Deux utilisations du bois en construction neuve et en restructuration dans Paris

Une extension construite en bois réunit deux bâtiments existants

Deux chantiers, deux manières d'utiliser le bois : un bâtiment de logements neufs dans le XXème arrondissement, et la restructuration d’un lycée hôtelier transformé en médiathèque et Maison des Migrants.




Poussé par le souci de décarboner la construction, plus celui de construire de manière plus propre et plus rapide avec moins de nuisances de chantier pour le voisinage, l’emploi du bois se développe dans toutes les grandes villes. Les exemples sont légion dans Paris. En voici deux très différents : des logements collectifs neufs tout en bois et le bois employé à bon escient pour construire un bâtiment de liaison entre deux bâtiments existants.

 

Soixante logements neufs

 

Pour finir la ZAC Meurice, entre le périphérique et Les Lilas, mais toujours dans Paris, l’aménageur Paris 1 Métropole Aménagement avait lancé en 2018 une consultation à charge foncière fixe, associant promoteur et architecte. Le couple Groupe Giboire (promoteur) et LA Architectures (architecte mandataire) ont remporté la consultation en juillet 2018.

 

Les travaux ont débuté en juillet 2020 et les deux bâtiments, rassemblant 60 logements en accession et quatre locaux communs résidentiels pour une surface de 3.567 m² SHAB et 3.851 m² SDP, seront livrés en 2023 pour un coût de construction total de 10.700.000 € HT, soit environ 3.000 €/m². ©LA Architectes

 

 

L’aménageur souhaitait une construction exemplaire du point de vue environnemental : les bâtiments sont labellisés E3C2, label biosourcé niveau 3 et ont obtenu le label Biodivercity. Les besoins de chauffage des logements sont inférieurs à 16 kWhEP/m².an.

 

L’opération comporte deux bâtiments, alignés de part et d’autre d’un jardin intérieur. Ils s’élèvent à R+5, avec un retrait, des balcons et des terrasses dès le R+2. Ils reposent sur deux socles en R+1 pour le bâtiment sud et R+2 pour le bâtiment nord. Ces deux socles affichent 13 m de profondeur. Ce qui permet ensuite de ménager de nombreux retraits en partie haute. ©PP

 

 

Un macro-lot clos couvert élargi

 

Pour la construction, un macro lot clos-couvert, élargi au plafonds et planchers a été confié à l’entreprise CBS Lifteam. Seuls les locaux techniques, les soubassements en rez-de-chaussée et les cages d’escalier et d’ascenseur qui contribuent au contreventement sont réalisés en béton.

 

Tout le reste est en bois ou presque : structure en poteaux et poutres lamellées-collées, avec quelques poutres en acier sur des portées complexes, dalles O’portune de CBS Lifteam dans les logements, dalles en CLT mélèze sur les loggias. Les dalles O’portune, sous Avis Technique, permettent d’atteindre de grandes portées : jusqu’à 11 m sans appui intermédiaire. Elles sont fabriquées à partir de l’assemblage de planches posées verticalement, décalées sur la hauteur et connectées par des vis pour des charges usuelles de 250 à 500 kg/m².

 

Les coffres des murs du socle des bâtiments sont en fibres de bois Pavawall de Pavatex, remplis de ouate de cellulose et enduit grâce à un enduit à la chaux de Parexlanko. ©PP

 

 

Au-dessus des socles, les murs sont toujours en Pavawall, isolés par de la laine de roche et protégés par un bardage mélèze. Les terrasses sont isolées par l’extérieur, végétalisées et portent des panneaux photovoltaïques. La production photovoltaïque est entièrement revendue à Enedis et vient en déduction des charges de copropriété. ©LA Architectes

 

Enfin, le chauffage collectif est assuré par une chaufferie à granulés de bois.

 

Cette réalisation maximise l’emploi du bois.

 

Une restructuration avec "Lien" en bois

 

Un peu plus à l’intérieur de Paris, en bordure de la Place des Fêtes, la future Médiathèque James Baldwin est aménagée dans un ancien lycée hôtelier, longtemps laissé à l’abandon et squatté.

 

La ville de Paris a acheté ce site de 6.000 m² en 2008 et décidé d’y implanter une médiathèque de 2.800 m² et une Maison des Réfugiés. Cette dernière ne comporte pas d’hébergement – c’est la prérogative de l’Etat - , mais un accueil de jour avec salles, bureaux, sanitaires, … ©PP

 

Deux bâtiments proches existaient sur le site. Le projet de l’Atelier Philippe Madec Architecture qui a remporté la consultation en 2015 après six mois de travail, consiste à conserver les deux bâtiments existants, construit en béton surdimensionné en 1975, tout en les restructurant profondément et en les réunissant par "Le Lien", un bâtiment en bois. L’idée étant de démolir le moins possible.

 

Pour commencer et apporter de l’éclairage naturel dans la médiathèque, elle a été évidée en son centre pour créer un patio intérieur. ©PP

 

Dans certaines parties, des dalles d’étages ont été rognées, tout en conservant les poutres en béton dont le rôle structurel est majeur, pour créer de plus grands volumes.

 


De même le bâtiment qui abritera la maison des migrants a vu un le rez-de-chaussée renforcé par des poutres acier pour accroître sa résistance mécanique et l’adapter à sa nouvelle destination. ©PP

 

 

"Le Lien", quant à lui est un bâtiment en structure poteaux-poutres lamellées-collées avec plancher en CLT 5 plis fournis par KLH. ©PP

 

Le chantier est mené par CBC (groupe Vinci) et Cénomane pour la partie bois. Le Lien est un espace de circulation non-chauffé.

 

 

Certaines cloisons dans le Lien sont en terre crue, coulée comme du béton et préfabriquées par FEHR, spécialiste de la préfabrication béton, exactement avec les mêmes outils que le béton. ©PP

 

 

Les cloisons en terre crue, avec 1% de paille hachée, contiennent une structure en bois : un cadre et des montants verticaux tous les 10 cm. Ainsi qu’un filin métallique solidaire de la structure bois qui sert à l’accrochage des cloisons pour les opérations de déchargement, de levage et de mise en place. ©PP

 

 

Un joint coupe-feu sépare la structure bois du Lien des cloisons de terre crue. L’espace sera fini avec du liège liquide en bombe. Les cloisons en terre crue seront finies à l’éponge humide qui lissera leur surface, tout en laissant en place les irrégularités d’apparence. ©PP

 

 

Tous les bâtiments seront isolés par l’extérieur en fibre de bois Pavamur de Pavatex, encore lui. ©PP

 

 

Ce chantier coûtera 28,5 M€ HT en valeur totale estimée, dont 18 M€ HT de coût de travaux. ©PP

 



Source : batirama.com / Pascal Poggi

L'auteur de cet article

photo auteur Pascal Poggi
Pascal Poggi, né en octobre 1956, est un ancien élève de l’ESSEC. Il a commencé sa carrière en vendant du gaz et de l’électricité dans un centre Edf-Gdf dans le sud de l’Île-de-France, a travaillé au marketing de Gaz de France, et a géré quelques années une entreprise de communication technique. Depuis trente ans, il écrit des articles dans la presse technique bâtiment. Il traite de tout le bâtiment, en construction neuve comme en rénovation, depuis les fondations jusqu’à la couverture, avec une prédilection pour les technologies de chauffage, de ventilation, de climatisation, les façades et les ouvrants, les protocoles de communication utilisés dans le bâtiment pour le pilotage des équipements – les nouveaux Matter et Thread, par exemple – et pour la production d’électricité photovoltaïque sur site.
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