Chute de la construction neuve et hausse de prix : la FFB tire la sonnette d’alarme

Chute de la construction neuve et hausse de prix : la FFB tire la sonnette d’alarme

La Fédération française du bâtiment redoute une chute violente dans la construction neuve pour 2021 malgré la montée en puissance de MaPrimeRenov et du Plan de relance.




C’est encore un cri d’alarme que lance la FFB à l’occasion de la présentation des résultats trimestriels de la construction. Pour l’organisation professionnelle, il y a un réel danger de panne dans le neuf et notamment en matière de logements. Autres sources d’inquiétudes : la pénurie de matières premières et la hausse des prix fortement ressenties depuis le début de l’année.

 

La consolidation des statistiques fournies par les services de l’Etat indique que le Bâtiment a enregistré un recul de 15 % de son chiffre d’affaires en 2020 (soit 148 milliards d’euros) tout en maintenant ses emplois (1 200 000). Certes, les indicateurs sont positifs relève la FFB puisque les carnets de commandes des entreprises sont remplis et que l’apprentissage a enregistré une forte hausse (+ 7 % à la rentrée 2020, selon les chiffres du CCCA-BTP).

 

Il n’en reste pas moins que la construction neuve est en danger selon Olivier Salleron, président de la FFB, et cela, sur ses deux segments : le logement neuf et le non résidentiel neuf.

 

10 000 logements de moins que la moyenne de 1986

 

Ainsi, en termes de logement neuf, le bilan 2020 demeure le plus mauvais depuis 25 ans. Le volume des logements commencés s’élève à 351 000, soit 10 000 unités de moins que la moyenne observée en 1986. Et la dégradation perdure, constate la FFB puisqu’en glissement annuel, à fin janvier 2021, les ouvertures de chantier et autorisations se replient respectivement de 13,1 % et 9,1 %.

 

A ce rythme-là, elle prévoit pour 2021, un repli de 12,6 % des logements commencés qui atteindraient seulement 307 000 unités construites, « un niveau rappelant dangereusement l’entrée en crise du début des années 90 et la plus mauvaise année depuis 25 ans » souligne Olivier Salleron.  « Comment loger nos concitoyens et les SDF alors que l’on sait qu’il manque un million de logement, d’après la Fondation de l’Abbé Pierre ? » s’interroge le président.

 

Quant au second segment du neuf, le non-résidentiel, la situation s’avère pire, reprend le président de la FFB. Les surfaces autorisées et commencées chutent de 16,3 % et 19,2 % en 2020, ce qui représente 23,8 millions de m2 sortis de terre, soit plus de 8 millions en deça de la moyenne de long terme. Et les tendances récentes observées à fin janvier 2021 confirment la poursuite de ce mouvement (- 21,4 % et 15,6% pour les surfaces autorisés et commencées)

 

« Le non-résidentiel en dégringolade »

 

« Tous les segments du non-résidentiel sont en chute dont la commande publique qui est en dégringolade », résume Olivier Salleron, qui mentionne les hôpitaux, les écoles, les bâtiments administratifs ou encore les Ehpad…

 

Certes, le secteur de l’amélioration-entretien enregistre un recul plus continu, modère Olivier Salleron (- 8 % en volume en 2020). Le 4e trimestre 2020 déçoit cependant avec une chute de 2% en glissement annuel mais la rénovation énergétique (- 5,2 % en 2020) commence à porter ses fruits.

 

« La montée en puissance de MaprimeRenov et du Plan de relance n’arriveront pas à compenser la violente chute du neuf » affirme Olivier Salleron. Premier effet direct de la chute du neuf, la menace sur 100 000 emplois (1) qui pourraient disparaître à l’horizon 2022, selon l’organisation professionnelle.

 

Hausses de prix et pénurie de matériaux

 

Ce sombre tableau devient encore plus inquiétant au regard des nouvelles hausses de prix dues à la pénurie de certains matériaux. La désorganisation de la production internationale mais aussi de la logistique de transport conduisent à de fortes hausses de prix sur l’acier, le cuivre, le bois de construction, le polyuréthane, le PSE, les plastiques, relève la FFB.

 

La profession redoute donc des ruptures d’approvisionnement notamment en ce qui concerne les équipements intégrant des composants électroniques (puces électroniques et silicium) mais aussi le bois de structure.

 

Olivier Salleron a ainsi cité un exemple où des fournisseurs américains ont proposé d'acheter, en région Pays de Loire, du bois de structure à 700 euros le m3 à la sortie de l'usine contre un prix habituel de 200 euros le m3 livré sur chantier.

 

« Ces ruptures peuvent provoquer l’arrêt des chantiers et générer des pénalités de retards ainsi que des pertes financières » reprend Olivier Salleron. Ce dernier préconise de réactiver les ordonnances qui avaient gelé les pénalités de retard au printemps 2020. Mais aussi de recourir à l’indexation des marchés publics et privés.

 

Convaincre les élus locaux pour libérer les permis de construire

 

Pour lever les blocages et accompagner les donneurs d’ordre, la FFB veut d’abord convaincre les élus locaux afin de « libérer les permis de construire ». « Tout au long de ce premier semestre, nous portons nos efforts autour de la mobilisation des élus locaux dont les maires écologistes pour éviter de geler certains projets. Car moins nous construirons, plus nous aggraverons la situation du logement… » souligne le président de la FFB.

 

La profession réitère également certaines propositions comme l’accélération de la délivrance des permis de construire. Son vœu : mettre en place des permis déclaratifs pour toute opération réalisée sous permis d’aménager ou en zone d’aménagement concerté.

 

« Les administrations des collectivités locales sont encore peu équipées en informatique et le risque de confinement à répétition nous fait redouter de nouveaux ralentissements de l’instruction des permis de construire » détaille Olivier Salleron

 

Lutte contre l’artificialisation des sols : une bataille législative

 

Autre source de vigilance pour la FFB : les effets de la loi Climat et Résilience en cours de discussion à l’assemblée nationale, et qui vise notamment à limiter l’artificialisation des terrains afin de privilégier la biodiversité.

 

L’organisation professionnelle veille notamment à ce que la définition de cette notion se limite aux surfaces réellement artificialisées du fait de l’emprise des constructions sur le terrain, en excluant donc les jardins, bosquets, parcs, etc… Ce qui fait l’objet actuellement « d’une bataille législative au parlement », via de multiples amendements, révèle la FFB.

 

Enfin, pour favoriser le logement des primo-accédants et relancer la construction de logements, la FFB propose la mise en place d’un crédit d’impôt sur les cinq premières annuités d’emprunt.

 

La RE2020, un surcoût à compenser

 

Quant à la RE 2020, la FFB réclame un accompagnement financier afin de couvrir les surcoûts de la nouvelle réglementation environnementale, surcoût qu’elle estime de l’ordre de 8 %. A noter que le texte, actuellement soumis à l’examen du Conseil supérieur de la Construction et de l'efficacité énergétique (CSCEE), comporte « une mauvaise surprise » selon la FFB avec la réintégration du calcul carbone sur les VRD (voieries et réseaux divers) à l’exclusion des fondations.

 

« Il n’est jamais trop tard pour agir », conclut la FFB prête à monter au créneau. Pour rappel, la version définitive de la réglementation devait voir le jour au mois de mars 2021. Mais au vu des circonvolutions du texte, on peut aujourd’hui se demander si son application sera bel et bien effective au 1er janvier 2022.

 

(1) La FFB retient un ratio de 1,6 emploi mobilisé par logement construit et calcule qu’avec 44 000 logements commencés en moins sur 2021, la filière perdrait 70 000 emplois à l’horizon 2022.


Source : batirama.com/ Fabienne Leroy

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