Une extension bois exemplaire pour la coopérative Coforet

Une extension bois exemplaire pour la coopérative Coforet

Quand la coopérative forestière Coforet, au cœur des monts du Beaujolais (69), agrandit ses bureaux, le choix du matériau bois est une évidence. Surtout, cette extension se voulait « exemplaire ».




Le résultat final montre un beau travail d’intégration de l’extension à l’existant.©Studio Gaudin Ramet

 

La coopérative Coforet accompagne les propriétaires dans la gestion de leurs parcelles forestières depuis environ 50 ans. A partir du Beaujolais, où se situe toujours son siège social de Lamure-sur-Azergues, elle essaime de façon à devenir la coopérative de référence pour les régions AURA et Bourgogne-Franche-Comté.

 

Les bureaux de la coopérative, construits en 2003, étaient déjà en bois. Une amélioration de l’acoustique et de la ventilation du bâtiment existant a été réalisée à l’occasion de ce chantier. Une partie de l’existant a été réaménagé, l’ensemble a été rénové (peinture et sols).

 

 

Le siège de Coforet a été bâti en 2003. C’est un bâtiment ossature bois, posé sur un socle béton (étage semi-enterré). ©Herrgott&Farabosc

 

L’extension de 240 m² (Shon), réalisée en site occupé, a été réceptionnée en avril 2020 et selon Robert Solvignon, directeur administratif et financier, ce projet de 500 000 euros HT donne pleinement satisfaction. 

 

La coopérative a choisi de s’adresser à l’atelier d’architecture Herrgott & Farabosc, très impliqué dans la filière bois, et qui inscrit sur ses tablettes : « Nous essayons d’être exemplaires sur les pratiques de moins et mieux consommer les ressources que notre planète bien malade nous offre encore, ressources de plus en plus rares et précieuses ». 

 

 

Charpente Habitat Bois livre les murs à ossature bois préfabriqués.© Herrgott & Farabosc

 

La philosophie de l’atelier d’architecture est de concevoir ses projets avec pragmatisme et bon sens, avec “le bon matériau au bon endroit” et “l’optimisation des matières utilisées, en limitant les chutes et déchets".

 

L’inertie nécessaire au confort d’hiver et d’été est apportée par les dalles béton aux niveaux bas et intermédiaire et par la toiture végétalisée.

 

Le béton, ce matériau certes très intéressant mais consommateur de ressources non renouvelables, est utilisé avec parcimonie. On le retrouve donc uniquement dans les applications où il est matériau le plus pertinent : fondations, dallage du niveau bas, et dalle de compression du plancher intermédiaire.  

 

 

Le plancher Lignadal de Lignatech accueille une dalle de compression. ©Herrgott & Farabosc

 

L’association du plancher bois Lignadal et de la dalle de compression en béton (ép. 10cm) coulée au-dessus permet de répondre aux exigences structurelles et au confort acoustique nécessaires entre étages, avec une épaisseur totale très réduite, solutionnant le problème de faible hauteur du R-1 dicté par l’existant. Ce plancher structurel reste apparent dessous et assure en même temps la fonction de plafond décoratif.

 

La surface d’espaces verts précédemment existante se retrouve désormais sur le toit de l’extension. Cette épaisseur de terre et sa végétation apporte une inertie indispensable à l’équilibre de ce bâtiment bioclimatique, améliore nettement le confort d’été, et stocke ponctuellement les eaux pluviales. Les chevrons porteurs intérieurs du bâtiment sont en Douglas massif, de section 160x300 mm en classe C22, l’entraxe est de 1 m et les charges permanentes de la toiture végétalisée sont de 0,55 kN/m2.

 

 

La toiture est portée par des solives en Douglas massif.© Herrgott & Farabosc

 

Une extension bois compacte et bioclimatique, sur 2 niveaux 

 

Le volume de l’extension est sobre, efficace et respectueux du bâti existant. Son débord de toit, important pour le bon fonctionnement thermique et la protection des façades, est porté par des structures bois arborescentes faisant écho à l’esthétique du bâtiment existant.

 


L’éclairage naturel abondant est possible grâce au système poteau/poutre des façades Est et Ouest largement vitrées. Les façades Nord, Sud et les murs de refends sont des murs stabilisateurs contreventants. La forte épaisseur d’isolation biosourcée est en laine de bois.

 

Le chauffage est assuré par les apports solaires et la chaudière bois existante, celle-ci est suffisamment puissante pour répondre au faible besoin de cette extension. Les stores toiles extérieurs permettent de maîtriser les apports solaires dans le bâtiment et éviter la surchauffe estivale. 

 

 

Le plancher intermédiaire, entre le R-1 et le RDC, recourt à une solution bien implantée localement, le Lignadal. ©Herrgott & Farabosc

 

Circuits courts et peu de pièces lamellées collées

 

La conception de ce projet privilégie l’usage de pièces en bois massif, respectant les qualités et sections disponibles localement, limitant les pièces lamellées collées et donc l’énergie grise de la construction. 

 

La plupart des matériaux sont de provenance locale : bois de structure, bois de contreventement, escalier, bardages extérieurs, menuiseries extérieures, graves de terrassement et de finition. Près d’un quart du volume total de bois nécessaire au chantier est fourni par Coforet (31 m3 sur 133 m3) et le reste provient en majorité d’entreprises se fournissant dans les forêts gérées par Coforet.

 

Les menuiseries extérieures sont entièrement fabriquées en Haute-Loire, de la grume de pin à la menuiserie (Defix), en passant par le carrelet, fourni par la scierie Filaire, tout comme le bardage et les lames de terrasse. Le plancher intermédiaire en bois massif Lignadal, l’isolant en laine de bois Isonat et les menuiseries intérieures Malerba sont fabriqués dans la Loire (42).

 

Le bois a parcouru moins de 250 km de la forêt au chantier, à l’exception du contreplaqué Drouin en peuplier (72) et l'absorption acoustique en panneaux muraux en fibres de bois Knauf Organic, fabriqués en Alsace (68).

 

 

L’isolation des murs en ossature bois est en laine de bois, fabriquée par Isonat à Mably (42), défibrage des chutes de résineux provenant de scieries ou rémanents de forêts de haut-Beaujolais.© Herrgott & Farabosc

 

Le peuplier en contreventement

 

Avec cette réalisation, la coopérative COFORET expose les essences qu’elle côtoie quotidiennement et valorise son savoir-faire. Faisons un focus sur le peuplier. Celui-ci est présent sur présent sur la vallée du Rhône, mais pour l’intégrer dans ce projet, ont été utilisés les panneaux de contreplaqué Drouin (72), soit à 650 kms, dans la Sarthe. Ils habillent les murs périphériques et les refends, ils agissent en contreventement, tout en offrant une finition soignée. Les vis sont apparentes, les fixations sont visuellement assumées. 

 


La coopérative a fourni le Douglas à l’entreprise Charpente Habitat Bois pour la structure. COFORET et l’atelier d’architecture ont conçu ce bâtiment pour être un démonstrateur des essences de bois locales et françaises et mettre en avant une partie des nombreuses applications rendues possibles par ce matériau Bois.

 

 

Les refends sont habillés de contreplaqué de peuplier à la fois élégant et travaillant. ©Herrgott & Farabosc

 

L’impact carbone de cette construction est minimisé par les limitations de transformation de la matière et des transports, l’usage de gros bois issus de forêts locales gérées durablement et respectueusement. Cette démarche a également des vertus de redistribution économique locale, préservant les emplois et savoir-faire de ce territoire.

 

 

 

L’extension est revêtue d’un bardage bois en douglas, fourni par l’un des adhérents de Coforet. L’isolant de la toiture végétalisée est prêt à être mis en place.© Herrgott & Farabosc

 

Les soucis du maître d’ouvrage

 

Le poids carbone de ces différents choix est difficile à évaluer, de même que les vertus de redistribution économique locale. Elles n’en sont pas moins manifestes. Au moment où Coforet investit ses nouveaux locaux, la pandémie plombe l‘activité de 3% et en plus, la traque des épicéas scolytés est ouverte déjà depuis deux ans.

 

Cette chasse continue de plus belle dans la région couverte par Coforet. Quand les épicéas attaqués sont abattus tôt, il est encore possible d’en tirer un bon prix, mais dès que l’écorce commence à s’enlever le bois est considéré comme sec et ne vaut plus grand-chose. Quand bien même les parcelles touchées sont repérées, faut-il encore que les moyens d’abattage soient disponibles, sans parler des capacités de transformation française.

 

L’économie du carbone par l’exemple 

 

Comme quoi on peut être près de la nature, travailler au maintien du puits carbone national qu’est la forêt, réaliser des projets de construction exemplaires dans le sens d’une réduction des émissions et voir que le modèle économique sur lequel on se place est fragilisé par l’évolution de la catastrophe que l’on veut contenir. Pour autant, ce genre d’extension mériterait des mesures fines de carbone, afin de bien mesurer l’intérêt des solutions constructives en termes d’émissions et de confort. 

 

Les coopératives forestières sont de bons vecteurs pour utiliser leurs propres bois en circuit courts. La coopérative forestière de l’Aude Cosylva, à ne pas confondre avec le lamelliste creusois, construit ses futurs bureaux à Carcassonne avec du Douglas scié par Maugard Bois de Quillan. 

 

             

   

A voir au Forum international Bois Construction

 

Au Forum International Bois Construction du 15 juillet 2021 à Paris, l’atelier d’architecture présentera deux réalisations dans le cadre de l’atelier dédié à la construction en feuillus, afin de montrer comment il est possible d’intégrer les bois feuillus dans des projets de construction bois actuels. L’autre projet présenté est à usage de lycée privé, où le chêne rouge est utilisé en menuiseries extérieures (carrelets) et intérieure (escalier).

 

 

Source : batirama.com/ Jonas Tophoven

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