Jeunes salariés du BTP : concrets, optimistes mais fragiles selon une étude

Jeunes salariés du BTP : concrets, optimistes mais fragiles selon une étude

Une étude pilotée par la Fondation BTP Plus dresse un portrait sensible et précis des primo-entrants dans le BTP. Elle révèle une jeunesse plus concrète et optimiste que la moyenne des jeunes de 16 à 21 ans… mais aussi plus fragile car exposée. Elle permet d’envisager des perspectives d’aides utiles et ciblées. © PRO BTP




 

Cette étude, initiée et pilotée par la Fondation BTP Plus, a pour but d’accompagner les jeunes qui choisissent le BTP. Elle fait le point sur tous les aspects de la vie des 16-21 ans salariés : apprentis, ouvriers et Etam (employés, techniciens, agents de maîtrise). Elle a été réalisée grâce à l’analyse de 1 620 questionnaires de 62 questions. Cette première étude révèle une jeunesse au travail lucide, volontaire et motivée. « C’est, en effet, une jeunesse visiblement plus concrète et optimiste que la moyenne des autres jeunes de cette classe d’âge », indiquent les auteurs du rapport, en préambule. « Désireux d’apprendre, soucieux de s’insérer au mieux dans le BTP et de réussir leur vie, ces jeunes restent néanmoins relativement fragiles et exposés », ajoutent-ils.

 

79 % sont sur les chantiers


L’étude, réalisée d’après la banque de données de PRO BTP, a retenu les 18 activités qui salarient 83 % des effectifs, soit 133 037 jeunes actifs de cette tranche d’âge. Premier constat : cette population comporte essentiellement des hommes : 97 %. Elle compte 53,3 % d’apprentis, 43,5 % d’ouvriers et 3,2 % d’Etam. Enfin, 75 % de ces jeunes sont dans le métier depuis 2 ans ou moins et plus de la moitié n’y sont que depuis 1 an ou moins. 51 % sont salariés d’entreprises de 10 salariés et moins, et 83 % travaillent dans des entreprises de moins de 50 employés. Autre constat : 79 % des jeunes salariés sont présents sur les chantiers.

 

89 % jugent le travail valorisant


89 % des jeunes interrogés ont une bonne image de leur métier et 50 % pensent qu’ils l’exerceront plus de 5 ans. Ce travail jugé “valorisant” marque d’emblée cette étude et se vérifie pour tous les statuts comme pour tous les corps de métier, selon le rapport. Cependant, les réponses à la question « Que trouvez-vous le plus dur dans votre métier » révèlent de vrais clivages entre les métiers et les tailles d’entreprise. L’effort physique est par exemple cité comme l’élément le plus dur dans le métier par 34 % des peintres, le froid par 50 % des charpentiers et par 48 % des ouvriers et apprentis des entreprises de 11 à 50 salariés. 50 % des jeunes répondants se voient dans le métier plus de 5 ans, mais 32 % ne savent pas.

 

80 % sont logés par la famille


Ces jeunes ont peu de problèmes financiers, mais à condition que le logement soit assuré par la famille, ce qui est le cas pour 80 % d’entre eux. 71 % des jeunes répondants ne perçoivent aucune aide, et quand une aide est reçue, c’est celle des parents pour 13 % des jeunes. À noter que près de neuf jeunes sur dix ne connaissaient pas l’existence des aides aux salariés du BTP dans l’acquisition d’un logement. Les plus grandes difficultés liées aux revenus concernent l’accès à un logement indépendant : 77 % des ouvriers et apprentis jugent “difficile ou impossible” de louer un appartement. Une grande partie des jeunes interrogés souhaitent acheter un logement : 32 % à court terme (dans moins de 5 ans) et 35 % à moyen terme (dans 5 à 10 ans) ; 20 % ne savent pas.

 

33 % ont mal au dos


Près de neuf jeunes sur dix déclarent avoir un bon état de santé général. Parallèlement, ils consultent peu souvent les professionnels de santé. La “fatigue le soir” touche “très souvent” et “souvent” 62 % des jeunes salariés du BTP, 68 % des apprentis et ouvriers, 60 % des Etam. Le “mal de dos” concerne 33 % des ouvriers et apprentis. Les autres problèmes de santé sont assez liés aux corps de métier et aux statuts. Sur 35 % des jeunes apprentis et ouvriers interrogés qui disent “très souvent ou souvent” souffrir de coupures et de blessures, 13 % déclarent en souffrir “très souvent”. Le taux de réponse de “très souvent” monte à 18 % chez les charpentiers et à 27 % chez les menuisiers.

 

18 % lisent un quotidien


Le fait de lire régulièrement un quotidien d’information est cité par 18 % des répondants, 16 % des apprentis et 21 % des Etam “techniques”. Quant à s’informer “par Internet” (35 % des réponses), c’est le cas, régulièrement, de 42 % des Etam, 36 % des apprentis et 29 % des ouvriers. Les titulaires du bac professionnel surfent davantage sur le Net (67 % vs 55 % de non-titulaires du bac). Les jeunes sans diplôme lisent moins de quotidiens d’information (12 % vs 16 % des diplômés). Les apprentis et ouvriers interrogés passent beaucoup de temps à écouter de la musique (80 % en écoutent “souvent”) ou à “sortir avec leurs amis” (75 %). À l’inverse, les activités plus culturelles (musée, théâtre) ou plus engagées (association, vie politique) sont très peu prisées (entre 3 et 6 %).

 

42 % veulent acheter une voiture


Avec des aspirations de leur âge, ils déclarent prendre plaisir à leur existence tant sur le plan personnel que professionnel. Le principal souhait des jeunes apprentis et ouvriers du BTP est d’acheter une voiture (pour 42 %), “vivre en couple” arrivant en deuxième position. On peut également noter que près de 30 % de ces jeunes souhaitent monter leur propre entreprise. 73 % des jeunes répondants se déclarent “heureux” dans leur vie professionnelle et 85 % dans leur vie personnelle.

 

3 questions à Jean-Marie Giret, délégué général de la Fondation BTP Plus

Quel est le point le plus positif selon vous de l’étude ?

 

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Le fait que les jeunes soient heureux dans leur métier nous semble un point très positif. Ce fait est important notamment par rapport à d’autres populations de jeunes issus d’autres métiers, moins bien dans leur peau. Ils sont heureux et optimistes, et c’est une bonne nouvelle.

Et le point négatif ?


On relève des points faibles, comme la difficulté à se loger ou leur désintérêt vis-à-vis de leur santé, alors qu’ils disent être fatigués ou souffrir du dos (33 % d’entre eux). Autre point faible : le manque d’ouverture vis-à-vis des activités culturelles ou associatives. Or, l’ouverture à la culture générale doit être plus dense si on veut qu’ils continuent à évoluer dans leurs métiers… Notre objectif est en effet que les jeunes ne quittent pas la profession car elle manque de main d’œuvre qualifiée.

Quelle suite donnerez-vous à l’étude ?


Le but de l’étude est d’aider les acteurs de la profession, partenaires sociaux, CFA et entreprises à actualiser les aides qu’ils ont mis en place à destination des jeunes afin que ceux-ci se sentent plus à l’aise dans le métier. Notre Fondation envisage également de lancer des appels à projets issus des points importants mis en exergue dans l’étude.


Propos recueillis par

 

Source : batirama.com / F. Leroy


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