2021 sera l’année de la relance du solaire thermique

2021 sera l’année de la relance du solaire thermique

Les maîtres d’ouvrage n’ont plus confiance, mais Enerplan, l’Ademe et d’autres acteurs s’attachent à redorer le solaire thermique. Et la RE2020 pourrait lui donner un bon coup d’accélérateur.




Le solaire thermique, parce qu’il est souvent mal conçu, mal installé et mal exploité, fait peur aux maîtres d’ouvrages. Pourtant, les maîtres d’ouvrages sociaux, notamment, sont culturellement partisans de l’énergie gratuite que fournit le solaire thermique.

 

 

 

Quantité d’autres maîtres d’ouvrage, dont les hôteliers et tout le tertiaire d’hébergement, les collectivités territoriales avec leurs piscines, leurs gymnases et les bâtiments qui regroupent une patinoire et un gymnase, une patinoire et une piscine, auraient fort à gagner à utiliser le solaire thermique. Mais voilà, à juste titre, ils ont eu tant à pâtir de la mauvaise exploitation de nombreuses installations solaires thermiques, qu'ils n’ont plus confiance et exercent parfois une réelle contre-prescription. ©PP

 

Enerplan a pris une série de mesures pour leur redonner confiance : codification de l’audit des installations solaires thermiques depuis 2016, apparition des qualifications RGE ingénierie et travaux et du référentiel de formation Qualit’ENR « Socol Exploitant », incitation à systématiser la prise en compte du solaire dans les contrats de maintenance et d’exploitation, …

 

Mais la première chose à entreprendre pour convaincre, c’est faire en sorte que les installations existantes fonctionnent correctement. Depuis l’été 2019 et prolongée jusqu’à la fin 2021, Enerplan soutient donc une opération de réhabilitation d’installations solaires thermiques, financée et gérée par l’Ademe : l’appel à projet « audit et accompagnement à la réhabilitation d’installations solaires thermiques collectives dans le cadre du plan de relance de la filière ».

 

Initialement, cette opération était mise en œuvre dans 5 régions pilotes : Nouvelle Aquitaine, Occitanie, Bretagne, Pays de Loire et Auvergne-Rhône-Alpes. En 2020, elle a été élargie au Centre-Val de Loire et aux Hauts de France. Il s’agit de réhabiliter au moins une vingtaine d’opérations par région.

 

 

 

Même en collectif, la technologie du drain-back – le fluide caloporteur est automatiquement vidangé dans des cuves de stockage en cas de température trop élevée ou d’absence de puisage prolongée – répond à l’une des causes principales de dégradation des installations solaires thermiques : la surchauffe et la décomposition du fluide caloporteur. ©PP

 

Un suivi attentif des installations réhabilitées

 

Le cahier des charges de l’appel à projets se trouve notamment ici. Les projets sont à déposer avant le 30 juin 2021. Pour chaque opération, la mission est découpée en trois grandes phases :

 

  • audit, état des lieux et chiffrage des travaux de réhabilitation,

 

  • travaux de réhabilitation et mise en service dynamique,

 

  • signature et mise en œuvre d’un contrat d’exploitation.

 

Les phases audit et travaux requièrent des prestataires d’ingénierie RGE titulaires de la qualification OPQIBI 20.14 ou équivalent, ou bien de la qualification Qualisol Collectif délivrée par Qualit’ENR, ou bien des qualifications 5131 ou 5132 délivrées par Qualibat + une formation Qualisol solaire thermique collectif.

 

Ce contrat d’exploitation peut prendre deux formes :

 

  • au minimum : contrôle de bon fonctionnement ou suivi simplifié,

 

  • Contrat de Performance Energétique (CPE) fondé sur un minimum de production de chaleur solaire à atteindre ou bien, à l’inverse, sur un maximum d’appoint énergétique en été, hors solaire, à ne pas dépasser + une production primaire solaire minimale à atteindre.

 

Il faut au moins un technicien ayant suivi une formation conforme au référentiel de formation Qualit’ENR « Socol Exploitant » dans l’équipe de maintenance.

 

Un minimum de 25 m2 de capteurs solaires thermiques

 

Pour être éligible à cet effort de réhabilitation, une installation doit offrir au moins 25 m² de capteurs solaires thermiques en un seul groupe ou en grappe, avoir moins de 20 ans, être purgée de tous les recours judiciaires ou à l’amiable entre le maître d’ouvrage et diverses autres parties prenantes.

 

L’opération doit obligatoirement être suivie en maintenance, soit avec un contrat de maintenance externe, soit directement par la maîtrise d’ouvrage, si elle est structurée pour cela. Le fait que l’installation aie été financièrement aidée ou pas par le Fonds Chaleur n’entre pas en ligne de compte.

 

Lorsqu’une installation est sélectionnée pour une réhabilitation, le maître d’ouvrage peut prétendre à une aide financière maximale, gérée par l’Ademe, de 50% du coût total – audit, instrumentation, chantier, etc. – avec un montant maximum d’aide plafonné à 10 000 €.

 

 

 

Les capteurs tubulaires sous vide offrent une puissance plus importante au m² que la plupart des capteurs plans. Ce qui permet d’installer du solaire thermique même avec une relativement faible surface de toiture disponible. ©Kingspan Solar

 

 

Socol, une mine de conseils

 

 

Par ailleurs, le site Socol – Chaleur solaire collective performante et durable - a été complètement refondu. Il demeure la meilleure source de renseignements techniques, règlementaires et financiers pour le soslaire thermique en collectif et en tertiaire.

 

Socol est animé par Enerplan, l’Ademe et GRDF. Le but avoué du site est de poursuivre la baisse du coût global du kWh solaire thermique en collectif jusqu’à 7 à 10 c€/kWh. Pour y parvenir, le site pousse à la généralisation du commissionnement des installations solaires thermiques, à la connexion systématique des installations pour un suivi à distance et à la généralisation des contrats d’entretien, de maintenance et d’exploitation, jusqu’au CPE.

 

Ce plan de filière pour la chaleur solaire collective, coordonné par Enerplan, implique des partenaires de 1er rang - Costic, GRDF, INES, Qualit’EnR, Tecsol et Uniclima - et les acteurs du marché (industriels, ensembliers, bureaux d’étude spécialisés, installateurs). Il associe les principales organisations professionnelles concernées représentant les installateurs, les sociétés d’exploitation et de maintenance (AICVF, Capeb, Cinov, FFB, Fedene, ICO), ainsi que l’USH, les Régions et les directions régionales de l’Ademe.

 

 

 

Pour réduire les coûts d’installation en collectif, un petit nombre de fabricants, dont Wagner Solar, un pionnier de cet exercice, proposent des capteurs de très grande surface. Ce qui évite nombre de raccordements et fiabilise les installations. ©Wagner Solar

 

Et la RE2020 ?

 

La RE2020, dont on ne connaît pas encore toutes les modalités, devrait être favorable au solaire thermique. Mais tout dépendra des arbitrages. Deux mécanismes pourraient être favorables au solaire thermique dans la RE2020.

 

Premièrement, les plafonds de l’indicateur Ic Energie, qui exprime l’impact des consommations d’énergie sur le changement climatique, sont annoncés en logement collectif à 14 kgCO2eq/m².an lors de l’entrée en vigueur de la RE2021 à l’été 2021, puis à 6 kgCO2eq/m².an à partir de 2024. Socol estime que le premier seuil n’est pas assez exigeant pour imposer l’emploi du solaire thermique en collectif neuf.

 

Le second plafond à partir de 2024, en revanche, est plus prometteur. De plus, un Label thermique et environnemental devrait apparaître à l’automne 2021 – le Plan Bâtiment Durable est chargé de son développement : on peut avoir confiance – et devrait être encore plus exigeant, en échange d’un droit à surconstruire.

 

Deuxièmement, la RE2020 prévoit à la fois un CEPmax et un CEPNRmax à ne pas dépasser. Exprimés en kWhEP/m².an, le CEPNR prévoit une consommation d’énergie non-renouvelable à ne pas dépasser. Selon les fuites habituelles, le CEPmax serait fixé à 75 kWhEP/m².an en collectif, avec un CEPNRmax à 55 kWhEP/m².an.

 

Si ces valeurs ne sont pas progressivement sévérisées, l’incitation au développement du solaire thermique en collectif demeurera faible. En revanche, si comme le Bbiomax et l’indicateur Ic Energie, leurs valeurs sont de plus en plus sévères, ce qui serait logique, le solaire thermique a une bonne carte à jouer.

 

 

 

La révolution du numérique concerne aussi le solaire thermique : il devient de plus en plus simple et de moins en moins coûteux de rassembler des données d’une installation et de les transmettre pour un suivi précis. ©PP

 

 



Source : batirama.com / Pascal Poggi

L'auteur de cet article

photo auteur Pascal Poggi
Pascal Poggi, né en octobre 1956, est un ancien élève de l’ESSEC. Il a commencé sa carrière en vendant du gaz et de l’électricité dans un centre Edf-Gdf dans le sud de l’Île-de-France, a travaillé au marketing de Gaz de France, et a géré quelques années une entreprise de communication technique. Depuis trente ans, il écrit des articles dans la presse technique bâtiment. Il traite de tout le bâtiment, en construction neuve comme en rénovation, depuis les fondations jusqu’à la couverture, avec une prédilection pour les technologies de chauffage, de ventilation, de climatisation, les façades et les ouvrants, les protocoles de communication utilisés dans le bâtiment pour le pilotage des équipements – les nouveaux Matter et Thread, par exemple – et pour la production d’électricité photovoltaïque sur site.
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