La modification des heures creuses commence le 1er novembre et s'achèvera en 2027

Une ferme photovoltaïque au sol. ©

Le développement du photovoltaïque en France modifie les heures durant lesquelles la production est relativement abondante face à une demande plus faible. Ce qui pousse à une révision des heures creuses.




Les heures creuses existent aussi bien pour les tarifs réglementés de vente de l’électricité (TRVE) que pour les offres de marché. Le mécanisme des heures pleines et heures creuses divise la journée en deux plages horaires : 16 heures « pleines » et 8 heures « creuses » (consécutives ou non), avec deux prix différents (indiqués dans l’offre de fourniture).

Le placement de ces heures est fixé par le gestionnaire de réseau en tenant compte des contraintes locales du réseau. Les heures creuses correspondent ainsi à des heures pendant lesquelles, à l’échelle locale, la demande, déduction faite de la production, est la plus faible. La répartition des heures pleines et creuses n’est donc pas homogène à l’échelle du territoire et peut être différente d’un client à l’autre.

 

Début février 2025, la CRE (Commission de Régulation de l’Énergie) dans sa délibération TURPE 7 a décidé de mettre progressivement en adéquation les heures creuses avec les enjeux du réseau et l’évolution du mix électrique, c’est-à-dire principalement la croissance de la production solaire photovoltaïque. © PP

 

 

Un changement en trois étapes

Aujourd’hui, 14,5 millions de foyers et de très nombreuses entreprises ont un contrat avec une option HP / HC (soit 40 % des foyers). Parmi ceux-ci,11 millions vont connaitre une évolution dans le placement de leurs heures creuses, au moins en été. Pour 3,5 millions de foyers il n’y aura donc aucun changement, notamment les clients ayant des heures creuses de 23h à 07h (1,4 million de foyers).

Une première phase de novembre 2025 jusqu’à juin 2026 concerne 1,7 million de clients ayant une offre de fourniture Heures Pleines / Heures Creuses qui comporte des heures creuses l’après-midi et la nuit. Du fait de l’évolution de la consommation d’électricité, certaines plages horaires ne seront plus considérées comme des heures creuses, par exemple 7h-11h. De nouvelles heures creuses, identiques en été et en hiver seront attribuées aux clients concernés.

Une seconde phase de décembre 2026 à octobre 2027 concernera 9,3 millions de clients ayant une offre de fourniture Heures Pleines / Heures Creuses. Dans ce cas, des heures creuses différentes entre l’été et l'hiver seront attribuées.

Enfin, Enedis traitera tous les clients professionnels, qui en font la demande, en fin de chantier, c’est-à-dire au second semestre 2027.

 

 

Huit heures creuses, mais en deux parties

La règle des 8 heures creuses par jour reste inchangée, mais leur répartition évolue à partir du 1er novembre 2025, progressivement pour tous les clients. Fini les 8 heures d’affilée uniquement la nuit pour la majorité des foyers. Seule une minorité conservera une plage unique. Dans la plupart des cas, les heures creuses seront réparties sur deux périodes :

– le créneau de nuit (le minimum garanti) : toujours au moins 5 heures consécutives entre 23h et 7h, idéales pour les usages énergivores comme le chauffe-eau ou la recharge d’une voiture électrique ;

– Le créneau de journée : une nouveauté pour une majorité de clients. Les 3 heures restantes pourront être placées en début ou milieu d'après-midi, entre 11h et 17h. Les horaires exacts seront définis par Enedis pour chaque client, en fonction des caractéristiques locales du réseau. Le fournisseur d’électricité – Enedis, les régies locales, les fournisseurs privés – informera ses clients environ un mois à l’avance.

 

Les horaires des heures creuses pourront aussi varier selon les saisons. Enfin, le tarif en heures creuses est plus avantageux qu’en heures pleines, mais l’abonnement pour un contrat HP / HC est plus élevé que l’abonnement sans heures creuses.

 

Selon Enedis, 30 % de la consommation globale d'électricité d’un client doit être effectuée pendant les heures creuses pour que l'offre Heures Creuses/Heures Pleines soit rentable financièrement. © PP

 

 

Les appareils qui ne sont pas directement asservis au compteur Linky devront être reprogrammés manuellement, via des prises connectées au compteur Linky ou bien par le biais d’applications domotiques liées au compteurs Linky. © PP

 

 

Que faut-il faire ?

Les appareils reliés au compteur électrique (comme les chauffe-eaux avec contacteur jour/nuit) s’adapteront automatiquement. Les autres devront être reprogrammés manuellement ou via des prises connectées au compteur Linky. Le principe reste le même : consommer son électricité pendant les heures creuses permet de faire des économies. Mais comme les créneaux horaires évoluent, les utilisateurs doivent adapter leurs habitudes pour continuer à en profiter.

Pour continuer à économiser grâce aux heures creuses, voici les usages à décaler pour les utilisateurs domestiques : chauffe-eau, lave-linge, lave-vaisselle, recharge de véhicule électrique et climatisation en été.

Chaque consommateur doit déjà identifier ses nouveaux horaires. Ils seront indiqués sur sa facture d’électricité et sur son espace client sur le site de son fournisseur. En fonction de ces nouveaux horaires, le client devra, sauf pour les équipements asservis au compteur d’électricité, reprogrammer leurs horaires de fonctionnement. Cela vaut pour tous les clients bénéficiant d’un contrat HP / HC : les particuliers, mais aussi les entreprises. Pour les entreprises, cette réforme augmente l’écart entre les prix HP / HC en hiver, renforçant l’intérêt de décaler certains usages. On observe également un rééquilibrage en été, avec davantage d’heures creuses en journée pour absorber la production solaire. Pour une entreprise, cette évolution implique une nécessité de revoir la stratégie de pilotage énergétique, en fonction des cycles de production et des équipements. Beaucoup ne le pourront pas. C’est pourquoi Enedis traitera, au coup par coup et seulement en 2027, le cas des entreprises qui en font la demande.

 

Pour les entreprises, une gestion fine de la recharge des véhicules électriques devrait devenir encore plus rentable. © PP

 

 

En tout cas, cette réforme augmente la rentabilité d’une production photovoltaïque, sur site, en autoconsommation et avec stockage d’électricité. © PP




Source : batirama.com / Pascal Poggi / © PP

L'auteur de cet article

photo auteur Pascal Poggi
Pascal Poggi, né en octobre 1956, est un ancien élève de l’ESSEC. Il a commencé sa carrière en vendant du gaz et de l’électricité dans un centre Edf-Gdf dans le sud de l’Île-de-France, a travaillé au marketing de Gaz de France, et a géré quelques années une entreprise de communication technique. Depuis trente ans, il écrit des articles dans la presse technique bâtiment. Il traite de tout le bâtiment, en construction neuve comme en rénovation, depuis les fondations jusqu’à la couverture, avec une prédilection pour les technologies de chauffage, de ventilation, de climatisation, les façades et les ouvrants, les protocoles de communication utilisés dans le bâtiment pour le pilotage des équipements – les nouveaux Matter et Thread, par exemple – et pour la production d’électricité photovoltaïque sur site.
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