Un ralentissement à prévoir pour l'activité des artisans du bâtiment

Un ralentissement à prévoir pour l'activité des artisans du bâtiment

L’activité artisanale dans le bâtiment progresse toujours en ce début 2019, mais un ralentissement est à prévoir pour la suite de l’année. La Capeb fait le point sur les tendances.




Patrick Liébus, Président de la Capeb, se félicite du maintien de la croissance de l’activité artisanale sur le premier trimestre 2019 : en volume, elle augmente de 2 %, tout comme au dernier trimestre 2018. La maçonnerie, l’aménagement-décoration-plâtrerie et l’électricité (+2,5 %) profitent plus particulièrement de cette hausse, emmenée notamment par une météo favorable cet hiver et les +3 % de la construction neuve.

 

Le neuf, pourtant ralentit sa progression de trimestre en trimestre. Le nombre de permis de construire poursuit sa chute (-9 %) et les mises en chantier baissent de 5 % par rapport à la même période de l’année précédente, avec 413 600 logements commencés. Alors que les taux d’intérêt restent très bas, Patrick Liébus avance parmi les explications un stock de logements encore important, qui ne trouve pas forcément preneur.

 

Au contraire, avec +1,5 % d’activité chez les artisans, le secteur des travaux d’amélioration et de rénovation se montre plus dynamique qu’au 3ème trimestre 2018 (+1 %). Quant au volume des travaux d’Amélioration de Performance Energétique du Logement (APEL), il est en légère hausse, avec +1,5 % contre 1 % au trimestre précédent.

 

Des disparités régionales

 

Toutes les régions connaissent une progression mais celle-ci est contrastée : la plupart des régions sont dans la moyenne nationale ou un peu au-dessus. Le dynamisme est marqué à l’Ouest, surtout en Bretagne et dans les Pays-de-la Loire (+ 3 %). Tandis que le Grand-Est et la Bourgogne-Franche Comté connaissent une hausse inférieure à la moyenne nationale (+1,5 %) et que les Hauts de France sont quasiment stables, avec +0,5 %.

 

« Dans ces trois dernières régions, le tassement de l’activité n’est pas propre au bâtiment », note Patrick Liébus, qui se préoccupe d’une éventuelle «fracture territoriale, sur laquelle il faudra se pencher.»

 

75 jours de commande

 

Côté visibilité de l’activité, les carnets de commandes représentent 75 jours de travail en moyenne, soit 9 jours de moins qu’un an auparavant. « Le nombre de jours  diminue depuis 7 trimestres consécutifs mais tend à se stabiliser. Nous sommes revenus au niveau d’avril 2016 », remarque Patrick Liébus, qui souhaite que les mesures annoncées par le Président Macron n’ajoutent pas à l’inquiétude manifestée par les clients ces derniers temps.

 

En ce début 2019, la trésorerie s’est améliorée pour 10 % des entreprises, mais pour 14 %, elle s’est détériorée. 22 % des entreprises déclarent un besoin de trésorerie, avec un montant moyen stable, autour de 20 000 €. En cause, notamment, les délais de paiement : les bonnes pratiques ne sont pas encore au rendez-vous pour tous les clients … Et bien qu’encadrés pour ne pas dépasser 45 jours, les délais de paiement sont dans certains cas repoussés à 75 jours, sans infraction à la législation, par le jeu des délais dérogatoires. La CAPEB travaille à obtenir que soit modifié le CCAG pour lutter contre les délais cachés.

 

Autre facteur d’inquiétude : des marges en baisse pour 11 % des entreprises (quand 4 % annoncent des marges en hausse), ce qui pourrait surtout se ressentir sur les investissements futurs.

 

L’emploi se stabilise

 

Quoiqu’il en soit, dans une conjoncture économique plutôt correcte (+0,3 % de PIB au dernier trimestre 2018 et +1,6 % sur l’année), avec un taux de chômage de 8,8 % fin 2018, 290 000 personnes déclarent chercher à travailler dans le bâtiment ; un chiffre en baisse de 9,5 % ce trimestre et en baisse depuis 7 trimestres d’affilée. L’emploi est plus dynamique dans le bâtiment que dans les autres secteurs. Il progresse de 1,3 % en 2018 dans les entreprises de moins de 20 salariés. Et globalement, le BTP a créé 25 600 postes en 2018, ce qui représente +1,9 % d’emploi sur un an (contre +0,6 % dans l’ensemble des secteurs).

 

Fin 2018, 21 % des entreprises de moins de 20 salariés cherchaient à embaucher. La demande de main d’œuvre qualifiée reste criante dans 10 métiers, et particulièrement chez les couvreurs et charpentiers. Gageons qu’avec la réforme de l’apprentissage, l’inadéquation entre la formation et les besoins des entreprises va s’atténuer.

 

Patrick Liébus rappelle qu’en 2017, 79 % des apprentis du bâtiment (55 370) ont été formés par des entreprises de moins de 20 salariés, et que 70 % d’entre eux restent dans l’entreprise après obtention de leur diplôme. Par ailleurs, il signale que les salaires des apprentis du bâtiment ont progressé de 53 % entre 1998 et 2018, contre 45 % en moyenne sur tous les secteurs.

 

L’activité va stagner sur l’ensemble de 2019

 

Malgré un bon début d’année et compte tenu d’indicateurs, comme le ralentissement de la construction neuve et la baisse des carnets de commande, la CAPEB prévoit une croissance de l’activité globale pour 2019 de seulement +0,5 %, avec une baisse dans le neuf (-0,5 %) et un maintien dans la rénovation (+1 %).




Source : batirama.com / Emmanuelle Jeanson

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