeur lors d’un colloque organisé par Cimbéton.




Montrer que la filière béton est bel et bien présente et qu’elle a toute sa place dans les opérations de rénovation-extension-surélévation, tel a été l’objectif du colloque organisé le 10 novembre par Cimbéton, réunissant architectes, bureaux d’études et professionnels.


Et l’enjeu est de taille, car le sujet de la rénovation-surélévation, encore timide aujourd’hui, devrait sans aucun doute exploser dans les prochaines années. D’une part, parce qu’il répond à la volonté de densification des villes et de limitation de l’étalement urbain et d’autre part, parce qu’il contribuera à l’évolution de la société, notamment au maintien en ville des personnes âgées.

 

Création de valeur

 

« Dans un pays où l’effort public est durablement bridé, je ne crois pas aux subventions, mais plutôt à la création de la valeur à partir de l’existant pour en assurer la modification », estime Philippe Pelletier, le président du Plan Bâtiment Durable, en préambule du colloque. La loi Alur 2014 ouvre des voies intéressantes pour mettre en œuvre les droits à construire sur l’existant ».

 

Elle a permis en effet de débloquer des projets de surélévation, qui apparaissent comme une réponse opérationnelle lors de l’agrandissement d’un logement ou d’un bâtiment avec une mise en œuvre facilitée.

 

Il est désormais possible de déroger au PLU (aux règles de gabarits-enveloppe en zone dense). Les textes facilitent également le vote d’un projet de surélévation en copropriété, en supprimant la nécessité d’un accord unanime des copropriétaires, y compris celui du dernier étage.

 

Opportunité de financement pour la rénovation énergétique

 

Mais Philippe Pelletier voit dans la surélévation un formidable levier de financement possible de la rénovation énergétique en copropriété et de la mise aux normes des immeubles, comme celle pour les ascenseurs. 

 

« Cela mettra un frein à la dégradation des bâtiments que l’on voit de plus en plus », ajoute-t-il, en soulignant que les extensions-surélévations ne doivent pas être un sujet de crispation entre le bois et le béton.

 

Il en appelle donc les acteurs de la filière à « communiquer sur leurs réalisations et pourquoi pas à inventer des concours publics » pour montrer toutes les solutions offertes par le matériau.

 

Des avantages techniques tant en construction qu’en rénovation


Nathalie Tchang, présidente du bureau d’études Tribu Energie, estime elle-aussi que la surélévation est le meilleur outil pour financier la rénovation, mais regrette l’absence d’ingénierie structures dans les appels d’offres de rénovation.

 

Face aux détracteurs du béton qui considèrent que le matériau n’est pas « top au niveau environnemental », elle répond « qu’avec un isolant, il n’y a pas de problème » et vante un certain nombre d’avantages pour les réhabilitations. 

 

« Le béton permet d’avoir de la masse pour assurer le confort d’été, comme il améliore le confort acoustique ». Mais il recèle d’autres vertus pour ce type d’opérations : résistance mécanique, durabilité, bon comportement face aux risques d’incendie et sismiques.

 

Choix de systèmes constructifs en béton à travers une étude

 

Pour démontrer la faisabilité des surélévations en béton, Cimbéton a fait réaliser par Jean-Marc Weill, architecte DPLG et ingénieur civil, une étude « Surélévation en béton : le champ des possibles », fondée sur trois exemples de constructions représentatives en France.

 

Objectif : vérifier si, dans chaque cas, il est possible ou pas d’apporter une surcharge, d’évaluer la surcharge supportable, déterminer le nombre de niveaux par rapport au poids et proposer des pistes de solutions constructives, en tenant compte de la réalisation de travaux en milieu occupé et de la limitation des impacts environnementaux, notamment des contraintes urbaines.

 

« Nous avons retenu un accroissement de charges de 5 et de 10%, qui a été croisé avec deux surélévations possibles : l’ajout d’une toiture simple au-dessus de la dalle existante ou l’ajout d’un niveau et d’une toiture simple, explique Jean-Marc Weill.

 

De belles cartes en main pour le béton

 

A partir de là, nous avons déterminé une réserve de charges globale par m2 de surélévation projetée. Cette valeur a permis de prescrire l’une ou l’autre des possibilités de surélévation et d’y associer les systèmes constructifs en béton adaptés ».
 

A n’en pas douter, la stratégie de surélévation d’immeubles et la construction sur les "dents creuses" (qui consiste à aligner la hauteur entre bâtiments mitoyens) constitue une alternative aux tours et une belle reconquête de l’environnement de nos villes face au développement de nouveaux quartiers. Et le béton a de belles cartes en main pour y prendre part.

 

L’exemple de la rue de la Sablière dans le 14e arrondissement de Paris

 

Situé dans un quartier constitué de maisons et d’immeubles R+5 de forte densité, le bâtiment de deux niveaux en briques et béton, construit dans les années 40, occupait un angle aigu avec pour mitoyen un immeuble de six étages.

 

Ce projet de surélévation avait pour but de créer deux logements tout en conservant l’activité artisanale en rez-de-chaussée et avait été envisagé par le propriétaire avec un matériau léger. Mais les fondations étant artificielles (sable), une reprise en sous-œuvre était nécessaire.

 

La solution béton s’est donc imposée tout naturellement pour l’architecte Didier Mignery, de l’agence Zoomfactor Architectes, qui explique que « l’objectif était de construire à l’intérieur de la parcelle, sans s’appuyer sur le mitoyen ».

 

Des fondations abaissées

 

Pour ce faire, les fondations ont été abaissées à la hauteur de celles de l’immeuble voisin avec création d’un sous-sol complet pour reprendre les fondations superficielles de l’immeuble existant (réalisation en passes alternées d’un voile contre terre partiel en béton armé afin de retenir les poussées de terre de la rue et du bâtiment adjacent).

 

La nouvelle structure prend appui via des poteaux de béton qui traversent les deux étages existants pour reprendre les charges des trois niveaux de la surélévation. Une dalle pleine en R+2 lie les éléments de la structure, barrière phonique et au feu entre des logements et des locaux tertiaires.

 

« Cette surélévation en béton complétée par une façade en mur rideau a été réalisée avec des méthodes usuelles et simples que toute entreprise connaît », souligne Didier Mignery.

 

 


Source : batirama.com / Frédérique Vergne

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