Le groupe ISB structure la filière bois

Le groupe ISB structure la filière bois

  A l’occasion de l’intégration de SCA Wood France, le leader français des produits rabotés, du trading de bois résineux et de panneaux a levé le voile sur les contours de son marché.




Légende : Stock de sciages dans le port de St Malo, utilisé par le groupe ISB ©DR

 

Les Suédois voulaient-ils avoir une vision claire et indépendante de marchés que pourtant les deux entités connaissent mieux que tout le monde ? S’agissait-il aussi d’anticiper la réaction des autorités en termes de concurrence ? Toujours est-il qu’ils se sont tournés vers le conseil en stratégie Roland Berger.

 

Pour le groupe ISB, mais aussi pour SCA Wood qui est entré massivement dans le capital de sa holding Florencia, c’est tout bénéfice : non seulement cette étude leur permet d’ajuster les valorisations respectives des deux entités qui ont été mariées, mais dans la foulée, cela leur permet de préparer éventuellement d’autres opérations de croissance, comme le prévoit le plan OneWay 2022 élaboré précisément pour le compte du groupe ISB par le même cabinet l’année dernière.

 

 

De gauche à droite : Sébastien Levenez, directeur général du groupe ISB ; Pierre Gautron, président du groupe ISB ; Benjamin Bodet, responsable de ISB Rochefort.© DR

 

La filière bois en chiffres

 

En bon leader, le groupe ISB livre aux marchés quelques éléments d’appréciation de source Roland Berger, pas connus jusqu’alors : l’estimation de la valeur du marché des panneaux, celle de la valeur du marché des bois de structure et bois de menuiserie, celle du segment bardages/terrasses/décoration intérieure et celle des rabotés industriels.

 

Dans la foulée, les autorités de concurrence ont validé sans tarder le rachat du « numéro 3 par le numéro 1 du marché ». En général, ce genre d’opérations fait planer le risque de position dominante, même si, en France, on n’est pas toujours très sourcilleux en matière de prévention de monopoles de fait.

 

 

L’une des six plateformes du groupe ISB, fer de lance auprès de la distribution© Groupe ISB

 

Un poids lourd du bardage

 

Le groupe ISB l’avait déjà affirmé, il est de loin leader de son marché, loin devant les suiveurs. Si on regarde de plus près, il y a donc ISB avec 230 millions de chiffre d’affaires, puis Lalliard avec 83,5 millions de chiffre d’affaires, puis SCA Wood France avec 40 millions d’euros de CA.

 

En fait, Lalliard est un industriel de la transformation mais aussi une enseigne de négoce qui vient de se renforcer par l’acquisition de Cica, ce qui place Lalliard dans le top 5 des négoces de bois et panneaux en France, alors que le groupe ISB, depuis sa constitution, est uniquement un fournisseur du négoce. Raison de plus, pourrait-on dire, pour limiter les ambitions d’ISB dans le rabotage et le bardage, où il se présente désormais comme le n°1 français avec 35% de parts de marché (50% sur le bardage !), et comme leader sur les segments bois de menuiserie, panneaux, terrasses (en trading avec Sinbpla).

 

A l’exception des panneaux où SCA Wood France n’est pas très présent, son intégration par ISB accroît le leadership sur tous ces segments, et frise la position dominante sur les bardages. Mais les autorités de concurrence n’ont pas bronché. Pourquoi ?

 

 

Sciages de résineux russes à quai du port de St Malo © C. Ablain

 

Un cumul acceptable

 

Le Comité Stratégique de la filière bois affiche sa volonté de faire émerger des leaders. Par ailleurs, selon la segmentation établie par Roland Berger, la position d’ISB+SCA Wood France n’est pas dominante. Cela est une évidence pour le marché des panneaux (OSB et contreplaqués, hors panneaux de particules et MDF), qui est chiffré très exactement à 168 millions d’euros (marché de fourniture), et où la part de marché d’ISB reste inchangée à 18%.

 

Si l’on prend la seconde catégorie, celle des bois de structure et des bois de menuiserie, évalué à 426 millions d’euros, la part de marché de la nouvelle entité gagne trois points mais ne dépasse pas 19%. Sur la catégorie des bardages/terrasses/décoration intérieure, estimé par Roland Berger à 499 millions d’euros, les parts de marché cumulées, 13 + 4, ne dépassent pas non plus la barre des 20%.

 

Et que dire de la dernière catégorie, les rabotés industriels, où ISB ne s’investit que depuis peu, mais avec beaucoup de réussite, ce qui sert son ambition de diminuer son exposition aux aléas du marché de la construction : Roland Berger évalue ce marché à 330 millions d’euros, ce qui est considérable. Mais les parts de marché cumulées, 4 +2, restent encore très modestes.

 

 

Le groupe ISB est leader européen des achats de sciages en Russie. ©C. Ablain

 

Un leader imparfait

 

L’identification d’une position dominante dépend toujours de la loupe utilisée. Mais ce n’est pas tout. La couverture du marché national par le groupe ISB demeure très inégale, sans que SCA Wood ne change fondamentalement la donne.

 

L’entité suédoise vient conforter ISB dans ses fiefs de la façade atlantique élargie à la Manche, tout en lui donnant un punch supplémentaire à l’export vers la péninsule ibérique, où le groupe a profité des faiblesses du groupe Gascogne. L’implantation récente d’ISB à Lyon taquine à peine Lalliard solidement installé dans les Alpes. Le Grand Est, le PACA, l’Occitanie sont encore des territoires de conquête.

 

 

Usine de transformation Silverwood à St Malo © DR

 

La carte logistique

 

Tout de même, ISB met la main sur le port de Rochefort, vanté comme le plus efficace, notamment en comparaison avec celui de Bordeaux. Pierre Gautron, président d’ISB indique que « Rochefort débarque 7000 m3 de sciages en un jour et demi quand les autres ports mettent deux à trois jours pour 4000 m ». Il en sait quelque chose puisque le groupe exploite Honfleur, St Malo, Nantes et Bordeaux.

 

Le mariage d’ISB avec SCA s’explique en bonne partie par l’excellente position logistique de SCA Wood qui a su acquérir dans de bonnes conditions 40 000 m2 de terrain dont 20 000 m2 couverts. Un groupe comme ISB qui disposait déjà de 6 plateformes logistiques sait apprécier ce genre d’apport à sa juste valeur.

 

Proximité d’esprit

 

Que va devenir ce mariage ? On ne connaît pas tous les termes du contrat mais on sait que SCA et ISB se sont dits oui et qu’ils y croient. A croire que les deux parties s’apprécient l’un l’autre dans leurs natures de capitaines d’industrie à vues larges.

 


Source : batirama.com/ Jonas Tophoven

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