Il y a 50 ans, il n’existait qu’un seul lycée international en France, celui de St Germain-en-Laye, issu de l’école créée quand la ville hébergeait le quartier général stratégique de l’OTAN. Son proviseur luttait bec et ongles contre le ministère de l’éducation nationale en surnageant aux concours généraux, pas seulement dans les langues vivantes. Depuis, les lycées internationaux, publics ou privés, se multiplient en France, donnant la possibilité de passer un baccalauréat reconnu dans plusieurs pays. En amont, voici également des écoles internationales comme celle dont la construction s’achève actuellement à Troyes, pièce maîtresse d’une opération ANRU de requalification du quartier le plus pauvre de la région Grand Est.
Carlos Barba d’AR+TE a construit en 2010 le pavillon d’accueil du lycée International de St Germain-en-Laye. Tout près, l’agence SAME surélève maintenant en bois un bâtiment tertiaire conçu par Jean Prouvé, dans le cadre de la construction de iX Campus pour l’École supérieure de design.
Photo d'ouverture : aspect initial. Ici, aspect actuel de la cour. © AR+TE
Le lycée international de Montreuil ne ressemble pas à la dizaine des lycées dit internationaux de l’Île-de-France, ni à la petite centaine des lycées de ce type en métropole. À Montreuil, il s’agit d’une école privée sur seulement 700 m2, installée dans cet ancien hangar survivant du passé alimentaire, dans la très centrale et résidentielle rue Parmentier. L’agence AR+TE opte pour un maintien de la structure porteuse en bois, qui remonte à une centaine d’année. En fonction de l’utilisation des lieux, cette structure est renforcée en bois, en ajoutant à un endroit, pour des raisons de portée et d’emprise, quelque poutrelle ou poteau en acier qui permet d’exploiter pleinement les combles.
Comme l’espace est exigu, des coursives en bois sont créées pour accéder aux salles de classe, assez large pour en faire également un lieu pédagogique ou de détente. De même, ces coursives sont raccordées à une cage d’ascenseur externe, habillée d’un bardage bois.
Carlos Barba conserve les pavés de la cour dont les joints désimperméabilisés jouent avec des plantes exotiques. L’inventeur médaillé or au concours Lépine introduit dans la cour des blocs de béton photo-luminescents qui permettent de se repérer en cas de coupure de courant. Même jeu pour les appliques : "le béton photo-luminescent est fabriqué avec les démolitions des murets, les agrégats photo-luminescents sont ponctuels pour marquer la première et dernière marche. À l’intérieur du bâtiment, des luminaires photo-luminescents sont installés sur toutes les sorties des niveaux, ces luminaires sont créés avec des déchets plastiques issues des bouteilles. Ces éléments permettent d’explorer des propositions faisant appel à la récupération de matériaux et surtout à l’économie d’énergie car ils ne nécessitent pas d’être allumés en continu car ils se chargent aussi avec les rayons solaires pendant la journée scolaire".
Les classes disposent de plafonds absorbants et de mobilier en bois développé par l’agence : "les isolants et les faux plafonds sont en fibres de bois et le plafond de la grande salle polyvalente est en bois red cedar comme le bardage extérieur".
La phase du renforcement des structures. © AR+TE
Installé aux modernes Ateliers Diderot de Pantin, dédiés aux entreprises du réemploi, AR+TE défraye la chronique avec ses "briques de broc" fabriquées à partir d’une agglomération de déchets à base de bois. L’inventivité de Carlos Barba semble sans limites. Outre les briques et les solutions photo-luminescentes, on trouve également les "chaises qui marchent", primées elles aussi au concours Lépine, mais plutôt destinées à aider les personnes âgées que les élèves. D’origine mexicaine mais implanté comme architecte en France depuis ses études il y a trente ans, Carlos Barba apporte cette sensibilité particulière qui combine l’attention pour le réemploi et l’invention.
Lab School Paris disposera dès la rentrée 2026 d’un cursus scolaire complet allant de la grande section de maternelle jusqu’au lycée en passant par deux établissements parisiens dédiés à l’école élémentaire et le collège. L’école internationale de Troyes, implantée au cœur du plus pauvre quartier du Grand Est, fait également appel à une architecture adaptée à son projet.
Longtemps, face à des programmes extrêmement contraignants et normatifs, l’architecture scolaire s’est concentrée sur le renouvellement des matériaux au profit du biogéosourcé. Répondre un peu en dehors présente toujours un risque. Mais la pédagogie est en train de bouger avec la demande de nouveaux espaces de travail, de classes dehors, de biotopes. Et quand il faut prendre le vent, dans l’architecture actuelle, il est toujours bon d’aller faire un tour du côté de Pantin et de Montreuil.
Façonnage des aménagements extérieurs photo-muminescents. © AR+TE
Tout sur le Forum Bois Construction
À un jet de pierre de la station Croix de Chavaux, au cœur de Montreuil, un hangar horticole centenaire a été transformé en lycée par l’agence AR+TE.