Logement en Île-de-France : la situation est catastrophique

Une maison individuelle rue des Pyrénées à Paris

En Île-de-France, ça va mal, voire très mal : 21 % de baisse en logements neufs autorisés au second trimestre 2024 (par rapport à la même période en 2023) et 51 % de dossier MaPrimeRénov’ en moins ...




En Île-de-France, selon la DRIHL (Direction Régionale et Interdépartementale de l’Hébergement et du Logement), une direction de la préfecture de Région Île-de-France, au 30 juin 2024 et sur 12 mois, seulement 55 968 logements neufs ont été autorisés, soit - 5 % par rapport au trimestre précédent et - 21 % par rapport au même trimestre de l’année précédente.

Par département, cela donne :

– 9 910 logements autorisés dans le 94,

– 9 652 dans le 92,

– 8 513 dans le 93,

– 7 436 dans le 91,

– 6 917 dans le 78,

– 6 893 dans le 77,

– 4 924 dans le 95,

– et seulement 1 723 à Paris (75).

 

La situation est un peu meilleure en ce qui concerne les locaux non-résidentiels au 30 juin 2024, avec 4,3 millions de m2 autorisés par rapport au trimestre précédent (+ 7 %) et - 4 % par rapport au même trimestre de l’année précédente.

 

 

 

 

 

Rénovations divisées par deux

La rénovation de logements privés individuels grâce à MaPrimeRénov’ s’effondre littéralement avec 6 611 dossiers MaPrimeRénov’ engagés au second trimestre 2024, soit - 24 % par rapport au trimestre précédent et - 51 % par rapport au même trimestre de l’année 2023. La quasi-totalité de ces dossiers concerne des propriétaires occupants. Les propriétaires bailleurs représentent environ 2 % du total des dossiers déposés.

En ce qui concerne la rénovation d’ampleur (soit la somme des dossiers MaPrimeRénov' par geste parcours accompagné, parcours accompagné ménages modestes et très modestes, MaPrimeRénov' copropriété et autres dossiers propriétaires bailleurs), on enregistre 2 235 dossiers engagés au second trimestre 2024, soit + 111 % par rapport au trimestre précédent, mais - 26 % par rapport au même trimestre 2023. Clairement, le cafouillage sur MaPrimeRénov’ au 1er janvier 2023 est passé par là.

MaPrimeAdapt pour les propriétaires occupants, les propriétaires bailleurs et les copropriétés démarre avec 642 dossiers déposés au second trimestre 2024, soit + 745 % par rapport au trimestre précédent, une forte accélération, et + 103 % par rapport au même trimestre de l’année précédente.

En revanche, la lutte contre le logement indigne demeure dans les choux : seulement 28 logements subventionnés à l’aide de MaPrime Logement Décent, soit tout de même - 180 % par rapport au trimestre précédent, mais - 36 % par rapport au même trimestre 2023. MaPrime Logement Décent est une aide incitative pour les propriétaires mais ne comprend pas l'ensemble des aides distribuées en Île-de-France afin de prévenir les situations d'indignités (insalubrité, mise en sécurité).

 

 

 

 

 

 

 

Hausse des logements vacants

Dans une publication du 30 novembre 2023, l’Institut Paris Région estimait que le niveau des loyers en Île-de-France est 43 % plus élevé qu’en Provence-Alpes-Côte d’Azur, seconde région la plus chère de France en ce qui concerne les loyers. Entre 2002 et 2020, les loyers du parc privé ont augmenté de 56 % et les prix immobiliers de 185 %, quand les revenus des Franciliens ne progressaient que de 33 %. 

À Paris, près d’un logement sur cinq (19 %) est un logement inoccupé, soit 262 000 logements, selon les dernières données du recensement. Parmi ces logements inoccupés, on distingue les logements vacants (9 %) ainsi que les résidences secondaires et logements occasionnels (10 %), vides la majorité de l’année. Entre 2011 et 2020, la part de logements inoccupés augmente fortement, aggravant les tensions sur le parc de logements et entraînant une baisse de la population parisienne.

 

À Paris, un logement sur cinq est inoccupé. © PP

 

 

 

De fortes répercussions sur l’industrie du bâtiment en Île-de-France

Le 5 novembre dernier, les membres de l’Alliance pour le Logement Île-de-France (FFB IdF, Pôle Habitat IdF, Unis IdF, Fédération des Promoteurs Immobiliers IdF, AORI IdF et UNSFA IdF) a rappelé que les entreprises du bâtiment de toutes sortes, y compris les agences immobilières, se placent au premier rand des faillites en IdF. La baisse des droits de mutation a entraîné une baisse de recettes de 1,3 Md€ en 2023 pour les collectivités territoriales d’IdF, … Face à cette situation catastrophique, l’Alliance pour le Logement IdF, qui estime que 10 000 à 12 000 emplois sont menacés dans les deux années à venir, a présenté ses propositions :

– un appui fort de l’État face aux refus de permis de construire de tout ordre et aux recours abusifs ;

– Stopper les surenchères normatives des Établissements Publics d’Aménagement et des Sociétés d’Économie Mixte, installer un observatoire, associant les professionnels, permettant de constater les réelles mises en chantier de ces établissements ;

– En ce qui concerne les élus locaux, l’Alliance leur demande de délivrer les permis de construire lorsqu’ils sont conformes aux PLU/PLUi, de mettre entre parenthèse les chartes d’urbanisme inflationnistes et l’Alliance demande (à qui ?) d’inciter financièrement les maires bâtisseurs.

 

Bon, tout ça est du recuit, trop souvent entendu : l’envolée des coûts est la faute des normes, les maires ne veulent plus construire, les tribunaux prennent trop de temps pour juger les recours abusifs (ça c’est vrai), …

Enfin, l’Alliance pour le logement IdF veut que le Comex logement régional animé par le préfet de région, se réunisse au moins cinq fois par an et consacre une partie de ses réunions au suivi des actions des correspondants départementaux, à l’observatoire des Établissements Publics Expérimentaux et SEM sur leur réelle production de logement, à l’évolution et la mise en application au niveau du terrain des mesures de simplifications demandées.

 

 

 

Quid des autres idées de l'Alliance pour le Logement IdF ?

– Demander au gouvernement de mobiliser le foncier des entreprises et établissements publics ? C’est trop long et c’est finalement trop cher ;

– Anticiper l’évolution des normes pour apprendre à construire mieux et moins cher ? Vous n’y pensez pas, l’heure est à l’urgence disent les représentants de l’Alliance pour le Logement IdF.

 

Curieusement, les mesures demandées, plutôt vagues (quel choc de simplification exactement ?) paraissent plutôt timorées et convenues. On aurait espéré plus d’audace. Par exemple, si les maires ne veulent plus construire, pourquoi ne pas en trouver un ou deux qui construisent en Île-de-France, leur demander pourquoi et en faire une large publicité.

Les recours abusifs sont nombreux : donner des exemples, expliquer quelles juridictions sont les plus lentes : name and shame, comme on dit en bon français. Donner de vrais exemples détaillés de l’augmentation des coûts engendrés par la demande des aménageurs de construire tout de suite selon la RE2028. Expliquer pourquoi, toujours avec de vrais exemples, l’accès au foncier des entreprises et établissements publics est impossible, trop coûteux, etc.



Source : batirama.com / Pascal Poggi

L'auteur de cet article

photo auteur Pascal Poggi
Pascal Poggi, né en octobre 1956, est un ancien élève de l’ESSEC. Il a commencé sa carrière en vendant du gaz et de l’électricité dans un centre Edf-Gdf dans le sud de l’Île-de-France, a travaillé au marketing de Gaz de France, et a géré quelques années une entreprise de communication technique. Depuis trente ans, il écrit des articles dans la presse technique bâtiment. Il traite de tout le bâtiment, en construction neuve comme en rénovation, depuis les fondations jusqu’à la couverture, avec une prédilection pour les technologies de chauffage, de ventilation, de climatisation, les façades et les ouvrants, les protocoles de communication utilisés dans le bâtiment pour le pilotage des équipements – les nouveaux Matter et Thread, par exemple – et pour la production d’électricité photovoltaïque sur site.
1 Commentaire
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  • par hughthuth
  • 12/11/2024 16:33:09

Ce qui n'est pas une surprise d'un point de vue marketing stratégique l'est encore pour les alliances de ci et de la, on serait curieux de connaître les frais de fonctionnement de ces machins au regard de leur pseudo efficacité sur le bien être du consommateur : un logement sobre, de qualité, sans recours et qui respecte les délais de livraison ( c'est un peu dur pour ce secteur où la non performance est une qualité...) et sans parler des performances environnementales. Le "greenwashing" est intrinsèque à ce secteur avec les tête de gondole de type " éco quartier" où le béton est décarboné par enchantement.... Au lieu de se remettre en cause, ce secteur s'enfonce dans ses certitudes, ses dérives de marché, ses quasi monopoles privés, une intégration verticale et horizontale dans l'industrie absolument incroyable... sans parler du tapis vert des distributeurs.... les français, consommateurs et contribuables méritent mieux, une vraie industrie fondée sur la décarbonation, la numérisation pour accroitre l'économie circulaire et la compétitivité hors coût, et enfin le respect du consommateur par un écrasement des millefeuilles car il y en a plusieurs.... la destruction créatrice a du bon.

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