L’industrie des énergies renouvelables prépare l'après Covid-19

L’industrie des énergies renouvelables prépare l'après Covid-19

Une série de mesures prises par le Gouvernement facilite la sortie de crise pour les porteurs de projets d’installations ENR.




Pour le monde des ENR (Energies Renouvelables), le 1er Avril 2020 a apporté une bonne nouvelle. Elisabeth Borne, ministre de la Transition écologique et solidaire, a désigné les lauréats de 288 projets éoliens et photovoltaïques, dans le cadre de plusieurs appels d’offres, pour une puissance totale de plus de 1 700 MW.

 

 

 

Les projets retenus en photovoltaïque au sol proposent des prix moyens de 62,11 €/MWh. ©PP

 

1700 MW de nouvelles installations de production d’électricité à partir d’ENR

 

Ces 288 projets se répartissent en : 35 installations d’éolien terrestre pour 749,3 MW, 88 projets de solaire photovoltaïque au sol (649 MWc), 39 projets photovoltaïques innovants, couplant notamment productions agricoles et panneaux photovoltaïques, pour 104 MWc, 12 projets de solaire PV dans le Haut-Rhin (94,2 MWc) dans le cadre du contrat de territoire de Fessenheim, 30 projets PV en autoconsommation (11,8 MWc) et enfin 84 projets PV en Corse et Outre-mer pour 101,7 MWc.

 

Lorsque toutes ces installations seront en service, elles produiront en moyenne 2,6 TWh d’électricité par an. Les 35 projets d’éolien terrestre ont conduit à augmenter le volume initialement prévu dans l’appel d’offres. Il est passé de 630 à 749,3 MW, notamment, souligne Elisabeth Borne, au vu des tarifs très compétitifs qui ont été présentés. Le tarif moyen des projets d’éolien terrestre lauréats est de 62,9 €/MWh.

 

A l’inverse, les projets PV au sol sélectionnés ne représentent que 649 MWc, alors que l’appel d’offres portait sur un total de 850 MWc. Le prix moyen est de 62,11 €/MWh. Parmi les 39 projets et 104 MWc retenus au titre de l’appel d’Offres « solaire photovoltaïque innovant », 40 MWc portent sur « l’agrivoltaïsme », un nouveau mot qu’il faut retenir, avec un prix moyen de 82,8 €/MWh.

 

En ce qui concerne les projets photovoltaïques, lancés pour accompagner la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim, les prix moyens sont de 55,78 €/MWh pour les projets au sol, 92 €/MWh pour les projets sur toiture de plus de 500 kWc et de 98,5 €/MWh pour les projets sur toiture de moins de 500 kWc.

 

 

 

La prime qui accompagne les projets lauréats de l’appel d’Offres « solaire photovoltaïque en autoconsommation » atteint 15,97 €/MWh. La puissance totale n’atteint cependant que 11,8 MWc. Du coup, le volume de l’appel d’offre pour la prochaine période sera réduit à 20 MWc. ©PP

 

Trois autres mesures en faveur de la filière des ENR

 

Elisabeth Borne a complété son annonce du 1er Avril par trois autres mesures en faveur des porteurs de projets d’ENR. Premièrement, tous les appels d’offres s’accompagnent d’un délai de mise en service des installations. Pour tenir compte des perturbations engendrées par le Covid-19, des délais supplémentaires seront accordés. Pour simplifier l’affaire, un délai forfaitaire sera défini pour chaque filière.

 

Deuxièmement, les tarifs d’achat de l’électricité photovoltaïque pour les petits projets sur toitures devaient baisser à compter du 1er Avril. Ils ont été gelés pour trois mois à leur niveau de mars 2020.

 

Troisièmement, les prochaines périodes d’appel d’offres lancées par le ministère de la Transition écologique et solidaire ont été décalés. Les porteurs de projets auront donc plus de temps pour mettre au point leurs offres. Par exemple, les offres pour le PV au sol qui devaient être remises en totalité au 3 juillet seront désormais remise en 3 juillet pour 1/3 du volume et au 3 novembre pour 2/3 du volume.

 

La remise des offres dans le cadre du solaire PV Haut-Rhin passe du 31 juillet au 30 septembre. Le solaire PV sur les bâtiments passe du 6 juillet. La remise des offres sur le PV innovant passe du 3 avril au 3 juin. Ce qui peut s’avérer un peu court. Les réponses à l’appel d’offres sur l’autoconsommation passent du 18 mai au 18 juillet et ainsi de suite.

 

Des réactions favorables de la profession

 

Interrogé par téléphone, Richard Loyen, le Délégué Général d’Enerplan (Syndicat des Professionnels de l’énergie solaire https://www.enerplan.asso.fr/), souligne que ces décisions étaient attendues et vont permettre aux équipes lauréates de commencer à préparer le phasage de leurs projets. Elles seront donc à pied d’œuvre lorsque les conditions sanitaires autoriseront la reprise des chantiers.

 

Il souligne cependant une inquiétude des professionnels des ENR, partagées par les promoteurs de la LCA-FFB, quant au gel des délais de recours et de purge pour les permis de construire déposés après le 13 janvier, institués par l’ « Ordonnance du 25 Mars 202. L'un des points de l'Ordonnance concerne la prolongation des délais échus pendant la période d’urgence sanitaire et à l’adaptation des procédures pendant cette même période ». Voir le précédent article.

 

Les professionnels souhaitent une nouvelle ordonnance du gouvernement

 

Enerplan se joint aux autres organisations professionnelles pour demander une nouvelle ordonnance qui corrigerait la première. Ce problème a été soumlis a Elisabeth Borne qui a admis que « le texte est ambigu et qu’il faut le préciser ».

 

« Si ce n’est pas fait, souligne Richard Loyen, c’est une épée de Damoclès suspendue au dessus des projets, dont la réalisation serait forcément retardée. Et ralentirait la reprise de l’activité au sortir de la crise sanitaire ». Ce qui va directement à l’encontre de toutes les décisions prises par la Ministre le 1er Avril.

 

Dans un autre ordre d’idée, Richard Loyen, qui habite à Marseille, continue de poster sur Linkedin les menus qu’il réalise presque chaque jour grâce à ses deux fours solaires. Cette activité a éveillé l’intérêt des écoles d’ingénieurs locales. L’école polytechnique et l’école centrale de Marseille envisagent de lancer auprès de leurs étudiant un concours de conception de cuiseurs solaires en 2021. Tout est concevable : friteuses alimentées par des capteurs sous vide, … Le marché de ce genre d’équipement est finalement peut être moins domestique que professionnel.

 



Source : batirama.com / Pascal Poggi

L'auteur de cet article

photo auteur Pascal Poggi
Pascal Poggi, né en octobre 1956, est un ancien élève de l’ESSEC. Il a commencé sa carrière en vendant du gaz et de l’électricité dans un centre Edf-Gdf dans le sud de l’Île-de-France, a travaillé au marketing de Gaz de France, et a géré quelques années une entreprise de communication technique. Depuis trente ans, il écrit des articles dans la presse technique bâtiment. Il traite de tout le bâtiment, en construction neuve comme en rénovation, depuis les fondations jusqu’à la couverture, avec une prédilection pour les technologies de chauffage, de ventilation, de climatisation, les façades et les ouvrants, les protocoles de communication utilisés dans le bâtiment pour le pilotage des équipements – les nouveaux Matter et Thread, par exemple – et pour la production d’électricité photovoltaïque sur site.
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