Construction bois : faut-il faire certifier les lames de bois lamellé collé ?

Construction bois : faut-il faire certifier les lames de bois lamellé collé ?

Le bois lamellé-collé certifié Acerbois affiche sans conteste de belles références. Un webinaire FCBA a fait le point sur l'intérêt de la marque de qualité Acerbois




Toute la charpente du Grand Palais Ephémère a été réalisée par Mathis SA sous certification Acerbois Glulam. ©Tourneboeuf

 

Le webinaire du 26 octobre se place en prolongement d’une première séquence visionnable sur la chaîne Youtube de l’institut technologique FCBA, plus particulièrement centrée sur l’évolution historique et la technique de fabrication.

 

Cette fois-ci, il s’agissait d’une part d’expliquer la certification volontaire, d’autre part de mettre en avant des réalisations récentes et spectaculaires réalisées avec des bois lamellés-collés (BLC) qui en disposent.

 

Une certification volontaire

 

En principe, le lamellé-collé est régi par une norme européenne CE et de fait, le marché français est ouvert à l’Europe qui comprend des fournisseurs belges, allemands, suisses notamment. Mais depuis 1993, les fabricants français ont développé une certification volontaire qui va au-delà de la norme CE, avec contrôle de qualité indépendant, comme cela est déjà la spécialité de FCBA dans d’autres domaines du bois.

 

La certification n’est pas obligatoire mais elle s’est, au fil des 30 dernières années, établie sur le marché comme une marque de qualité. En conséquence, tous les lamellistes français sont certifiés, ou presque, soit une vingtaine de structures. Seul le lamelliste Simonin manque à l’appel.

 

La plus grande concentration d’entreprises se trouve dans le nord-ouest, pour des raisons historiques de proximité des ports. Car les lames d’épicéa qui s’intègrent le plus souvent dans les ouvrages sont le plus souvent importées, notamment de Scandinavie.

 

Naguère, un seul fournisseur scandinave (suédois) livrait l’essentiel du marché français, SCA. Les fournisseurs étrangers ont toujours eu une longueur d’avance en proposant des lamelles bien séchées, aux caractéristiques mécaniques bien définies.

 

 

Le Curve, dont le BLC est livré par Binderholz, recourt à des lamelles réduites pour marquer les courbures. ©Camille Gharbi

 

Faut-il certifier les lames ?

 

En ce moment, les bois qui ne sont pas français sont d’emblée perçus comme mauvais. Et quand on parle de BLC, il est logique d’annoncer que la part du bois français va tripler dans les prochaines années.

 

Ce phénomène a effectivement eu lieu en Suisse, mais en France, il faudrait que les scieries s’équipent de scanners et autres outils pour proposer des lamelles capables de rivaliser avec le reste de l’Europe, y compris en prix, avec des caractéristiques mécaniques élevées.

 

Dans ce cas, il sera nécessaire de développer en complément de la certification Acerbois une certification pour la fabrication de lames pour bois lamellés-collés.  

 

 

 

Les ouvrages d’étaiement de la cathédrale Notre-Dame en reconstruction font largement appel à des éléments en BLC, mais pas forcément français et donc pas forcément Acerbois. ©JT

 

Feuillus : une norme en cours de rédaction

 

Comme le rappelle Manuel Burlat de FCBA, la certification Acerbois s’applique au résineux mais aussi au peuplier. Mais personne ne fabrique du BLC en peuplier. Le BLC de chêne est une possibilité sous forme d’extension de la certification Acerbois. Manque de chance, c’est Simonin le principal acteur de ce segment, en collaboration avec des acteurs espagnols.

 

Pour le collage du hêtre, du chêne, voire du châtaignier et autres essences feuillues, une norme est en cours de rédaction et cela risque de durer encore quelques années. Ce qui n’empêche pas Manubois de commercialiser du BLC de hêtre avec une belle référence de bureaux à Rouen à la clef.

 

Récolter le bois à 40 ans ?

 

La concurrence des feuillus ne risque pas de poindre quand le discours table sur une perte d’efficacité de la captation de carbone dès 40 ans. Cela tombe bien car à cet âge là les grumes ont le bon diamètre pour les canters (centres de sciage ultra-rapides).

 

Quoi qu’il en soit, pour l’heure, en France, la culture de résineux n’est pas encore devenue une culture à rotation courte. Et dans les pays où la France se fournit en lamelles, notamment au Nord de l’Europe, la durée de croissance est très nettement supérieure. Combiner une croissance courte de pays chaud avec la qualité des lames est un vrai défi.

 

 

BLC supportant des balcons de l’immeuble Bains-Douches Castagnary, réalisation faisant suite à l’opération Réinventer Paris. Le chant des poutres est protégé par une plaque. ©JT

 

Un Marché d’Intérêt National à Nantes-Rezé

 

Le webinaire était étayé par des présentations de projets intéressants. Le Marché d’intérêt national à Nantes-Rezé remonte un peu mais Briand construction bois y a déployé dans le bâtiment central ouvert une belle résille apportant une forme de chaleur.

 

Par rapport au projet, le constructeur a fait évoluer les configurations afin de diminuer les risques de sinistres. L’effet irisé initial n’en a pas souffert.

 

Un Grand Palais Ephémère qui fait date

 

A Paris, Mathis a réalisé avec le Grand Palais Ephémère à Paris plusieurs exploits en même temps. Fabriquer en certification Acerbois la masse de la charpente, à partir de lamelles en partie importées, en était une.

 

Réaliser le montage de cette opération hors norme en a été une autre. On connaît Mathis pour sa capacité à faire grimper rapidement des tours en bois. On oublie parfois que c’est aussi un grand acteur de la fabrication de BLC sur mesure.

 

 

Le BLC se marie très bien avec le CLT.©JT

 

Bois lamellé collé pour tours mixtes

 

Enfin, le chantier de la tour Treed It à Champs-sur-Marne a levé un peu plus le voile sur cette approche de construction mixte ou des éléments de plancher préfabriquée sont déposés sur une structure en BLC d’Arbonis.

 

On ne sait pas aujourd’hui si cette structure pourra rester apparente compte-tenu des révisions permanentes de la réglementation incendie pour les ouvrages en bois. Toujours est-il que les assemblages de cette structure sont cachés, à la fois pour utiliser le bois en protection, et pour en améliorer l’esthétique.

 

Les éléments mixtes déposés sur des structures sont vissés via les solives intégrées, ce qui exige un respect extrême des tolérances. Comme la partie supérieure, dans ce cas de 8 cm, est constituée d’une dalle de béton solidarisée par des ancrages AIA, il reste encore à limiter les tolérances de ces dalles.

 

L’avenir dira si ce genre de mixité permettra à Arbonis de remplir pleinement son rôle constructif au sein de Vinci. En tout état de cause, les ajustements seraient à faire du côté du béton.

 

 

L’usine Swatch de Bienne (Suisse), démonstration de force du BLC.©JT

 

Emérgence des panneaux en CLT

 

Aujourd’hui, le BLC est incontournable dans la construction bois même si certains préfèrent se passer des colles. La force du BLC est décuplée par l’émergence des panneaux en CLT (bois lamellé croisé). Les derniers ouvrages de Shigeru Ban avec Blumer-Lehmann et Design to Production ont fait atteindre au BLC de nouveaux sommets de technicité.

 

Rien ne semble devoir perturber cette position, et les alternatives du LVL (lamibois ou Laminated Veneer Lumber) et du bois tourillonné restent loin derrière. Au point que l’émergence de BLC à colles vertes ou autres solutions adaptées d’emblée au ré-usage ne semblent pas à l’ordre du jour.

 

Pourtant, le marché change très vite. La crise d’approvisionnement de l’année 2021 a impacté fortement le marché des ouvrages logistiques. Les évolutions de la réglementation incendie peuvent selon les cas adouber le BLC dans sa vertu de protection des assemblages cachés, ou le bannir s’il s’agit de l’encoffrer.

 

Mais le pire concurrent du BLC est peut-être le BLC lui-même : à force de régir les procédés, ce marché manque le coche de l’introduction de bois bleu ou de qualité inférieure et ne s’interroge pas sur l’opportunité de faire autrement qu’il n’a l’habitude de faire.

 



Source : batirama.com/ Jonas Tophoven

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