Interclima 2022, solaire thermique, réseaux de chaleur et apparition de l’hydrogène

Interclima 2022, solaire thermique, réseaux de chaleur et apparition de l’hydrogène

À Interclima, il n’y a pas que des pompes à chaleur. Les industriels continuent de développer des chaudières gaz, des sous-stations pour réseaux de chaleur et des solutions à base de solaire thermique.




C’est vrai, on pourrait croire au premier coup d’œil qu’Interclima est devenu un salon largement consacré à la thermodynamique. Et d’ailleurs, nous avons remarqué d’autres pompes à chaleur, de diverses puissances, utilisant notamment du R290. La semaine prochaine, dès mardi 11 octobre, nous serons au salon Chillventa : froid, ventilation et climatisation à Nuremberg. Ce sera l’occasion de faire le point sur les développements des nouveaux fluides dans les machines thermodynamiques, en utilisant à la fois nos découvertes de cette semaine à Interclima et ce que nous verrons à Chillventa.

 

 

Les chaudières gaz à Interclima

 

 

En attendant, à Interclima 2022, il n’y avait pas que des pompes à chaleur, des mutlisplits et des DRV. Les constructeurs raffinent leurs chaudières gaz étanches à condensation à propos desquelles deux écoles se font face. Toutes les chaudières embarquent des brûleurs modulants à prémélange, des sondes de O2 pour piloter la combustion et, à puissance égale, deviennent de plus en plus compactes.

 

Dans le détail cependant, deux écoles s’affrontent à propos des corps de chauffe : fonte d’aluminium ou acier inoxydable ? Le groupe Vaillant a choisi les corps de chauffe en acier inoxydable du breton Sermeta. Viessmann exploite la même technologie, mais les fabrique lui-même, … Weishaupt demeure fidèle à la fonte d’aluminium pour ses chaudières murales WTC-GW 25-B K-35-P, par exemple. Cette chaudière embarque un système SCOT pour maintenir une bonne hygiène de combustion.

 

 

Même Frisquet a adopté l’acier inoxydable pour son corps de chauffe, tout en conservant l’abondance de cuivre qui est sa marque de fabrique. Frisquet, industriel français, reste également fidèle au solaire thermique, proposant toujours l’association condensation gaz + solaire thermique grâce à son Hydroconfort Solaire. ©PP

 

 

Les solutions de chauffage collectif

 

 

Côté haute puissance, Atlantic montre à Interclima sa gamme de chaudières gaz au sol Varmax. Les modèles disponibles vont de 120 à 600 kW, jusqu’à 1,2 MW en version Twin qui associe deux générateurs en cascade. Ces chaudières très compactes occupent de 0,8 m² au sol pour 140 kW à 1,85 m² pour 600 kW. Nous les avons longuement décrites en visitant l’usine de Pont-de-Vaux où elles sont fabriquées.

 

Atlantic évalue à environ 20 000 pièces le marché annuel français des chaudières de plus de 36 kW : 5000 pièces en construction neuve, 6000 pièces en rénovation de chaufferie gaz en immeubles collectifs et 9000 en rénovation de chaufferies tertiaires.

 

 

Atlantic présente également à Interclima ses sous-stations pour chauffage urbain. L’Ademe, le SNCU (Syndicat National du Chauffage Urbain) et la Fedene ont en effet entamé un effort de développement des réseaux urbains de chauffage et de froid dans les villes moyennes au début de l’année 2022, avec notamment le financement des études préalables, dont on peut attendre un élargissement de ce segment de marché très particulier. ©PP

 

 

 

 

Un réseau de chauffage urbain, pour accéder à une TVA réduite de 5,5% doit utiliser en majorité des Energies Renouvelables (ENR) : géothermie, pompes à chaleur haute température de grande puissance, chaufferie biomasse ou même solaire thermique.

 

Aucun exposant ne proposait à Interclima de pompes à chaleur haute puissance et haute température, peut-être y en aura-t-il à Chillventa la semaine prochaine. Mais Viessmann met en avant ses capteurs solaires thermiques de grande surface VITOSOL 200-T type SPX. Ce sont des capteurs à tubes sous vide, exploitant la technologie du caloduc, certifiés Solar Keymark, d’une surface de 5,05 m² à 10,3 m² et acceptant une température d’eau jusqu’à 120°C.

 

Viessmann les destine aux installations de plus de 200 m² de surface de capteurs, en collectif, en industrie et sur les réseaux de chauffage urbain.

 

 

Les Modules Thermiques d’Appartement (MTA)

 

 

En immeubles collectifs, une solution de chauffage collective, quels que soient les générateurs en chaufferie, fait de plus en plus à des MTA ou Modules Thermiques d’Appartement. Ces appareils assurent en général la régulation appartement par appartement, la production d’ECS instantanée ou avec de petits stockages et fournissent les raccordements nécessaires pour la pose de comptages de chaleur (mesure de débit et de la différence de température entrée-sortie).

 

 

Viessmann et Atlantic, ainsi que Thermador, présentent de nouveaux MTA à Interclima. Chez Viessmann, le Vimodule MTA est disponible en quatre versions : MTA R : chauffage par radiateurs et ECS instantanée, MTA P : plancher chauffant et ECS instantanée, MTA C : solution compacte pour chauffage par radiateurs et ECS instantanée, MTA E seulement pour la production d’ECS instantanée. ©PP

 

 

 

 

Chez Atlantic, le MTA est un Module Technique d’Alimentation. Les MTA d’Atlantic appartiennent aux gammes Micro et Mini et offrent huit modèles différents au total. La sous-station Miniplus est particulièrement intéressante, c’est une sous-station de chauffage urbain de faible puissance destinée à un commerce, de petits bureaux, … elle produit chauffage et ECS. Le modèle Micro STC Connectable est lancé à la faveur d’Interclima 2022. Il assure la régulation, le comptage éventuellement, la production d’ECS avec une connexion pour le pilotage à distance et la relève à distance des consommations. ©PP

 

 

Vers un mélange de différents gaz

 

 

La grande nouveauté en ce qui concerne les solutions gaz à Interclima, c’est l’avènement de l’ère du mélange des gaz. Le gaz naturel, à cause de la RE2020 qui pénalise son contenu carbone, de la guerre en Ukraine qui introduit un risque de fourniture insuffisante et pousse violemment les prix à la hausse, est en perte de vitesse.

 

Mais voilà, la France et l’Europe possèdent une énorme infrastructure de transport de gaz. Il serait idiot de l’abandonner peu à peu. Donc, quantités d’industriels et d’organismes se démènent pour trouver des remplacements au gaz naturel qui l’on pourrait, en dosages variables, mélanger au gaz naturel dans les réseaux.

 

Il y en a deux : le gaz vert et l’hydrogène. Bernard Aulagne, président de Coénove, a lancé la mention Gaz Vert à Interclima le 5 octobre. Il a indiqué à cette occasion que la filière vise une part de 20% de gaz renouvelables produits localement dès 2030 pour atteindre 100% en 2050. Selon Perspectives Gaz 2021, les gisements potentiels de gaz vert atteignent en effet 420 TWh, dont 135 TWh pour la seule méthanisation. Ce qui représente un volume supérieur aux prévisions de consommations de gaz en 2050, tous secteurs confondus.

 

Quant à l’hydrogène, il n’a d’intérêt que vert, produit à partir de l’électrolyse de l’eau par de l’électricité issu d’ENR. Plusieurs industriels indiquent qu’ils sont prêts pour que leurs chaudières fonctionnent avec des mélanges de gaz naturel / gaz vert / hydrogène dans des proportions variables dans le temps : Viessmann, Bosch Thermotechnologie, elm leblanc, Vaillant et Saunier Duval, BDR Thermea avec notamment sa marque De Dietrich. Tous ont développé l’électronique de pilotage de la combustion qui, de manière presque instantanée, analyse le mélange qui parvient au brûleur et réajuste en temps réel les paramètres de combustion, pour assurer une bonne hygiène de combustion. ©PP

 

 

Mais seul BDR Thermea, pour l’instant, s’est intéressé à la production d’hydrogène. En association avec le français Bulane, au sein du projet LP2H (Local Power to Heat), lauréat du concours I-NOV 2020 (Ademe/PIA4), porté par BULANE, pionnière dans la conception d’électrolyseurs Hydrogène pour la combustion, équipe les chaudières gaz d’un électrolyseur innovant (dyomix® Plug’In Hybride Hydrogène) aux caractéristiques spécifiques, qui produit l’hydrogène au pied de la chaudière. ©BDR

 

 

En rénovation, par exemple, la solution technologique la plus adaptée serait l’installation d’une chaudière gaz compatible hydrogène alimentée par un électrolyseur intégré dans la chaudière. Un réseau photovoltaïque de trois capteurs alimenterait l’ensemble et une batterie de stockage permettrait le fonctionnement tout au long de la journée. Nous n’y sommes pas encore, mais nous en reparlerons sans doute souvent au cours de années à venir.



Source : batirama.com / Pascal Poggi

L'auteur de cet article

photo auteur Pascal Poggi
Pascal Poggi, né en octobre 1956, est un ancien élève de l’ESSEC. Il a commencé sa carrière en vendant du gaz et de l’électricité dans un centre Edf-Gdf dans le sud de l’Île-de-France, a travaillé au marketing de Gaz de France, et a géré quelques années une entreprise de communication technique. Depuis trente ans, il écrit des articles dans la presse technique bâtiment. Il traite de tout le bâtiment, en construction neuve comme en rénovation, depuis les fondations jusqu’à la couverture, avec une prédilection pour les technologies de chauffage, de ventilation, de climatisation, les façades et les ouvrants, les protocoles de communication utilisés dans le bâtiment pour le pilotage des équipements – les nouveaux Matter et Thread, par exemple – et pour la production d’électricité photovoltaïque sur site.
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