L’Agence Internationale de l’Energie demande la fin des énergies fossiles

L’Agence Internationale de l’Energie demande la fin des énergies fossiles

Selon l’Agence Internationale de l’Energie, pour respecter l’accord de Paris, il faut rapidement organiser une sévère décroissance de l’emploi du gaz, du fioul et du charbon à travers le monde




Vendredi 14 Mai 2021, l’Agence Internationale de l’Energie (AIE), dont le siège est à Paris, a publié une étude intitulée «Net Zero by 2050 – A Roadmap for the Global Energy Sector ». Cette analyse de 224 pages porte sur les actions à entreprendre pour respecter les buts fixés par l’Accord de Paris : maintenir l’élévation moyenne de la température du globe en dessous de 2°C d’ici 2050.

 

 

Selon l’Agence Internationale de l’Energie, l’intensité énergétique -la quantité d’énergie utilisée par unité de production de biens et services – doit baisser de 4% par an d’ici 2030 pour être sur la trajectoire de la neutralité carbone en 2050. De plus, les ventes annuelles de véhicules électriques seront multipliées par 18 et la nouvelle capacité de production ajoutée chaque année pen photovoltaïque et en éolien doit être multipliée par 4. ©IEA

 

Produire plus en consommant moins d’énergie

 

L’analyse de l’AIE (souvent appelée IEA pour International Energy Agency) commence par établir qu’atteindre des émissions nettes de gaz à effet de serre (GES) nulles en 2050 à travers le monde permettra de limiter l’échauffement moyen à 1,5°C. Ensuite, l’agence décrit à quelles conditions des émissions nettes de GES nulles en 2050 sont possibles.

 

Première étape : 2030. L’AIE estime que l’économie mondiale sera, à valeur constante, environ 40% plus importante qu’aujourd’hui. En 2050, l’économie mondiale aura doublé, la population du globe aura grandi de 2 milliards d’habitants, mais, indique l’AIE, la consommation d’énergie devra avoir baissé d’au moins 8% par rapport à aujourd’hui.

 

Pour atteindre le Net Zero en 2050, la première mesure à prendre est de réduire l’intensité de l’énergie – la quantité d’énergie utilisée à travers l’économie mondiale – d’environ 4% par an d’ici 2030. C’est un rythme d’amélioration de l’efficacité énergétique trois fois plus important que la moyenne observée au cours des 20 dernières années.

 

 

 

Le mix énergétique mondial doit fondamentalement changer d’ici 2050 : baisse rapide des énergies fossiles – charbon, gaz et pétrole -, fort développement des ENR, surtout du photovoltaïque, de l’éolien et de la bioénergie, tandis que l’hydraulique et le nucléaire se développent peu. ©IEA

 

Très fort développement des ENR à venir dont le solaire

 

Ensuite, l’agence appelle à une forte accélération de l’énergie solaire et éolienne pour la production d’électricité au cours de la décennie à venir, en ajoutant chaque année une capacité mondiale de 630 GW en photovoltaïque et de 390 GW en éolien, soit 4 fois le record d’ajout de capacité observé en 2020.

 

Autre manière d’exprimer ce développement, l’AIE estime que cela équivaut à installer chaque jour une ferme photovoltaïque de la taille de la plus grande existant dans le monde aujourd’hui. Selon Bloomberg, la plus grande ferme photovoltaïque au monde est le Bhadhla Solar Park (2,245 GWc) mis en service en Inde en 2020.

 

Selon le scénario de l’AIE, en 2050 les 2/3 de l’énergie mondiale sera produite par le soleil, le vent, les bioénergies, la géothermie et l’hydraulique. Le solaire – thermique + photovoltaïque – sera devenu la source d’énergie la plus importante et représentera 20% de l’énergie produite dans le monde. La capacité photovoltaïque installée aura été multipliée par 20 par rapport à 2020 et la capacité éolienne sera multipliée par 11.

 

 

 

Le bâtiment et les transports devraient être les principaux contributeurs à la baisse des consommations énergétiques d’ici 2050. L’industrie et l’agriculture contribueront peu en termes de consommation d’énergie, mais doivent tout de même diminuer leurs émissions de GES. ©IEA

 

 

 

En 2050, l’électricité devrait représenter environ 70% de l’énergie consommée dans le bâtiment dans le monde. ©IEA

 

Electricité : la moitié de l'énergie consommée en 2050

 

Atteindre la neutralité carbone en 2050 signifie également que les énergies fossiles, qui représentent 4/5 de la production d’énergie mondiale aujourd’hui, devront baisser à 1/5 en 2050. L’électricité représentera la moitié de l’énergie consommée en 2050.

 

Les centrales à charbon sans capture de CO2 devront avoir disparu en 2030. Celles qui resteront en service au-delà de cette date seront équipées de solution de séquestration de CO2.

 

Toute recherche de nouveaux gisements de gaz et de pétrole doit cesser cette année. Les gisements déjà identifiés et non-encore exploités suffiront. La demande de charbon baissera de 90% d’ici 2050. La demande de gaz baissera de 55% à 1 750 milliards de m3/an, tandis que la demande de pétrole déclinera de 75% pour atteindre 24 millions de barrils/jour (Mb/j), contre 90 Mb/j en moyenne en 2020.

 

Côté électricité, la production annuelle de batteries, à la fois pour les véhicules électriques et le stockage stationnaire, doit passer de 160 GWh aujourd’hui à 6 600 GWh en 2030 : soit l’équivalent de la mise en service de 20 Gigafactories (capables de produire 1 GWh de capacité de stockage en batteries) chaque année pendant les 10 années qui viennent.

 

La plupart des technologies nécessaires existent déjà aujourd’hui

 

Selon l’AIE, la plupart des technologies requises pour atteindre la neutralité carbone en 2050 existent déjà aujourd’hui, mais elles sont loin d’être déployées sur le marché. L’Agence identifie notamment trois technologies clefs : le développement de batteries plus efficaces pour le stockage d’électricité issu de la production intermittente par des ENR, le développement de meilleurs électrolyseurs de forte puissance pour la production d’hydrogène, la capture et le stockage du CO2.

 

Il faudra aussi développer des infrastructures spécifiques, comme des pipelines d’hydrogène et de gigantesques stockages d’électricité.

 

Tout cela va requérir d’énormes investissements, qui se comptent en milliers de milliards deEuros. Mais, selon l’AIE cette transition énergétique devrait aussi être créatrice nette d’emploi à travers le monde. Les pays producteurs d’énergies fossiles seront très fortement impactés, mais peuvent se réinventer en producteurs d’hydrogène vert grâce à une électrolyse à partir d’électricité photovoltaïque. L’infrastructure mondiale de transport de gaz naturel peut-être convertie pour le transport d’hydrogène.

 

Tout cela n’ira pas sans d’énormes difficultés, mais, affirme l’Agence Internationale de l’Energie, cette transition énergétique est non-seulement nécessaire pour éviter une catastrophe climatique mondiale, mais aussi parfaitement réalisable. Simplement, il faut s’y mettre tout de suite et cesser de repousser à plus tard les décisions qui font mal.

 

L’exemple de l’Allemagne

 

A cet égard, l’exemple de l’Allemagne devrait faire réfléchir. Saisie par un groupe de jeunes âgés de 20 à 30 ans, la Cour Suprême de Karlsruhe a décidé en Avril que la loi du 12 décembre 2019 relative à la lutte contre le changement climatique enfreignait leurs droits fondamentaux en ceci qu’elle remettait à plus tard une part importante des mesures nécessaires pour respecter l’accord de Paris.

 

En conséquence, le gouvernement allemand a examiné un projet de Loi le 12 mai et doit le présenter au Bundestag. Il vise à réduire de 65% les émissions de GES du pays en 2030 par rapport à 1990, puis -88% en 2040 et enfin à atteindre la neutralité carbone en 2045, 5 ans plutôt que prévu par la loi de 2019.

 

En France, le Conseil d’Etat a publié le 7 mai un [Décryptage] « Quand la Justice Administrative rappelle l’État à ses engagements climatiques » qui rappelle en France, en Europe et dans le monde les récents contentieux contre les mesures climatiques prises par divers États.

 

Au vu de l'analyse de l'AIE, la RE2020 a finalement raison de hâter la disparition du gaz naturel en construction neuve.

 



Source : batirama.com / Pascal Poggi

L'auteur de cet article

photo auteur Pascal Poggi
Pascal Poggi, né en octobre 1956, est un ancien élève de l’ESSEC. Il a commencé sa carrière en vendant du gaz et de l’électricité dans un centre Edf-Gdf dans le sud de l’Île-de-France, a travaillé au marketing de Gaz de France, et a géré quelques années une entreprise de communication technique. Depuis trente ans, il écrit des articles dans la presse technique bâtiment. Il traite de tout le bâtiment, en construction neuve comme en rénovation, depuis les fondations jusqu’à la couverture, avec une prédilection pour les technologies de chauffage, de ventilation, de climatisation, les façades et les ouvrants, les protocoles de communication utilisés dans le bâtiment pour le pilotage des équipements – les nouveaux Matter et Thread, par exemple – et pour la production d’électricité photovoltaïque sur site.
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