La mobilité hydrogène s’expose au salon Hyvolution

La mobilité hydrogène s’expose au salon Hyvolution

Le salon Hyvolution a été l’occasion de faire le point sur les développements de l’hydrogène en France. L’essentiel des efforts est tourné vers la mobilité.




Cette année, le salon Hyvolution s’est tenu à Paris, Porte de Versailles. Nous le suivons depuis longtemps, d’abord dans le Parc Floral à Vincennes, puis Porte de La Villette ces dernières années. En 2023, petite révolution, Hyvolution s’est installé Porte de Versailles, les 1er et 2 février, où le salon accueillait près de 400 exposants et offrait un programme de conférences étoffé.

 

 

La région Normandie soutient notamment le développement du moteur à hydrogène à combustion interne MCI H2, qui doit contribuer à la décarbonation de la navigation fluviale sur l’axe Seine. L’objectif consiste à atteindre une puissance de 100 kW/l, avec un rendement de 45%, c’est-à-dire une consommation de H2 de 70 à 100 g/kWh. L’espoir de "2.C.Hy.N", le consortium havrais qui pilote ce projet, lancé par 2CIR, une entreprise de maintenance industrielle, portuaire et navale, ainsi que par eHP², une société d’ingénierie motoriste, est l’émergence d’une filière de fabrication, distribution, installation et maintenance de moteurs à hydrogènes en Normandie, plutôt destinés aux navires fluviaux. ©PP

 

 

 

 

La mobilité avant tout

 

 

Lorsqu’on entre dans le pavillon 6 de la Porte de Versailles, deux choses frappent de prime abord. Premièrement, les régions françaises sont toujours très présentes. Cette année, 11 régions exposaient leurs stratégies hydrogène et les soutiens qu’elles déploient pour contribuer au développement de filières H2 locales.

 

Le 1er février à l’ouverture du salon, Agnès Pannier-Runacher a d’ailleurs annoncé les 14 nouveaux lauréats de l’appel à projet "Ecosystèmes territoriaux hydrogène". Cet appel à projet, géré depuis 2018 par l’Ademe, s’est assez largement focalisé, pour le moment, sur la production de H2, le développement de stations de distribution et la croissance des flottes de véhicules utilisant l’hydrogène.

 

Les 14 projets retenus dans cette troisième vague portent tous sur la mobilité de véhicules lourds ou de bateaux. Coordonné par Hynamics, le projet H2 Seine Vitry, par exemple, a pour but de développer une production d’hydrogène à partir d’une capacité d’électrolyse de 2 MW à Vitry-sur-Seine, afin d’alimenter des camions de 44 tonnes, des bennes à ordures, des camions toupies à béton, etc.

 

Au total, les appels à projets lancés par l’Ademe depuis 2018 ont sélectionné 46 dossiers qui ont abouti à la création de 35 écosystèmes hydrogène à travers la France. Un nouvel appel à projet sera lancé en 2023, plutôt orienté vers les usages industriels cette fois-ci.

 

Deuxièmement, les solutions liées à la mobilité – les stations de ravitaillement, les véhicules neufs ou rétrofités, … - dominent les stands de Hyvolution 2023. On trouve tout d’abord des offres de distributeurs de H2 – on ne dit pas pompes à hydrogène, semble-t-il – en quantité. Ils sont à la fois conçus pour des utilisations industrielles, comme ravitailler des chariots élévateurs dans une usine ou sur un site logistique, ou bien pour de futures stations-services H2.

 

Selon l’association France Hydrogène qui rassemble les acteurs de la filière H2, il existait fin 2022 seulement 58 stations de distribution d’hydrogène à travers le pays, desservant 1.155 véhicules, dont 33 bus, 240 bicyclettes, une benne à ordures, 550 voitures, 325 chariots élévateurs et trois camions.

 

 

Dover Fueling Solution proposait plusieurs stations de ravitaillement en hydrogène. Elles sont modulaires, permettent deux chargements simultanés. Elles sont naturellement connectées – Sigfox ou LoRaWan – à la fois pour un suivi du fonctionnement, une maintenance préventive et le déclenchement d’un réapprovisionnement. ©PP

 

 

Le Français Blocalps (73) fournit des systèmes de distribution d’hydrogène pour des pressions de 350 ou de 700 bar, avec refroidisseur intégré (de -20 à -40°C), en versions industrielles ou personnalisable. Blocalps vient de livrer sa première station de distribution complète en Autriche. ©PP

 

 

Le groupe ACS Steel, parfaitement français malgré son nom, a créé SteelHy (38), une entité consacrée à l’hydrogène. SteelHy propose SteelHy Pump, une gamme de distributeurs de H2, SteelHy Pay, une borne protégeant et connectant des terminaux numériques pour le paiement, des skids et de la tuyauterie, Steelhy Box, des conteneurs pour abriter des stations H2 complètes.

 

 

Outre les distributeurs d’hydrogène, les offres complètes de station H2 se multiplient. Elles vont de la production sur site à partir d’électrolyseurs alimentés en électricité vert, jusqu’au distributeur (celui qu’on n’appelle pas une pompe), en passant par la compression, le stockage et le refroidissement de l’hydrogène. Flex’hy, une société du groupe Green Corp Konnection du Bourget du Lac (73) ou le nantais Madic Group en proposaient à Hyvolution. Elles sont de toutes tailles, allant d’une capacité inférieure à 40 kg/jour à plus de 2.000 kg/jour.

 

 

Le français Elogen propose des stations H2 complètes, y compris production sur site, stockage, compression, refroidissement, … autour de sa technologie d’électrolyseurs PEM (Protons Exchange Membranes). Son usine actuelle, installée aux Ulis, a une capacité de production annuelle de 160 MW. L’entreprise est engagée dans la construction d’une autre usine de plus de 1 GW – du coup, Elogen parle d’une gigafactory - à Vendôme. Ce nouveau site devrait être en fonctionnement en 2025. ©PP

 

 

Quels véhicules à hydrogène ?

 

 

Le français Pragma Mobility montrait Alpha Neo, son nouveau vélo à hydrogène, ainsi que trois stations de recharge. La première, cyclHic, destinée à une installation sur la voie publique, a été conçue avec Alpha Process et possède une capacité de stockage de 54 à 108 l de H2. La seconde, mise au point avec ROTH2, est plutôt destinée aux flottes captives et stocke de 108 à 540 l de H2. La troisième, développée avec H2Gremm, propose une production par électrolyse sur site pouvant atteindre 1 à 10 kg de H2 par jour. H2Gremm développe par ailleurs une solution d’autonomie énergétique pour la maison individuelle, le petit collectif et le petit tertiaire. Alpha Neo, le nouveau vélo à pile à combustible de Pragma Ingenious Hydrogen, se charge en 2 minutes, atteint 150 km d’autonomie sans batterie électrique.

 

En ce qui concerne les véhicules électriques, deux approches étaient exposées à Hyvolution 2023 : le retrofit ou le véhicule neuf. En ce qui concerne le retrofit, pour l’instant, GCK Mobility – une filiale du français Green Corp Konnection – propose une solution hybride : moteurs électriques alimentés par une ou deux piles à combustible. L’entreprise utilise des piles à combustible développées par Symbio, d’une puissance de 45 à 70 kW. GCK Mobility étudie également une pile à combustible de plus forte puissance, de l’ordre de 150 à 170 kW, pour équiper des engins de chantier.

 

En attendant, après s’être attelé au retrofit de bus et autocars, puis de camions tracteurs, GCK Mobility proposait à Hyvolution le retrofit d’utilitaires Renault Master L2H2 130 et 165 CV. Le processus n’est pas simple, il faut notamment homologuer le processus modèle par modèle.

 

Dès le second trimestre 2024, une entreprise pourra confier son Master L2H2 à GCK Mobility qui l’immobilisera pendant deux mois, puis le rendra équipé d’une pile à combustible et d’un moteur électrique, avec carte grise, en échange de 95.600 € HT. Pour ce prix, le Master retrofité atteindra une autonomie de 400 km, une vitesse de pointe de 130 km/h et sera capable de monter des pentes conséquentes à pleine charge.

 

Si GCK Mobility a choisi la pile à combustible dans un premier temps, ce n’est que la mise au point d’un moteur à explosion fonctionnant à l’ydrogène soit impossible. C’est plutôt que la règlementation française sur le retrofit des véhicules, publiée en mars 2020 ne l’envisage pas.

 

Le groupe GCK s’y prépare cependant. Une autre filiale du groupe – Solution F – développe un moteur et une méthode. GCK Mobility propose d’ailleurs dès à présent le retrofit part moteur hydrogène à explosion pour les engins de chantier, les machines agricoles et certains engins de chantier, … autant de véhicules qui peuvent bénéficier d’une auto-certification par leur constructeur original.

 

En ce qui concerne les véhicules neufs, Hyvia, filiale du groupe Renault et de Plug (ex-Plug Power) fabricant de piles à combustible, d’électrolyseurs et de stations de chargement H2, présentait ses nouveaux Master à hydrogène dans trois versions différentes : un fourgon, un châssis équipable et un minibus. Le fourgon est disponible dès à présent

 

 

Le fourgon hydrogène Master Van H2-Tech est déjà sur la route en ce début d’année 2023. Il propose zéro émission, plus de 400 km d’autonomie (cycle WLTC), 5 mn de temps de recharge, 12 m³ de volume et 1,80 m de hauteur dans la zone de chargement. Pour la phase pilote, ce véhicule a déjà été commandé par Chronopost, Engie, Orange, Equans, … Il embarque une pile à combustible Plug de 30 kW et quatre réservoirs sous 700 bar de pression qui stockent 6,4 kg de H2. Il possède un moteur électrique de 57 kW, alimenté par une batterie de 33 kWh. La batterie seule assure 100 km d’autonomie. ©PP

 



Source : batirama.com / Pascal Poggi

L'auteur de cet article

photo auteur Pascal Poggi
Pascal Poggi, né en octobre 1956, est un ancien élève de l’ESSEC. Il a commencé sa carrière en vendant du gaz et de l’électricité dans un centre Edf-Gdf dans le sud de l’Île-de-France, a travaillé au marketing de Gaz de France, et a géré quelques années une entreprise de communication technique. Depuis trente ans, il écrit des articles dans la presse technique bâtiment. Il traite de tout le bâtiment, en construction neuve comme en rénovation, depuis les fondations jusqu’à la couverture, avec une prédilection pour les technologies de chauffage, de ventilation, de climatisation, les façades et les ouvrants, les protocoles de communication utilisés dans le bâtiment pour le pilotage des équipements – les nouveaux Matter et Thread, par exemple – et pour la production d’électricité photovoltaïque sur site.
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