Le compte pénibilité cristallise la grogne des artisans

Le compte pénibilité cristallise la grogne des artisans

Dans le cadre de sa mobilisation nationale pour la croissance et l’emploi, le bus de l’UPA a fait étape hier à Nantes, mobilisant une soixantaine d'artisans pour l'occasion.




L’objectif n’était pas de faire une grande mobilisation mais de se rassembler pour sensibiliser élus et préfet à la situation. Hier midi, une soixantaine d’artisans des Pays de la Loire se sont rassemblé place du pont Morand à Nantes pour accompagner la venue du camion itinérant de l’Union professionnelle de l’artisanat (UPA).

 

Après Lille, Paris, Lyon, Marseille, Toulouse et Niort et avant Strasbourg demain, la tournée du bus UPA s’est arrêtée dans la capitale des Ducs de Bretagne. La région est particulièrement touchée par les défaillances d’entreprises.

 

« Au 3eme trimestre 2014, selon le tribunal de commerce, 2300 entreprises avaient disparu dont 50% issues du BTP, regrette Michel Brochu, vice-président de l’UPA régionale et président de la Capeb des Pays de la Loire.

 

Menuisier charpentier de métier, Michel Brochu ne cache pas son inquiétude face à la situation économique des TPE-PME du secteur. « Tous les jours, nous déplorons des fermetures et ou des licenciements. Je viens de rencontrer le patron d’une belle entreprise familiale de charpente en Vendée (5eme génération) qui compte 40 salariés. Il va devoir licencier un tiers de ses effectifs. »

 

Si la conjoncture économique fait beaucoup de dégâts, il semble qu’elle ne soit pas seule en cause. « Nous constatons aussi de plus en plus de licenciements dans les TPE, déplore Thierry Lanfant, secrétaire général de la Capeb régionale.

 

Les artisans qui travaillaient avec 2 ou 3 salariés perdent confiance. Face au stress, ils préfèrent licencier leurs salariés plutôt que de se ronger les sangs à savoir comment ils vont les payer à la fin du mois. »

 

Prévention des risques

 

Parmi les sujets qui fâchent, le compte pénibilité cristallise la grogne des artisans. « Ce dispositif sera impossible à mettre en œuvre dans nos entreprises, estime Daniel Laidin, président de l’UPA des Pays de la Loire. Il arrive au plus mauvais moment dans un contexte les entreprises sont déjà très fragilisées. »

 

Dans le secteur du BTP, on de décolère pas. « Nous travaillons depuis longtemps pour réduire la pénibilité, assure Michel Brochu. Nous sommes tous impliqués dans les démarches de prévention et cotisons déjà l’OPPBTP pour cela.

 

Qu’est ce que le compte pénibilité va apporter à nos salariés ? Un départ en retraite anticipé ? Nous préférons qu’ils partent à l’âge légal et en bonne santé ! » Au delà du sujet en lui même, c’est aussi la manière qui choque.

 

« La politique du gouvernement actuel est de mettre en place des dispositifs contraignants et de discuter ensuite avec ceux qui vont être impactés, dénonce le président de la Capeb régionale. Il faudrait faire l’inverse ! Nous sommes en démocratie, pas dans une dictature ! »

 

Choc de « complexification »

 

D’autres sujets préoccupent aussi les artisans qui dénonce un choc de « complexification » alors que le gouvernement parle de simplification ! Parmi eux, l’apprentissage. « On nous demande de former plus alors que les aides ont baissé de 50% depuis 2007 pour l’embauche d’un apprenti en CAP et de 75% pour un BP ! Comment voulez-vous faire plus avec moins ? », interroge Michel Brochu.

 

Conséquence directe, la région a perdu en effectifs l’équivalent d’un CFA. « Nous sommes passés de 6000 à 4200 apprentis en Pays de la Loire depuis 2007 (hors Mayenne), déplore Thierry Lanfant. Et la réforme de la taxe d’apprentissage ne présage rien de bon non plus. »

 

Quant à la transition énergétique, les artisans du Bâtiment s’inquiètent. « On nous annonce un crédit d’impôt généralisé à 30% depuis des mois mais rien n’est encore officiel. Nous avons des chantiers bloqués depuis septembre à cause de cela.

 

Les particuliers attendent les décrets d’application pour être surs de pouvoir en bénéficier. Personnellement dans mon entreprise, j’ai 200 000 euros de CA bloqué à cause de cela », précise Michel Brochu.

 

Une délégation de l’UPA a été reçue en début d’après midi par le Préfet. « On commence à bien se connaître, ironise Michel Brochu. Il nous reçoit, nous écoute. Ce serait bien aussi qu’il nous entende ! »

 

Légende photo : de gauche à droite, Daniel Laidin, président de l’UPA des Pays de la Loire, Michel Brochu, président de la Capeb des Pays de la Loire et son secrétaire général Thierry Lanfant (© C.J)




Source : batirama.com / Céline Jappé

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