La quasi totalité (84 %) des opérations de transformation de l'habitat et d'aménagement prévues par l'Anru (Agence nationale pour la rénovation urbaine) ont été lancées, ainsi que l'a indiqué Valérie Létard, la ministre du Logement, qui annonce toutefois un assouplissement du calendrier.
Pilier de la transformation des quartiers populaires, l'Anru mène depuis vingt ans des opérations de démolition-reconstruction et de rénovation de tours et barres d'immeubles afin de désenclaver les quartiers populaires et améliorer la qualité de vie de leurs habitants.
Voulue par Jean-Louis Borloo (alors ministre délégué à la Ville sous la présidence de Jacques Chirac) pour changer le visage des "zones urbaines sensibles", elle a été créée par la Loi d’orientation et de programmation pour la ville et la rénovation urbaine du 1er août 2003. L’Anru s’est ensuite illustrée par ses spectaculaires opérations de démolition-reconstruction de tours et barres d’immeubles, dont les images faisaient les choux gras des journaux télévisés des années 2000.
L'Anru intervient également sur :
– la transformation de l'espace public ;
– La construction d'équipements publics, comme les écoles ;
– et, enfin, la création d'activités économiques.
Le nouveau visage du quartier du Havre surnommé "Chicago", après la destruction des immeubles (visible sur la vidéo YouTube de France 3 Normandie mise en Une) et la recontruction. © Chabanne Architectes / Land’Act
Le NPNRU (Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain), lancé en 2014 et doté de 12 milliards d'euros, prévoit 15 000 opérations dans 448 quartiers classés QPV ("prioritaires de la politique de la ville"), ainsi que le rappelle une "revue des projets" publiée ce mardi.
Dans un communiqué, le ministère du Logement salue un "programme ambitieux" qui a généré "45,9 milliards d'euros d'investissements" et prévoit la réhabilitation de 261 000 logements ainsi que la construction de 176 000 autres.
De son côté, l'Anru met en avant "10,2 milliards d'euros de recettes fiscales générées", 350 000 tonnes équivalent CO2 évitées par an, ainsi qu'une hausse du taux de réussite scolaire dans 62 % des collèges concernés.
Certaines opérations sont cependant plus ardues à faire avancer, notamment du fait de leur complexité technique, de surcoûts ou de difficultés de pilotage. C'est le cas de 256 d'entre elles, risquant de ne pas être prêtes pour 2026, année de fin de l'engagement financier des opérations donnant lieu au paiement des subventions par l'Anru.
Elles concernent principalement des projets d'équipements et d'aménagements publics portés par les collectivités. Face à cela, la ministre souhaite "prolonger la possibilité pour les collectivités [...] qui en auraient besoin d'engager leurs financements jusqu'en 2027", indique le ministère. L'échéance de livraison des opérations est également reportée "de 2030 à 2032".
Ce bilan intervient alors que les projets sont en pleine phase de maturité, nécessitant le concours financier de l'État dans un contexte où le gouvernement recherche de nouvelles économies pour 2026.
Par ailleurs, l'Anru s'interroge sur l'avenir de ses interventions après la fin de son second programme, redoutant un "trou d'air" si aucune décision de poursuite de cette politique publique n'était annoncée cette année.