Elogie-Siemp livre 38 logements neufs intermédiaires en structure bois à Paris

La façade du nouveau bâtiment Elogie-Siemp de 38 logements, côté jardin

Pour un coût de construction de 2.577 € HT/m², le bâtiment Elogie-Siemp rue Paul Bourget à Paris est labellisé BBCA, E3C2 et atteint le niveau 3 du label Bâtiment Biosourcé avec 107 kg de matière biologique/m².




Elogie-Siemp, un bailleur social parisien qui construit du neuf, rénove de l’ancien et gère environ 30.000 logements essentiellement à Paris a été chargé de la réalisation de la plupart des lots de la ZAC Paul Bourget, située porte d’Italie dans le treizième arrondissement de Paris. C’était un quartier réalisé rapidement durant les années 50 pour faire face à la formidable crise du logement de l’époque, celle de l’appel de l’Abbé Pierre (1er février 1954). Les bâtiments devenus vétustes et les espaces publics peu valorisés, la Ville de Paris a décidé de reconstruire le quartier Paul Bourget dans son ensemble. Les 12 et 13 novembre 2013, le Conseil de Paris a ainsi approuvé le dossier de réalisation de la ZAC (Zone d’Aménagement Concerté) Paul Bourget et en a confié la réalisation à la Semapa au travers d’une concession d’aménagement. L’opération a débuté en 2014.

 

Le nouveau quartier Paul Bourget s’organise autour d’un jardin qui est le prolongement du parc Kellerman jusqu’à l’avenue de la Porte d’Italie. Son aménagement devrait être fini en 2025. Le programme comporte 365 logements sociaux, 75 logements étudiants et 38 logements intermédiaires à l’opposé du périphérique, 18.500 m² de bureaux contre le périphérique, une médiathèque de 1.000 m², 4.500 m² de commerces et activités, 9.700 m² d’hôtel, 9.000 m² de jardin et 16.150 m² d’espaces publics créés ou requalifiées. ©Semapa

 

Le bâtiment construit sur le lot 6 est orienté Nord/Sud. La façade nord donne sur Paris, sans vis-à-vis. La façade sud donne sur le jardin de 9.000 m² et offre de larges ouvertures et balcons. Les ouvrants sont protégés par des BSO extérieurs. Entre chaque niveau est monté une plaque d'acier de 20 cm de profondeur pour respecter le crtière C+D de lutte contre l'incendie. ©PP

 

 

Détruire et reconstruire en relogeant les habitants

 

L’idée de la Semapa était de construire un premier bâtiment pour reloger les habitants d’un bâtiment qui allait être détruit, etc. Le jeudi 25 janvier, grâce au CNDB (Comité National pour le Développement du Bois) dont l’une des missions consiste à promouvoir la construction bois, nous avons visité le lot 6 réalisé par Elogie-Siemp au 9-11 rue Paul Bourget. C’est un bâtiment R+9 de 38 logements intermédiaires dont le loyer est de l’ordre de 18 à 19 €/m² selon les logements. Le bâtiment est construit, sans sous-sol, posé sur pieux, en ossature mixte acier/béton. Ses architectes sont Philippon-Kalt architectes urbanistes. L’opération a fait l’objet d’un contrat de Conception Construction en 2019, conduit par l’entreprise Legendre Construction et qui associe les architectes et les BET INGEBOIS (structure), AMODEV (Corps d’Etat Techniques) et AVA (Acoustique). Le permis de construire date de fin 2021, donc sous la RT2012 néanmoins, les travaux ont commencé en février 2022 et le bâtiment a été livre le 15 novembre 2023.

 

L’emploi du bois a apporté des avantages et des inconvénients, principalement issus, pour ces derniers, de l’évolution rapide de la règlementation contre l’incendie dans les bâtiments collectifs de logements construits en bois.

 

Le bâtiment de 31 m de haut est en structure mixte bois-acier. Poteaux et poutres en acier, murs porteurs et plafond en CLT fabriqués par KLH et usinés d’abord par Création Bois, qui a déposé le bilan en cours de chantier, puis par le groupe Legendre. Pour assurer le contreventement, la circulation verticale est en béton, ainsi que les fondations et le rez-de-chaussée. ©PP

 

 

Structure mixte acier-bois

 

Les murs intérieurs et extérieurs sont en CLT reposant sur une ossature de poteaux et poutres en acier. Selon Gauthier Clavières, conducteur de travaux TCE chez Legendre Construction, la structure béton est la plus simple possible : RDC, dalle supérieure du RDC et cage d’escalier et d’ascenseurs. Tous l’aspect structure est pris en charge par le socle et le noyaux béton. La superstructure bois acier se compose de panneaux préfabriqués pour les murs et les planchers. Ils sont assemblés sur chantier : d’abord poteaux et poutres acier, ensuite murs CLT en périphérie du bâtiment, puis les plancher pour refermer le niveau. Après la défaillance de Création Bois, l’entreprise initialement retenue, la filiale charpente métallique du groupe Legendre qui a fabriqué et posé la majeure partie des panneaux.

 

La façade est en CLT de 20 cm d’épaisseur, renforcé touts les 60 cm par des poteaux bois verticaux, fermée par une plaque Fermacell pour la lutte contre le feu, puis par un pare-pluie pour l’étanchéité à l’air, puis par un isolant thermique en laine minérale. La toiture est en CLT, avec une ITE et une étanchéité à l’eau. La façade atteint 45 cm d’épaisseur.

 

Entre niveaux, les dalles atteignent 40 cm d’épaisseur : de 16 à 18 cm de CLT selon la portée de 4 à 5 m, puis une chape de 15 cm contenant l’émetteur du plancher chauffant basse température et fermée un plancher collé. En sous-face, un plénum fermé par deux BA18 pour la protection acoustique aux bruits de choc contient tous les réseaux. Ce qui facilitera leur maintenance, puisqu’ils demeurent facilement accessibles.

 

Le bardage de la façade est en mélèze traité par un saturateur brun pour favoriser un vieillissement harmonieux, dit Jean Kalt, l’architecte. ©PP

 

Les balcons sont en structure acier avec un plancher en CLT. Ils sont fixés sur une ossature acier verticale en H dans la façade et des consoles acier. ©PP

 

40% d’ENR

 

40% des besoins d’énergie du bâtiment du lot 6 seront couverts par des énergies renouvelables (ENR). Le chauffage est en effet assuré par une chaufferie avec deux chaudières gaz à condensation et une pompe à chaleur collective air/eau en toiture. L’eau chaude sanitaire est produite par 12 panneaux solaires thermiques avec un secours par les chaudières gaz quand c’est nécessaire.

 

Ce choix résulte d’une convention passée avec GRDF qui conduit à déployer des solutions de chauffage et de production d’eau chaude hybrides associant gaz naturel, pompe à chaleur géothermique, aérothermique et solaire thermique à travers la ZAC : chaque lot fait l’objet d’une solution différente. Le but est d’instrumenter tous les bâtiments pour comparer entre-elles ces différentes solutions.

 

"Les lots 1 et 2, qui ont été livrés en 2016, sont ainsi équipés d’un système classique, avec une chaudière à condensation gaz couplée à des panneaux solaires, et ce sont eux qui servent de référence", détaille Olivier Imbert, directeur de la maîtrise d’ouvrage d’Elogie-Siemp. "Les lots suivants, de leur côté, sont équipés de pompes à chaleur aérothermiques et le lot 8 de pompes à chaleur géothermiques. Ces trois lots ont été livrés en octobre 2019."

 

Le lot 6 que nous avons visité a été livré le 15 novembre 2023 et n’est pas encore complètement occupé. Le Costic assure la relève des données et leur analyse.

 

Malheureusement, nous n’avons pas pu visiter l’installation du lot 6 à cause du fameux problème récurrent : où est la clef de la chaufferie ?

 

Le coût de construction s’élève à 5,8 M€ HT, hors honoraires, pour 2.250 m², soit 2.577 € HT/m².

 

Dans chaque logement, le plancher chauffant est piloté par une vanne motorisée, actionnée par un thermostat d’ambiance mural Giacomini. ©PP



Source : batirama.com / Pascal Poggi

L'auteur de cet article

photo auteur Pascal Poggi
Pascal Poggi, né en octobre 1956, est un ancien élève de l’ESSEC. Il a commencé sa carrière en vendant du gaz et de l’électricité dans un centre Edf-Gdf dans le sud de l’Île-de-France, a travaillé au marketing de Gaz de France, et a géré quelques années une entreprise de communication technique. Depuis trente ans, il écrit des articles dans la presse technique bâtiment. Il traite de tout le bâtiment, en construction neuve comme en rénovation, depuis les fondations jusqu’à la couverture, avec une prédilection pour les technologies de chauffage, de ventilation, de climatisation, les façades et les ouvrants, les protocoles de communication utilisés dans le bâtiment pour le pilotage des équipements – les nouveaux Matter et Thread, par exemple – et pour la production d’électricité photovoltaïque sur site.
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