La prise en compte du confort d’été dans la RE2020

La prise en compte du confort d’été dans la RE2020

Dans la RE2020, le nouveau coefficient DH ne pèse vraiment sur la conception que dans les deux zones climatiques les plus chaudes. Plusieurs dispositions sont efficaces contre l’inconfort d’été.




L’une des grandes nouveautés de la RE2020, c’est la nouvelle façon dont elle aborde le confort, ou plutôt, l’inconfort d’été.

 

Dans la RT2012 et notamment dans les logements particulièrement bien isolés et labellisés BBC Effinergie qui utilisaient la méthode de calcul RT2012, le respect du confort d’été a souvent débouché sur des résultats particulièrement désastreux, avec des surchauffes insupportables.

 

La RE2020 a donc initié une nouvelle méthode de prise en compte de l’inconfort d’été, concrétisée par le calcul de l’indicateur DH, pour °C.heure.

 

 

Plus proche de la physique du bâtiment, le calcul de DH de la RE2020 devrait donner des résultats plus fiables que la défunte approche par la TIC (Température Intérieure Conventionnelle) de la RT2012. ©PP

 

 

Le confort d’été dans la RE2020

 

 

Nous nous basons à nouveau pour écrire cet article, sur un webinaire proposé par le bureau d’études thermique et environnemental NRGYS.

 

Le nouvel indicateur DH, selon Frédéric Le Divenah de NRGYS, traduit le risque d’inconfort d’été. DH comporte un seuil bas et un plafond à ne pas dépasser.

 

DH est le nombre de degrés-heures d’inconfort, évalué pour chaque partie de bâtiment thermiquement homogène.

 

DH exprime la durée et l’intensité des périodes d’inconfort dans le bâtiment sur une année, lorsque la température intérieure engendre de l’inconfort. L’arrêté du 4 août indique que l’inconfort apparaît lorsque, durant une semaine, la température dans le logement dépasse de 2°C en continu le plafond de 26°C la nuit et le plafond de 26 à 28°C durant la journée selon les températures des jours précédents.

 

 

L’inconfort d’été maximal à ne pas dépasser est noté DH_max. DH_max = DH_maxcat où DH_maxcat est la valeur de l’exigence DH_max, définie par catégories de contraintes extérieures. ©PP

 

 

Les deux valeurs haute et basse de DH

 

 

En logement, les valeurs de DH_maxcat dépendent à la fois de la surface moyenne des logements, notée Smoylgt, de l’existence ou non d’un système de climatisation et de la zone climatique.

 

Le décret du 29 juillet indique les valeurs suivantes pour DH_maxcat :

 

DH_maxcat

Catégorie 1, sauf parties de bâtiments climatisées en zones H2d et H3

Catégorie 1 climatisé, en zone H2d et H3

Catégorie 2

Smoylgt ≤ 20 m²

1250

1600

2600

20 m² < Smoylgt ≤ 60 m²

1250

1700 – 5 x Smoylgt

2850 – 12,5 x Smoylgt

Smoylgt > 60 m²

1250

1400

2100

 

 

Les catégories de bâtiment 1 et 2 étaient déjà connues dans la RT2012. Elles dépendent du fait que l’on puisse ou pas ouvrir les fenêtres et du classement de la zone de bruit dans laquelle se trouve le bâtiment.

 

DH-max a deux valeurs :

  • une valeur basse (350) en dessous de laquelle le logement est à la fois réglementaire et confortable,
  • une valeur haute (de 1250 à 2600) au-dessus de laquelle, le logement n’est pas réglementaire, n’obtient pas son permis de construire et doit être reconçu.

 

Si le logement se situe dans l’intervalle entre les deux valeurs basse et haute de DH, la méthode de calcul RE2020 lui ajoute automatiquement des consommations de refroidissement forfaitaires, calculées en fonction des DH du logement.

 

Cet ajout forfaitaire compense les consommations d’une climatisation qui pourrait être ajoutée après la livraison du logement, pour le rendre confortable.

 

 

Zone froide et zone chaude

 

 

Comme le remarque Frédéric Le Divenah, il est possible de diviser la France en deux parties : une zone "froide" qui rassembles les zones climatiques H1a, H1b, H1c, H2a, H2b et H2c, une zone chaude qui contient les zones climatiques H2d et H3.

 

Dans la France froide, si le calcul de DH place le logement dans l’intervalle entre la valeur haute et la valeur basse, les consommations de rafraîchissement forfaitaires qui sont ajoutées par la méthode ont une influence relativement faible sur le Bbio et le Cep.

 

Zone climatique

H1a

H1b

H1c

H2a

H2b

H2c

Influence des consommations fictives de rafraîchissement sur le Bbio

3 à 6%

1 à 3%

3 à 8%

et sur le Cep

1 à 3%

0 à 2%

1 à 3%

 

Si vous choisissez d’installer un rafraîchissement actif dans cette zone, ces consommations actives, selon NRGYS, seront plus importantes et donc plus pénalisantes que le forfait fictif généré par le moteur de calcul RE2020.

 

Pour les zones climatiques H2b et H2c, le Cep serait augmenté de 3 à 8% par des consommations réelles, contre seulement 1 à 3% avec les consommations fictives.

 

 

Un impact très important dans les zones H2d et H3

 

 

Dans la France "chaude", les zones climatiques H2d et H3, en revanche, l’impact de l’indicateur DH peut être très important en logement.

 

Zone climatique

H2d

H3

Influence des consommations fictives de rafraîchissement sur le Bbio

15 à 25%

15 à 25%

et sur le Cep

5 à 15%

5 à 15%

 

De plus, dans ces deux zones climatiques, les consommations – le Cep – liées à un rafraîchissement actif sont proches des consommations fictives générées par le moteur de calcul RE2020.



Les solutions pour réduire DH

 

 

Le premier moyen est l’orientation, s’il est possible d’agir dessus. Il faut éviter également de survitrer les logements, ce qui améliore les apports de chaleur en hiver, mais surtout également en été.

 

Deuxièmement, rappelez-vous notre article précédent sur la RE2020 en collectif, il faut trouver un délicat équilibre, dans un bâtiment collectif, entre les logements traversants favorables au confort d’été et les logements non-traversants défavorables au confort d’été, mais bénéfiques en termes de réduction des consommations de chauffage.

 

Un seul logement non-conforme en termes de DH, remarque Frédéric Le Divenah, rend tout le bâtiment non-conforme. C’est un calcul logement par logement et non une moyenne à l’échelle du bâtiment. Il faut donc simuler, simuler à nouveau et simuler encore les bâtiments pour trouver l’optimum réglementaro-économique.

 

Troisième mesure, la maîtrise de l’inertie thermique. Le calcul de la charge carbone favorise la structure bois et donc l’inertie légère, très défavorable en termes de confort d’été.

 

La bonne solution est donc certainement des bâtiments mixte bois/béton, structure bois et plancher béton, par exemple, qui apportent en plus un avantage acoustique entre niveaux.

 

 

Selon NRGYS, une inertie lourde peut réduire de 40% l’indicateur DH. ©PP

 

 

La valorisation des protections solaires

 

 

Deux mesures sont très efficaces en termes de réduction de l’indicateur DH.

 

La première est la gestion automatique des protections solaires – volets roulants et BSO (brise-Soleil Orientable) – en fonction d’une horloge astronomique.

 

La seconde est l’ajout de brasseurs d’air. Attention, nous le répétons à chaque fois, mais la RE2020 n’est pas un outil de conception des bâtiments neufs. Même si tous les acteurs l’utiliseront largement de cette façon malgré tout.

 

L’idée d’installer des brasseurs d’air dans chaque pièce peut sembler parfaitement rétrograde et s’avérer difficile à vendre parce qu’elle diminue la hauteur disponible sous plafond.

 

Quoi qu’il en soit, voici, selon NRGYS, les gains des protections solaires et des brasseurs d’air sur l’indicateur DH.

 

Solutions

Réduction de DH par rapport à la solution de référence

Volets manuels battants ou roulants

rien

Gestion automatique des volets roulants (VRE)

5 à 10%

Gestion automatique des volets roulants avec horloge (VREH)

20 à 25%

Gestion automatique des BSO avec horloge

20 à 25%

Brasseur d’air dans la pièce de vie

5 à 10%

Brasseur d’air dans chaque pièce du logement

5 à 10%

Protections solaires fixes (casquettes, débords, …)

20 à 30%

 

 

En conclusion, explique Frédéric le Divenah, la climatisation active ne rend pas un projet conforme. Si le DH calculé dépasse le plafond admissible, il faut reprendre la conception du logement.

 

Dans le moteur de calcul, la climatisation active n’influe pas sur le Bbio. Les consommations de cette climatisation active sont le plus souvent supérieures au forfait fictif.

 

Les Pouvoirs Publics n’ont donc pas l’intention de favoriser la climatisation réversible dans les logements.

 

Pourtant, la pompe à chaleur air/air, notamment en maison individuelle, est une solution particulièrement bien traitée par le moteur de calcul de la RE2020.

 

Une pac air/air, c’est une climatisation multisplit réversible.

 


Source : batirama.com / Pascal Poggi

L'auteur de cet article

photo auteur Pascal Poggi
Pascal Poggi, né en octobre 1956, est un ancien élève de l’ESSEC. Il a commencé sa carrière en vendant du gaz et de l’électricité dans un centre Edf-Gdf dans le sud de l’Île-de-France, a travaillé au marketing de Gaz de France, et a géré quelques années une entreprise de communication technique. Depuis trente ans, il écrit des articles dans la presse technique bâtiment. Il traite de tout le bâtiment, en construction neuve comme en rénovation, depuis les fondations jusqu’à la couverture, avec une prédilection pour les technologies de chauffage, de ventilation, de climatisation, les façades et les ouvrants, les protocoles de communication utilisés dans le bâtiment pour le pilotage des équipements – les nouveaux Matter et Thread, par exemple – et pour la production d’électricité photovoltaïque sur site.
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