Le traitement de façade se robotise avec la technologie PaintUP

Le traitement de façade se robotise avec la technologie PaintUP

Ce bras robotisé porté par un chariot télescopique rotatif, nettoie, perce et peint les surfaces importantes. A la clé : des chantiers rapides et qualitatifs, comportant moins de risques pour les opérateurs.




Photo : Test de peinture au sol réalisé en novembre 2019 sur un module, pour le prochain chantier PaintUP : nettoyer et repeindre en monocouche les 3000 m2 de la résidence du CROUS la Tronche, à Grenoble.

 

C’est probablement le premier robot à pouvoir traiter les ouvrages d’art et les façades des immeubles : cette solution innovante, encore en phase d’amélioration, intéresse déjà quelques-unes des plus grandes entreprises françaises de BTP, qui commencent à l’utiliser pour de gros chantiers de rénovation en site inoccupé.

 

Il s’agit de numériser la surface en trois dimensions (ou, si elle est disponible, d’utiliser la maquette BIM du bâtiment). Puis l’intervention est planifiée, par exemple en choisissant les zones à masquer pour telle ou telle intervention (décapage, perçage, peinture).

 

Le bras robotisé 6 axes, embarqué sur un chariot télescopique rotatif, travaille de façon autonome sur une zone de 10 m2. Il « commande » son déplacement à l’opérateur posté en sécurité au sol (à l’intérieur ou à l’extérieur).

 

Celui-ci, assisté par des algorithmes via une interface informatique, télécommande le chariot porteur. Le robot reprend ensuite le contrôle pour travailler sur une nouvelle zone, et ainsi de suite.

 

Moins de risques …

 

En dehors du danger d’évoluer en hauteur (les chutes de hauteur sont la première cause de mortalité dans le BTP*), les travaux liés au traitement de façade sont répétitifs et pénibles, avec port de machines vibrantes dans des postures inconfortables.

 

Les opérateurs sont exposés à des conditions extrêmes (intempéries, froid, chaud) et aux agents chimiques. Le coût des traitements de façade est élevé, avec une grande part liée à la main d’œuvre.

 

La pénurie de main d’œuvre qualifiée induit souvent une qualité d’exécution aléatoire. PaintUP permet de sécuriser et augmenter l’efficacité de ces travaux, tout au moins pour les surfaces simples, dans l’état actuel du projet.

 

 

Pas d’intervention humaine en hauteur : le bras robotisé PaintUP nettoie 300 m2 de façade avant peinture, pour Eiffage, à Lyon, en 2019.

 

…Plus de productivité sur le chantier

 

Le gain de temps est évident : plus besoin de monter d’échafaudage, le robot peut travailler de jour comme de nuit, quelles que soient les conditions météo, et sur de longues périodes, sans « fatigue » de la machine.

 

Pour le moment, le robot intervient essentiellement pour décaper les façades. Hormis le nettoyage, de la peinture a été testée avec succès et sera réalisée sur le prochain chantier. Et bientôt, l’engin sera capable de percer.

 

La qualité d’exécution est aussi un « plus » à apporter au crédit du robot, dont les mouvements sont répétables et réguliers ; ce qui sera notamment appréciable lors de l’application optimale d’une peinture anti-corrosion.

 

Le coût de l’intervention, aujourd’hui à peine en-dessous du prix marché, va baisser d’au moins 30 % lorsque l’opérabilité de la solution se sera améliorée.

 

* le BTP cumule 17 % des chutes de hauteur qui sont la première cause de décès (69,2 % des décès et 29,1 % des incapacités permanente - source Cnam2016).

 

Questions à Romaric Gomart, fondateur de PaintUP

 

 

Après 7 ans passés chez Alstom, cet ingénieur formé à l’ECAM de Lyon se lance dans l’entreprenariat, avec comme objectif l’impression 3D monumentale sur site. Son idée se transforme au gré des réalités rencontrées ; il adapte son projet au traitement de façade, qui offre de sérieuses perspectives de débouchés.

 

Avec quels moyens financiers et humains avez-vous développé votre projet ?

 

J’ai créé le concept en2015 ; depuis, quelques prix gagnés lors de concours de start-up, une petite subvention et  mes fonds propres ont permis de réaliser les premiers investissements. En 2016,  les essais au sol avec un bras robotisé prêté, puis en 2017, la création du premier prototype, ont mené en 2018 aux premières applications métiers. Il a fallu convaincre des partenaires industriels ; Manitou, Stäubli et Leica Geosystems m’ont apporté des heures ingénieurs et prêté du matériel, ce qui représente une aide significative.

 

Mon équipe est réduite ; je collabore avec de jeunes ingénieurs et, pour finaliser les calculs, avec des consultants, chercheurs universitaires en mathématiques et informatique. Il a fallu marier des technologies qui ne cohabitent pas habituellement, ce qui a pris un certain temps !

 

Où en est le développement de PaintUP ?

 

Aujourd’hui, nous avons un savoir-faire unique, qui continue à s’enrichir au gré des situations rencontrées. On est entré dans une phase de prestation de services, avec la vente d’opérations sur chantier. 

 

En 2019, mon chiffre d’affaires était de 50 000 €. Le premier gros chantier s’est déroulé sur le campus Région du numérique, à Lyon : pour Bouygues, nous avons nettoyé avec un jet à haute pression 1800 m2 de façades, à raison de 50 m2/h, une vitesse qui va augmenter au fur et à mesure du perfectionnement de l’appareil.

 

Bouygues et Eiffage, nos premiers clients, louent le bras robotisé et l’opérateur pour une intervention sur site inoccupé. Nous travaillons sur les procédures de sécurité ; les risques de collision avec les objets et les personnes sont sérieusement évalués pour pouvoir à terme travailler sur site occupé.

 

Quelles sont les perspectives de développement de votre solution ?

 

Elle présente un fort intérêt pour des surfaces de grande dimension, en particulier en TP, pour les ouvrages d’art. En bâtiment, les perspectives sont surtout intéressantes pour massifier l’isolation thermique par l’extérieur.

 

On continue d’explorer le champ des possibles : entretien des bateaux de guerre, opérations de dépollution, etc. Pour monter en puissance, une levée de fonds serait nécessaire mais les sources de financement ne sont pas facilement accessibles en France et je n’ai pas encore pris le temps de m’y consacrer !

 


Source : batirama.com/ Emmanuelle Jeanson

L'auteur de cet article

photo auteur Emmanuelle JEANSON
Collaboratrice de longue date de Batirama, elle est journaliste indépendante dans la presse pro du bâtiment et de l’énergie depuis ses débuts dans le métier (qui remontent à la dernière décennie du siècle dernier !). Ses sujets de prédilection : tout ce qui contribue à une construction plus soutenable ; les techniques anciennes remises au goût du jour ; les énergies renouvelables ; aller à la rencontre des artisans et de leur quotidien, mais aussi comprendre les enjeux de l’activité industrielle.
1 Commentaire
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  • par Bernard
  • 23/04/2020 12:03:29

et voilà les machines qui va remplacer l'homme dans le bâtiment et des chômeurs en plus

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