C'est un thème en vogue : transformer les bâtiments, plutôt que les démolir et reconstruire. En réalité, ce n'est pas si fréquent. Voici deux exemples de bâtiments industriels transformés : l’un à Rennes, l’autre chez Velux à Østbirk au Danemark.
Construit en 1995, ce bâtiment logistique a été transformé en cenre d’innovation et accueille 500 personnes depuis le 10 avril 2025. © PP
En 1995, Velux a construit sur son site de production principal au Danemark, un bâtiment logistique de 9 500 m2. C’était un vrai bâtiment industriel : de plain-pied, sol en béton armé de 40 cm d’épaisseur pouvant supporter de lourdes charges statiques et de lourds véhicules en mouvement, structure en poteaux-poutres en lamellé-collé et béton banché pour séparer le bâtiment en trois locaux différents, …
Début 2021, Velux a lancé un concours d’architecture pour transformer ce bâtiment logistique en centre d’innovation, à la fois technique et marketing. En effet, les équipes de développement de produits et de marketing étaient dispersées sur plusieurs sites autour de Østbirk et la concertation entre elles n’était pas aussi fréquente, ni aussi intense, que le souhaitait la direction de l’entreprise. Ils ont donc décidé de transformer ce hangar logistique en lieu d’innovation en y regroupant 500 personnes, chargées du développement des produits et du marketing.
Le sol en béton industriel a été conservé, poncé et ciré. © PP
Le nouveau bâtiment, baptisé LKR Innovation House du nom de Lars Kann Rasmussen, fils du fondateur de l’entreprise, qui avait conçu et construit le bâtiment logistique original en 1995, a été conçu par le cabinet par Praksis Arkitekter.
La conception du bâtiment a commencé fin 2021. Il devait être livré en 2023, mais le Covid 19 est intervenu et a retardé la livraison jusqu’au début 2025. Le bâtiment est occupé depuis le 10 avril 2025. Le sol en béton a été conservé et ciré. Les cloisons en béton banché ont été découpées sur site en segments verticaux. Ils ont été grutés et redéposés pour créer les cages d’escaliers de la LKR Innovation House. Pour satisfaire des exigences règlementaires, les cages d’ascenseurs ont été coulées sur site en béton armé. Un second et un troisième niveau, à certains endroits, ont été ajoutés et reposent sur la structure existante en bois lamellé-collé.
À la livraison, la nouvelle LKR Innovation House met à disposition 14 100 m2 de surface utile. Les travaux ont coûté 27 M€.
Pour apporter de la lumière naturelle (au moins 300 Lux sur 60 % de la surface utile), la toiture a été équipée de 300 fenêtres de toit Velux et deux espaces ont été évidés au milieu du bâtiment pour accueillir des jardins et apporter encore plus de lumière grâce à leurs façades vitrées. © PP
Voici un bâtiment de 25 000 m2, ancienne usine Citroën près de Rennes, transformé en hôtel industriel pour encourager la réindustrialisation de la région. Seul un segment de la façade a été transformé à l’aide de poteaux en lamellé-collé. © PP
Citroën avait construit près de Rennes à La Janais, un vaste ensemble de bâtiments industriels couvrant 250 ha. Stellantis, propriétaire de la marque Citroën, a tout fermé, sauf un bâtiment qui assemble des véhicules électriques. Cette soudaine et majeure réduction d’activité industrielle a mobilisé toutes les collectivités locales :
– la Ville de Rennes,
– la Métropole de Rennes,
– et la Région.
Elles ont créé le Pôle d’Excellence Industrielle (PEI) à La Janais pour redynamiser et relancer l’activité industrielle dans la zone. Le "Bâtiment 78" de 25 000 m2, implanté sur 8 ha, a été acquis auprès de Stellantis en 2021 et ouvert en 2025 en tant qu’hôtel industriel, destiné à accueillir de jeunes entreprises industrielles, à donner accès à des plateformes d'innovation et à soutenir le développement industriel avec des services dédiés. Le PEI est le plus grand projet de renouvellement de parc d’activités en Bretagne dédié aux industriels. Ce site de 200 000 m2 est labellisé "site clé en main" par l’État.
La structure béton du bâtiment industriel a été conservée. Sous la hauteur de plafond de 10 m, des boîtes préfabriquées en ossature bois et CLT KLH ont été érigées dans le bâtiment pour créer des locaux partagés : salles de réunion, sanitaires, salle de congrès, etc. © PP
En profitant de la lumière apportée par les sheds, vitrés au nord, un jardin a été installé au centre du bâtiment. Des bureaux sont aménagés sur 1 538 m2 et des lieux de vie (espaces logistiques, espace détente, salles de réunion) occupent 2 131 m2. © PP
Pour aménager le Bâtiment 78, le marché de maîtrise d'œuvre a été confié au groupement conduit par CIRTEC Ingénierie Mandataires et A'DAO Architecture. Les études de maîtrise d’œuvre ont débuté en juillet 2022. La structure en poteaux et poutres de béton armé, la toiture équipée de sheds, le sol en béton, et la quasi-totalité des façades ont été conservées.
Au cours de la première phase de travaux, 15 000 m2 ont été transformés. La seconde phase, portant sur 10 000 m2 sera livrée en 2026. Des bureaux et espaces communs ont été aménagés grâce à la technique de la boîte dans la boîte : la construction de structures 3D préfabriquées en ossature bois à l’intérieur du volume existant. Ces structures sont thermiquement isolées à l’aide de laine de roche dans leurs parois et toitures. La toiture du bâtiment a été isolée à l’aide de laine de roche soufflée. Résultat, le bâtiment est conforme à la RE2020 et vise un label E+C-.
Des locaux mutualisés en catégorie Établissement Recevant du Public, avec un espace de conférence de 260 m² et un espace d'exposition vitrine de 230 m², permettent l’accueil du grand public, offrant une meilleure visibilité du monde industriel grâce à l’organisation d’évènements, d'expositions ou d'actions emploi formation.
Une succession de petits ateliers de 200 à 400 m2 accueillent des start-ups industrielles. © PP
Le coût d'acquisition du Bâtiment 78 par Rennes Métropole s'élève à 6 125 400 € HT. Le coût des travaux de la première phase est d’un montant de 14 953 282 € TTC, avec un co-financement à hauteur de 2 500 000 € de la part de l'État dans le cadre du Fonds national d'aménagement et de développement du territoire et 300 000 euros d'aide de la Région Bretagne. Le coût prévisionnel des travaux de la seconde phase est quant à lui estimé à 4 454 256 € TTC.Un co-financement de 1 700 000 € vient s'ajouter de la part de la Région Bretagne. © PP