Réhabilitation d’une maisonnette d’exception de 100 ans
Au printemps 1894, Jules Renard publie "Poil de carotte" et se met au vert dans une maisonnette en bois de Maisons-Laffitte. Voici l’histoire de sa réhabilitation.
- La maisonnette rénovée. Doc. Bepox
Les faux colombages de la maisonnette masquent une approche moderne de l’ossature bois, qui a tout de même tenu plus d’un siècle avant de faire l’objet d’une réhabilitation lourde par l’entreprise Bepox.
Au XIXe siècle, les DTU n’existent pas encore et les règles de l’Art ancestrales cadrent mal avec ce projet miniature de maisonnette occupant 24 m2 au sol. La trame d’ossature semble s’inspirer directement de ce qui se pratique encore couramment en Amérique du Nord, le fameux 2x4’’, reconditionné à l’heure du système métrique français en 3x6 cm.
Selon Gabriel Bordelet, en charge de la réhabilitation de cet ouvrage chez Bepox, le dimensionnement des murs était suffisant, mais pas celui des solives de plancher, ni de la ferme.
A la faveur d’une destruction progressive des pieds de montant trop exposés, la maison s’est légèrement tournée. Les murs ont été jugés irrécupérables, mais la toiture a pu être conservée après renforcement de la ferme, si ce n’est que sa forme ne cadrait plus parfaitement avec les nouveaux murs bien droits.
- Détails des désordres de l’ossature
Colombages version 2015
Comme la maisonnette est située dans un quartier de Maisons-Laffitte où abondent les belles villas classées, les ABF ont demandé à ce que le rythme des colombages soit préservé, quand bien même il s’agissait parfois d’une décoration.
L’entreprise Bepox venait d’expérimenter la réfection d’un mur pignon à colombage rue de la corderie à Paris, en utilisant avec succès des panneaux bois-ciment teintés dans la masse. Pour la structure nouvelle, le douglas purgé d’aubier peut rester apparent sans traitement en R+1 sous toiture débordante.
Tant mieux pour le maître d’ouvrage qui demande des matériaux "verts" : plaques Fermacell, isolant biosourcé. Au vu des contraintes de découpe de l’isolant, des panneaux en fibre de bois (180 mm) seront préférés aux panneaux de chanvre.
- Feuilleté de la solution de paroi : ossature douglas, fibre de bois, panneau bois-ciment
Prêt à taux zéro : quelles conditions ?
Afin de disposer d’un prêt à taux zéro, le propriétaire doit justifier ses choix en matière d’isolation (nous sommes avant le 1er janvier 2015). Bepox préconise le recours à un logiciel de simulation allemand en freeware, Uwert, utilisable par des conducteurs de travaux expérimentés.
L’interprétation des résultats garantit le choix de matériaux évitant ainsi les risques de condensation qui résulteraient,dans certains cas extrêmes, du placement en face extérieure de panneaux bois-ciment très étanches à la migration de vapeur d’eau.
En conséquence s’impose la mise en œuvre sur la face intérieure d’un pare-vapeur, en l’occurrence l’Ampatex DB90 sous avis technique, doté d’une valeur sd de 20 m et qui fait également office de barrière d’étanchéité à l’air.
- Nouveaux volumes intérieurs avec pare-vapeur, seules les pannes et chevrons son conservés.
Toutefois, il faut toujours parer à l’éventualité d’une infiltration d’humidité au sein de la paroi au cours de la vie de l’ouvrage. C’est pourquoi le raccord entre le colombage et les panneaux en bois-ciment est réalisé à l’aide d’un Compriband étanche à l’air et à l’eau de ruissellement.
Exploiter les bois d’ingénierie
Bepox va procéder au remplacement progressif des murs en commençant par celui au fond du rez-de-chaussée. La maison reste stable sur trois pans mais sera étayée par précaution. Le remplacement donne lieu à la création de baies plus généreuses permettant de respecter le rythme des colombages.
Pour les planchers, Bepox imagine d’utiliser des poutres Kerto à plat. Dotée de performances mécaniques élevées, cette dalle présente en outre l’atout d’un gain de place qui va faciliter l’aménagement des combles, portant la surface habitable à un peu plus de 60 m2.
- Le colombage a été réhaussé sur des semelles en bois-ciment, une idée Bepox.
Le montant total des travaux est de moins de 80 000 euros, le point délicat étant la charge de travail pour la découpe et l’ajustement des panneaux bois-ciment dans le colombage. L’opération s’est achevée courant 2014, mais depuis le 1er janvier, l’éco-conditionnalité impose la qualification RGE dès lors que le maître d’ouvrage souhaite bénéficier d’aides, compte-tenu de l’intervention sur l’enveloppe du bâtiment. Aussi, Bepox a suivi une démarche de qualification RGE.
Bepox, une histoire
L’entreprise francilienne de charpente est fondée par Christophe Gomas il y a 25 ans et se distingue sur le marché de la restauration des constructions à pan de bois parisiennes.
Cet expert, s’efforce autant que possible, de remplacer les anciennes poutres défaillantes à l’identique et a développé une technique de goujons collés. Il regroupe ses confrères dans une association qui mutualise des recherches et qui ont donné lieu à un colloque de restitution à FCBA.
En 2011, Christophe Gomas cède l’entreprise Bepox à Hygiène Office, entreprise complémentaire que Bepox avait l’habitude de côtoyer pour le traitement des charpentes.
Dirigée par Madame Vieillemard, Bepox compte aujourd’hui 26 salariés et intervient essentiellement en Ile-de-France. L’entreprise s’est vu attribuer l’an dernier un Geste d’Or pour la consolidation sans destruction d’une tour médiévale qui avait brûlé à Geneste dans la vallée de Chevreuse.
Bepox avance aujourd’hui vers des opérations de rénovation d’ensemble comme actuellement rue de la Chapelle, ou des opérations de rénovation thermique financées par des extensions ou surélévations.
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