Aménagement intérieur : ce qui va changer pour les peintures, isolants, plaques et menuiseries...

Aménagement intérieur : ce qui va changer pour les peintures, isolants, plaques et menuiseries...

Pour répondre aux défis environnementaux, les plaques de plâtre, isolants, peintures, revêtements,... doivent améliorer leur empreinte carbone, leur efficacité énergétique et performance sanitaire.




Les filières matériaux du second œuvre doivent tenir compte des nouvelles exigences environnementales. Plusieurs évolutions réglementaires viennent mettre la pression sur les fabricants, pour améliorer le bilan carbone de leurs produits du fait de la nouvelle RE 2020, mais aussi pour prendre en compte des objectifs ambitieux sur le recyclage avec la REP (responsabilité élargie des producteurs).

 

Enfin, un point important est de concevoir des systèmes pour faciliter la vie de l'artisan en réduisant les nuisances sur chantier, la pénibilité de la manipulation et de la pose ainsi que les risques sanitaires.

 

Un métier concerné est le plaquiste qui doit manipuler et poser des plaques de plâtre parfois en plafond, et qui se fait aider par de l'outillage spécifique. Ainsi Placo réfléchit à alléger le poids des plaques de plâtre ce qui faciliterait la vie des poseurs et permettrait une économie de matière première.

 

 

Un autre métier impacté est celui des menuisiers qui doivent installer des baies coulissantes de plus en plus grandes et de plus en plus lourdes surtout s'il s'agit d'un double ou triple vitrage à profilés bois. Les matériaux biosourcés sont encouragés par la RE 2020 mais ont d'autres atouts comme de contribuer au confort de travail de l'artisan à l'instar de la laine de bois ou de l'ouate de cellulose, ou du liant biosourcé de la nouvelle laine de verre d'Isover. 

 

             

  

Encadré 1 : Plaque de plâtre, isolation et peinture se recyclent

 

Un axe majeur de décarbonation est d'augmenter le taux de matière recyclée dans les produits et matériaux.

 

 

Les pots de la Startup circouleur ont un impact carbone, selon la fiche FDES, divisé par 12, et une émission de COV parmi les plus faibles du marché, puisqu’ils ont déjà été ouverts et les matières volatiles déjà dispersées.

 

L'isolation est en un secteur privilégié pour l'innovation vertueuse à l'exemple du textile recyclé ou de l'ouate de cellulose composée à 90% de fibres de papier recyclé. C'est aussi la voie royale choisie par les grands industriels pour verdir leur production.

 

Ainsi Hydro Circal 75R est une gamme d'aluminium de première qualité constitué d'au moins 75% d'aluminium recyclé et utilisée par les fabricants de profilés alu pour menuiseries du groupe Hydro (Technal, Wicona, Sapa...). Le Groupe Saint-Gobain est aussi engagé au travers de ses filiales à la fois dans la mise en place des filières de collecte et de recyclage et dans la transformation des process de ses usines pour incorporer de la matière recyclée dans ses nouveaux produits.

 

Ainsi Placo qui incorpore déjà jusqu’à 20% de matière recyclée, va investir plus de 10 millions d’euros pour augmenter sa capacité de recyclage. L’industriel vise 200 000 t/an de plâtre recyclé en 2030 pour atteindre 30% de matière recyclée dans toutes ses plaques de plâtre. Autre exemple, Isover, dont la principale usine de fabrication de laine de verre située à Orange, va être transformée pour fonctionner uniquement à partir de matières premières issues du recyclage dès 2030.

 

Créer et renforcer les filières de recyclage

 

L’entrée en vigueur de la REP va provoquer un afflux de matière à recycler. Si les industriels sont mobilisés avec leurs filières de recyclage comme Placo Recycling ou Isover Recycling, sur le terrain, les petites entreprises sont aussi actives. C'est la cas de la startup girondine Circouleur née en 2017 et qui a créé une filière régionale de recyclage des peintures acryliques.

 

La jeune entreprise récupère des déchets de peinture inutilisée, trie les pots entre utilisables ou non, les répartit par couleur dans des fûts et reformule de nouvelles peintures pour murs intérieurs. Le résultat est une peinture avec 70% de recyclé minimum, avec un impact carbone, selon la fiche FDES, divisé par 12, et une émission de COV parmi les plus faibles du marché, comme les pots ont déjà été ouverts et les matières volatiles déjà dispersées.

 

Atouts : le recyclage permet de réduire la consommation de ressources (matières premières, énergie, eau...) et de réduire l'empreinte carbone ;

 

Points de vigilance : Nécessité de construire des filières de recyclage, et en particulier de collecter et de trier. Concevoir des produits qui soient démontables et séparables dans ses différents matériaux.

 

 

             

 

Encadré 2 : les produits biosourcés boostés par la RE2020

 

L'usage de matériaux à faible empreinte carbone, comme les biosourcés (bois, paille, chanvre, etc) et les géosourcés (terre crue), est encouragé par l'arrivée de la RE 2020.

 

 

Un second oeuvre optimisé ayant recours à l’emploi de matériaux biosourcés aura un impact immédiat sur le calcul environnemental d’un bâti traditionnel maçonné.

 

L'offre est de plus en plus riche avec des filières encadrées par la réglementation et des règles pro (bois, paille, isolants en fibres végétales...). De plus toujours par rapport à la RE 2020, ces matériaux ont un atout en confort d'été du fait d'un déphasage élevé permettant de ralentir les transferts de chaleur.

 

En revanche, il faut tenir compte d'autres critères comme le coût, le temps et le confort de pose, la performance acoustique en particulier entre niveaux qui peuvent conduire à une surépaisseur de planchers, l'augmentation de la masse combustible, leur sensibilité à l'humidité, etc.

 

Néanmoins affirme le Hub des prescripteurs bas carbone : « Selon les calculs et études des bureaux d’étude, un second oeuvre optimisé ayant recours à l’emploi de matériaux biosourcés aura un impact immédiat sur le calcul environnemental d’un bâti traditionnel maçonné ».

 

Évaluer chaque matériau

 

La prise de décision se fait en prenant en compte de nombreux paramètres et en consultant et comparant les fiches FDES de chaque matériau et produit, tout en gardant à l'esprit un objectif global. Pour les menuiseries, le gain carbone apporté par le choix de profils en bois n'est pas en soi décisif mais vient s'additionner à l'empreinte carbone des isolants, bardages, revêtements de sol...

 

Les opérations labellisés E+C- viennent illustrer sur le terrain, le rôle des biosourcés. Exemple : le centre sportif de Castanet-Tolosan (31) vise la labellisation E4C2 avec une absence totale de béton. La structure bois est isolée en façade avec de la laine de bois et en toiture avec de la laine de cellulose soufflée.

 

En revanche le linoléum prévu au départ en revêtement de sol a été abandonné au profit du PVC en lames autoplombantes non collées qui s'avérait aussi performant d'après les fiches FDES en termes de bilan carbone car recyclé et recyclable.

 

Atouts : gain sur le bilan carbone mais aussi sur le confort d'été et la qualité de l'air

 

Points de vigilance : les produits doivent être comparés à performance égale, qui peut conduire à des surépaisseurs en façades ou pour les planchers ;

  

 

             

   

Encadré 3 : Les conclusions du Hub des prescripteurs bas carbone

 

Lancé par l'Institut français pour la performance du bâtiment (Ifpeb) et Carbone 4, le Hub des prescripteurs bas carbone a publié cet été une étude décryptant la filière des matériaux biosourcés sous l’angle de la neutralité carbone.

 

 

La distance « critique » à partir de laquelle le recours aux matériaux biosourcés devient contre-productif est de 900 km pour la laine de bois et 3400 km pour la ouate de cellulose (en photo), la paille ou le chanvre...

 

Les récents arbitrages de la RE 2020 ont mis sur le devant de la scène les matériaux biosourcés mais de nombreuses questions se posent sur le rôle que vont jouer à l'avenir les biosourcés. Les réponses données par cette étude portent sur le potentiel de décarbonation, sur un comparatif matériaux en termes de coût et d'optimisation des gains ainsi que sur les meilleures pratiques.

 

Le calcul montre par exemple qu’un parquet bois ou le recours à un isolant biosourcé améliore fortement et automatiquement le bilan carbone du bâti. L'étude met en avant un ordre de grandeur général des gains carbone observés de l'ordre de 60% lorsque les matériaux biosourcés sont substitués et comparés aux autres matériaux d’une même catégorie.

 

Ces gains peuvent atteindre 95% pour un plancher bois, 79 % pour un isolant en fibre de lin et en laine de chanvre et 72% pour un isolant en ouate de cellulose. Il est intéressant de noter que la distance d’approvisionnement n’impacte que très peu ce bénéfice. La distance « critique » à partir de laquelle le recours aux matériaux biosourcés devient contre-productif peut être évaluée, elle est de 900 km pour la laine de bois et atteint 3400 km pour la ouate, la paille ou le chanvre...

 

Atouts : Réel potentiel de décarbonation, coût maîtrisé en petite hauteur ;

 

Points de vigilance : la formation des entreprises doit se poursuivre pour faire baisser les coûts et garantir la qualité, veiller aux tensions sur l'approvisionnement (concurrence avec d'autres usages, comme le bois-énergie) ;

 

 

 




Source : batirama.com/ François Ploye

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