Maçonnerie : trois techniques de mise en œuvre

Maçonnerie : trois techniques de mise en œuvre

Entre tradition et innovation, le secteur de la maçonnerie évolue à grande vitesse, les habitudes de travail se modifient avec un seul mot d’ordre : le confort de pose.




 

Joint épais, joint mince ou, très récemment, cordons de mousse polyuréthane… l’artisan-maçon a aujourd’hui le choix pour monter un mur.

 

Avec l’évolution des techniques, c’est aussi la gestion du chantier qui change. Grâce à l’utilisation du rouleau ou de la pelle crantée, la pose collée, par exemple, permet de contrôler les quantités de mortier déposé (qui se prépare rapidement par malaxage mécanique au pied du mur, dans un seau) en évitant tout gaspillage.

 

Passées les difficultés d’adaptation, facilement surmontées selon les dires des professionnels qui s’y sont mis, le chantier bénéficie d’une exceptionnelle qualité de finition: pas de trace de mortier sur les éléments de maçonnerie et en pied, une finition nette avant même que les murs ne reçoivent l’enduit de finition, pas de silo de mortier prêt-à-l’emploi ou de zone de stockage de ciment et de sable, moins de déchets… Au final, un chantier plus propre !

 

Autre avantage, les joints verticaux secs, réalisés par emboîtement, atténuent l’apparition des spectres de joints de maçonnerie au travers des enduits.

 

Avec la commercialisation de la mousse polyuréthane conditionnée en cartouche, la pénibilité, la manutention, les nuisances sonores dues à la bétonnière sont encore réduites, sans parler du stockage puisque, selon le fabricant, il faut compter une seule cartouche de liant-colle par palette de briques en remplacement d’un sac de mortier-colle de 25 kg.

 

 

AVIS D'EXPERT

 

Wilfried Pillard
Directeur Technique UMGO-FFB
(Union Maçonnerie Gros Œuvre – Fédération Française du Bâtiment)

 

« Le choix de la mise en œuvre dépend de la nature des blocs »

 

Il existe une segmentation du marché : le montage des blocs béton traditionnels se réalise encore à joint épais au mortier traditionnel tandis que la pose à joint mince concerne majoritairement les briques de terre cuite rectifiées ou les blocs de béton cellulaire même si cette tendance évolue avec le développement des blocs béton rectifiés.

 

Les artisans maçons vont de plus en plus vers la pose à joint mince qui permet de revendiquer des performances thermiques des éléments de maçonnerie et donc d’améliorer la résistance R de la paroi. La pose à joint mince ne présente pas de difficulté particulière mais la réalisation doit être particulièrement soignée.

 

Contrairement à la technique du joint épais, le droit à l’erreur est interdit : impossible de rattraper des défauts d’exécution sur le rang suivant. La mise en œuvre du premier rang se doit donc d’être rigoureuse.

 

Concernant la dernière technique en date par montage avec une mousse polyuréthane, même si les artisans maçons sont très sensibles à l’aspect innovant de ces produits, il faut leur laisser le temps de modifier leurs habitudes de travail.

 

Un bon point cependant, si les produits de joint utilisés sont sous Avis technique, la mise en œuvre par double cordon de mousse polyuréthane est, quant-à-elle, conforme au DTU 20.1 qui autorise la rupture du joint horizontal.




 

Solution 1 : Mortier traditionnel pour joint épais

 

 

C’est la technique la plus ancienne, propre aux blocs béton traditionnels, demandant savoir-faire et coup de main pour obtenir un travail soigné.

 

Avec cette technique, l’épaisseur des joints horizontaux est comprise entre 1 et 2 cm. Dans le cas de briques de terre cuite, les poches à mortier des joints verticaux peuvent être laissées sèches, exceptées en zone à risque sismique ou en cas de jonction avec des éléments de blocs coupés pour ajustement.

 

Les joints verticaux

des blocs de béton (espacés d’environ 15 mm) doivent être bourrés de mortier, à la truelle tout en appliquant la taloche d’un côté des blocs puis de l’autre. En finition, ils seront égalisés avec une cale en polystyrène en faisant des petits mouvements circulaires.

 

Le mortier utilisé

(mélange de liant, sable, eau et éventuellement d’adjuvants) peut être préparé sur le chantier par le maçon, acheté sous forme de mortier sec prêt à gâcher (ayant pour avantage de présenter une composition constante) ou encore fabriqué en centrale prêt à l’emploi, les dosages étant fonction de l’usage et précisés dans le DTU 20.1.

 

Pour obtenir un lit régulier

, le mortier doit être étalé sur toute la largeur des blocs, à la truelle (déposez une réserve de mortier sur la taloche pour simplifier le travail). Une taloche inclinée est ensuite passée sur les arêtes pour former des chanfreins ce qui évitera d’une part les retombées en posant les blocs de maçonnerie et limitera la stagnation de l’eau et sa pénétration par l’interface bloc / mortier.

 

Le type de joint favorisant au mieux l’écoulement de l’eau est le joint dit “en glacis”. Les blocs sont posés en tassant le mortier à l’aide d’un maillet pour assurer un contact parfait. A mesure que le mur s’élève, il est indispensable de contrôler l’horizontalité de la construction avec un niveau et la verticalité avec un fil à plomb.

 

Intérêt :

  Les différents modes de préparation du mortier permettent de s’adapter aux contraintes de chaque chantier.




 

Solution 2 : Mortier colle pour joint mince

 

 

Dédiée aux éléments de maçonnerie rectifiés, la pose collée présente de nombreux avantages : économie de main d’œuvre, confort de pose, faible consommation de liant-colle et d’eau de gâchage (environ 7 litres pour un sac de 25kg)…

 

Pour tous les professionnels qui l’ont adoptée, la pose collée répond à une double logique, à la fois de confort de pose (temps de mise en œuvre réduit de 30 % une fois passé le bref apprentissage de la méthode) mais également thermique : la faible épaisseur du liant - colle utilisé (de l’ordre d’1 mm d’épaisseur contre 1 à 1,5 cm d’épaisseur en maçonnerie traditionnelle !) diminuent les ponts thermiques.

 

L’application du liant-colle

se fait au rouleau (pour les briques) ou à la pelle crantée (pour les blocs de béton ou béton cellulaire) sur toute la largeur des blocs, en choisissant une largeur de rouleau correspondant à l’épaisseur du mur à construire.

 

Le joint horizontal

, avant écrasement, doit former des picots sur environ 3 mm d’épaisseur (obtenus plus facilement en tirant le rouleau lentement) en s’assurant que le mortier soit étalé régulièrement sur toute l’épaisseur du mur, en commençant par les angles et en évitant les bavures sur l’extérieur des blocs.

 

La longueur de mortier colle à déposer doit tenir compte de la météo… En cas de forte chaleur, il est conseillé de n’appliquer le mortier colle que sur deux mètres et de poser rapidement les blocs préalablement humidifiés pour éviter le desséchement du mortier colle.

 

Après la confection de l’arase étanche

(lit de mortier hydrofuge de 1,5 cm d’épaisseur qui doit être parfaitement de niveau pour assurer l’aplomb du mur et le parfait alignement des matériaux), la mise en œuvre est simple : encollage, pose au cordeau bloc par bloc (fermement pour bien écraser le joint) à joint verticaux décalés.

 

Intérêt :

Hormis en zone sismique, en angle et en tableau, les joints verticaux sont secs, réalisés par simple emboîtement grâce au double profil d’emboîtement mâle / femelle des blocs.




 

Solution 3 : Liant colle polyuréthane

 

 

Adapté exclusivement aux maçonneries en briques de terre cuite rectifiées jusqu’à R+1, ce nouveau liant peut être utilisé en remplacement du mortier-colle pour joint mince.

 

Mis au point par Weinerberger, ce nouveau liant monocomposant en mousse polyuréthane à prise ultra rapide Dryfix® Porotherm génèrerait, selon l’industriel, un gain de temps supérieur à 30% par rapport à une maçonnerie réalisée à joint mince et 50% par rapport à celle réalisée au mortier traditionnel à la truelle avec, notamment, la suppression du temps de préparation du mortier ou mortier-colle.

 

Autre avantage, environnemental cette fois, les consommations d’eau nécessaires au gâchage des mortiers sont éliminées.

 


La mise en œuvre est des plus simples :

après la pose du premier rang sur une arase de mortier traditionnel, parfaitement ajusté, les rangs suivants sont collés à l’aide de cette mousse polyuréthane (PU). Les faces de pose horizontales sont préalablement débarrassées des poussières avec une brosse puis humidifiées pour accélérer la prise de la colle.

 

La mousse PU est déposée

sur les blocs de briques à l’aide d’un pistolet (la sortie du liant est régulée par une gâchette et peut être contrôlée par vis de réglage), non plus sur toute la largeur des blocs comme dans les deux autres techniques mais en deux cordons parallèles de 3 cm de diamètre et en respectant une distance de 5 cm par rapport aux bords pour éviter que le produit ne coule sur les faces intérieures et extérieures du mur.

 

Le professionnel travaille sur 2 à 3 m linéaires

de briques et dispose de 3 minutes pour emboîter les blocs. Si nécessaire, les joints verticaux sont remplis au mortier traditionnel mais, contrairement à la pose par joint mince, les joints verticaux peuvent rester secs même en zone sismique à condition que la hauteur sous plancher haut soit inférieure à 2,75 m et que les joints verticaux soient décalés d’une ½ longueur de brique.

 

Intérêt :

L’utilisation de cette colle permet de s’affranchir des problèmes d’intempéries puisqu’elle peut être utilisée par tous les temps et températures (de -5 °C à 35°C).


 

INFOS PRATIQUES

 

 

Formations pour la pose à joint mince

 

  • Briques de terre cuite :

La plupart des fabricants proposent des journées de formations à la carte, des démonstrations de mise en œuvre chez les négociants et un accompagnement d’une journée au démarrage du premier chantier.

  • Blocs Béton cellulaire :

Le fabricant Xella Thermopierre a signé une vingtaine de conventions avec des CFA, Centre de formations agréés, sur toute la France. Des journées sont organisées tous les jeudi et vendredi dans l’Isère et deux fois par mois à Montereau (77) et à Mios ( 33).

  • Blocs Béton :

BIP SAS organise des formations sur ses différents sites de productions en région bordelaise (33), à Toulouse(31), en Dordogne (24), en Corrèze (19) et dans le Lot-et-Garonne (47).



Réglementation

 

  • Depuis 2008, la nouvelle mouture du DTU 20.1 (NF P 10-202), “Travaux de bâtimentsOuvrages en maçonnerie de petits éléments. Parois et murs”  prend en compte la pose à joints minces des éléments de maçonnerie au même titre que le montage des blocs au mortier traditionnel.
  • Par contre, les mortiers-colles utilisés dans la pose à joint mince restent encore sous Avis Technique. Les mortiers traditionnels doivent répondre à la norme produit NF EN 998-2 de janvier 2004, “Définitions et spécifications des mortiers pour maçonnerie - Partie 2 : mortiers de montage des éléments de maçonnerie”.

 

Source : batirama.com / Virginie Bourguet

1 Commentaire
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  • par Marie
  • 17/01/2013 13:46:12

Finis les joints et les blocs à transporter. Dorénavant sur le marché, le béton de chanvre projeté directement sur chantier. Mélange de chaux et de Chanvre projeté par un machine spécifique qui emmène le mélange pré mixé sur le lieu de projection. Seul un fin brouillard d'eau humidifie les particules de chaux en suspension qui agglomère le chanvre. Ce dernier n'a donc pas le temps de s'imprégner d'eau. Rendement moyen en isolation intérieure de 120 m² par jour. Béton léger à forte densité. Projection de quelques cm à 50 cm en une seule passe.

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