Au Carrefour International du Bois 2024, Mocopinus remplace le mélèze de Sibérie

Finition Hydrostop H20 Lignopro présentée au CIB. © Jjonas Tophoven

Au Carrefour International du Bois, le producteur allemand de bardages trouve la parade à l’arrêt des importations de mélèzes de Sibérie.




Lors de la dernière édition du CIB (Carrefour International du Bois), la fermeture du marché russe était encore trop fraîche. Depuis, il a fallu trouver une alternative pour les 50 000 m3 de mélèze de Sibérie importés chaque année par le raboteur de Karlsruhe. Il est vrai que ce dernier a notablement diversifié sa gamme d’essences depuis l’époque Pinus renvoyant à l’origine aux pins sylvestres, qui ne jouent de rôle dans la gamme. Le Douglas est importé de France, et l’épicéa vient du Nord, en particulier de la Finlande, encore à l’abri des scolytes.

 

Moulurière WACO ancienne mais robuste et flexible, selon Mocopinus sans égal sur le marché. © Jonas Tophoven

 

 

Le mélèze européen n’est pas une bonne alternative pour le mélèze de Sibérie, selon Mocopinus. Mocopinus décide de traiter plutôt l’épicéa en autoclave. Associé désormais à une huile en phase aqueuse déperlante pour une gamme de huit teintes (finition Hydrostop H20 Lignopro), ou une peinture silicate (finition KEIM Lignosil-Artis), la solution épicéa devient compatible avec la classe 3. Selon Eric Erdmann, co-directeur de Mocopinus avec Ulrich Braig, globalement, la solution alternative permet de réaliser une économie de coût de production par rapport au support en mélèze de Sibérie.

 

 

 

Mocopinus, un poids lourd du bardage français

Depuis dix ans, le conglomérat de raboteurs créé au 19e siècle a été restructuré sur deux sites allemands avec une nouvelle enseigne, Mocopinus, combinant la marque dominante des marchés nord-est (Moco) et la marque Pinus implantée dans le sud de l’Europe. L’un des maîtres d’œuvre de l’opération, Eric Erdmann, a démarré sa carrière professionnelle au sein de l’enseigne initialement implantée à Ulm, en 2006, dans le département des ventes. Il est désormais le co-directeur général d’une entreprise familiale (Scheuffele) en quatrième génération, transmise en plusieurs branches qui exercent leur influence dans le conseil de surveillance.

 

Eric Erdmann, co-directeur général de Mocopinus, présente la finition Hydrostop par l'exemple. © Jonas Tophoven

 

 

115 millions de CA (300 employés) dont 26 % en France, cela fait un acteur important du marché français des bardages, fidèle au négoce. Chez Mocopinus, le nombre des commerciaux salariés pour le marché français a été porté de trois à quatre, la grande région de prescription étant l’arc alpin et l’ex–région Rhône-Alpes (deux commerciaux), où Mocopinus tient la dragée haute aux spécialistes locaux Lalliard ou Sivalbp.

 

 

 

La France comme remue-méninges

Selon Erdmann, le marché français des bardages de cavalerie souffre, mais celui des solutions de prescription, où Mocopinus se place, est en progression. Le marché français est assez similaire à celui du Benelux et souvent en avance sur le marché allemand, qui représente tout de même 60 % des ventes du fabricant. Exemple, le rainage en bout, banal en France, tarde à se répandre Outre-Rhin. Pour Mocopinus, le marché français est un empêcheur de tourner en rond. Et pour les Français, Mocopinus est un empêcheur de penser en rond. Un Allemand, oui, mais si proche que 60 des 200 collaborateurs du site de Karlsruhe vit en Alsace, la frontière se trouvant à moins de 15 kilomètres.

Chez Mocopinus, les Waco ne sont pas là pour battre des records de vitesse, mais pour disposer d’un nombre de broches supérieur à ce que les moulurières modernes peuvent proposer. Ce qui n’empêche pas de lui flanquer un Woodeye (scanner) de la dernière génération, comme dans une gestion d’outil à la Japonaise, qui marie l’ancien et le nouveau. D’ailleurs, chez Mocopinus, les marques de machines sont plutôt multiples et l’Italie est très bien représentée, notamment dans le domaine du surfaçage et des peintures. Préjugé encore, Mocopinus n’est pas à proprement parler un raboteur, puisqu’il produit aussi ses peintures, depuis 40 ans, tout en connaissant parfaitement l’interaction entre ses bardages et les peintures des marques dominantes.

 

 

 

Innover comme un leader

Pour la France, Mocopinus produit des lames de bardages classées B, dispose de FDES pour les platelages, bardages et lambris. L’ancrage négoce pourrait-il freiner son approche délibérément prescriptive ? Il n’en est rien selon Eric Erdmann, qui estime que les architectes français consultent Mocopinus si fréquemment que l’on a du mal à suivre. Deux ingénieurs bois ont été embauchés et développent une évolution majeure, en collaboration avec l’entreprise suisse Erne AG. Il s’agit de proposer des modules de bardage grâce à une production robotisée. Au CIB, Mocopinus ne va qu’évoquer cette évolution à ses clients. Le lancement sur le marché est prévu autour du salon BAU de Munich en janvier 2025.

 

Au siège de Mocopinus à Karlsruhe, où travaillent énormément de Français, un beau bardage coloré comme il en manque en France. © Jonas Tophoven

 

 

D’ailleurs, aller vers la préfabrication de modules ne change pas seulement la donne en bardages, mais aussi dans les autres domaines où le raboteur allemand est présent : les terrasses, les plafonds, les lambris… La justification ? Il manque partout de la main–d’œuvre et par ailleurs, la préfabrication optimisée réduira le gâchis de matière.

Pour l’interface des négoces, ce ne sera pas facile de prendre ce tournant industriel, qui ne deviendra pas pour autant systématique puisque les robots sont en Suisse pour l’instant. L’offre préfabriquée correspond parfaitement à l’émergence actuelle d’acteurs de la façade bois intégrée, et aux besoins du marché de la rénovation énergétique par ITE dans un contexte de réduction de l’impact carbone, si la RE2020 accouche enfin d’une RE2025 digne de ce nom.



Source : batirama.com / Jonas Tophoven

L'auteur de cet article

photo auteur Jonas TOPHOVEN
Jonas Tophoven est journaliste de la presse professionnelle de la construction et du bois en France et en Allemagne depuis 30 ans. Le thème qui lui tient particulièrement à cœur est la réduction drastique des émissions de GES dans la construction, première émettrice humaine du monde devant l'agriculture, avec un impact renforcé en France. Il a d'abord travaillé pendant 12 ans sur la construction sèche, puis depuis 15 ans sur la construction bois préfabriquée et il collabore depuis 10 ans à la programmation des quelque 150 conférences annuelles du Forum Bois Construction, congrès des acteurs de la construction biosourcée.
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