L’hôtel-domicile biosourcé

Les panneaux acoustiques Ligno Akustik sont une composante centrale de l'aménagement du Zoku Paris

Pour l’édition présente d’EquipHotel à Paris, les questions de l’émissivité carbone ne s’arrêtent pas aux tourniquets d’entrée. Le Zoku de la Porte de Clichy offrent quelques pistes d’avenir.




En ce qui concerne l’hôtellerie verte à Paris, deux approches se distinguent. La première est portée par l’enseigne Joe&Joe à Gentilly ; la seconde dans le 12e, avec des bâtiments construits en CLT et une démarche rapprochant l’hébergement de tourisme de l’auberge de jeunesse. À ce jour, ce concept n’a pas essaimé et n’a donc pas non plus offert l’opportunité d’associer d’autres pratiques bas carbone à celle du bâti.

 

 

 

L’immeuble manifeste

Dans le cas du Zoku de Paris, une conjonction de circonstance a permis d’aller provisoirement un peu plus loin. L’architecte Philippe Chiambaretta transforme les Champs-Elysées en jardin, en 2010, puis crée l’agence PCA-Stream et participe au concours Réinventer Paris avec un projet qui porte précisément le nom Stream. Il l’emporte dès 2014 avec une barre de bureaux à structure bois, inconnue à Paris où, face au Stream et accolé au TGI, le Thémis constitue alors le premier immeuble tertiaire avec des planchers en CLT.

 

La proue squelettique n'est pas dictée par le design du Zoku mais par l'architecture manifeste de PCA-Stream. © Ewout Huibers

 

 

La construction alimentaire

PCA-Stream ne se démarque pas seulement par le choix d’une structure en BLC, mais par sa visualisation en proue, du côté du périphérique, comme une sorte de manifeste. S’ajoute l’option alors pionnière de doter l’ouvrage de moyens de production d’aliments, d'énergie photovoltaïque, et surtout cette nouvelle idée de contribuer à la protection solaire d’un ouvrage de faible inertie par des plantes grimpantes, notamment le houblon, récoltées en automne et permettant de brasser en sous-sol une bière Stream-beer qui sera vendue au rooftop.

 

 

 

Hébergement temporaire personnalisable

C’est là qu’intervient le concept du Zoku, développé à Amsterdam en 2018 après une longue réflexion tendant à repenser l’hôtellerie d’affaires afin de recréer, notamment pour les clients résidants plus longtemps, un nouveau chez-soi. Dès 2019, alors que le Stream peine à sortir de terre face à une réglementation de plus en plus restrictive en termes de construction bois, les concepteurs du Zoku s’intéressent à cet ouvrage parisien qui leur correspond par l’existence d’un rooftop et une structure simple qui permet de dégager de façon répétitive des chambres de 24 m2.

 

Conflt d'usage en toiture entre la prodction d'aliments, la capatation d'énergie photovoltaïque, l'agrément des rooftops et les dispostitifs traditionnels de clim. © JT

 

 

L’hôtellerie durable en germe

Zoku va occuper les trois étages supérieurs, ce qui correspond à un peu plus de 100 chambres, plus les espaces communs du dernier étage. Certes, ni la construction, ni l’aménagement, ni le concept du Zoku ne visent une démarche environnementale optimale, ne serait-ce qu’à cause de leur caractère de précurseur. Le Stream a tout de même le bénéfice de recourir largement au bois malgré un socle et un long noyau en béton. Les chambres typiques du Zoku, dessinées intelligemment comme autant de studios permettant d’accueillir en escamotant le lit, s’approchent d’une démarche hors-site, avec leur escalier métallique escamotable.

 

 

 

Convivialité d’affaires

À présent, cet escalier ingénieux, qui disparaît totalement sous l’espace de couchage, est devenu la marque de fabrique du Zoku au même titre que les anneaux en bois qui pendent au milieu de la chambre. Dans les parties communes, les designers néerlandais de Concrete Architects sont encore à la recherche de leur empreinte spécifique. L’accent est mis sur des espaces différents de ceux que rencontrent habituellement les usagers, avec une multiplication de possibilités de rencontres. Ainsi, on pourrait dire que le Zoku se distingue par des longues tables en bois mélangeant les convives.

 

Les tables conviviales sans brouhaha de cantine grâce aux panneaux acoustiques muraux Ligno Akustik. Lignotrend a livré environ 330 m² de panneaux. Le panneau acoustique LIGNO® Acoustique light est composé d'une couche de lattes imprégnées sous pression en sapin blanc sans nœuds. Grâce à l'imprégnation, la surface est difficilement inflammable, et elle est en outre recouverte d'un vernis de protection transparent, afin d'éviter les taches. © Ewout Huibers

 

 

Panneaux de correction acoustique muraux

Le Zoku parisien est marqué par le bois, sans doute parce qu’au fil de la construction du Stream, la structure bois a été escamotée pour des raisons de protection incendie. Afin de corriger l’acoustique des espaces communs, Concrete Architects a opté pour un recours massif à des panneaux Ligno Akustik qui révèlent ici leurs capacités dans l’agencement vertical, y compris intégrés au mobilier ou aux portes. Le Ligno Akustik a plus de 20 ans, mais reste précurseur par sa capacité à proposer un complexe acoustique rainuré incorporant de la fibre de bois.

 

 

 

50 nuances de sapin pectiné

Avec entre autres une imprégnation autrichienne Adler, le panneau décroche la performance d’Euroclasse B, s1-d0 y compris avec son isolant. Le choix du sapin pectiné dont l’approvisionnement ne se limite pas à la Schwarzwald (Forêt-Noire), mais mord sur la Suisse et la France, contribue sans doute à un effet de surface ou l’authenticité n’est pas affichée par des nœuds, mais par les légers décrochements de teinte. Cela dit, Lignotrend reprend désormais dans sa gamme l’option des petits nœuds, pour des petits budgets.

 

 

 

Une PME bien enracinée

Les rainures du Ligno ne sont pas uniformes, afin de ne pas créer un effet optique perturbant. Il faut donc un grand savoir-faire pour maîtriser tout cela de bout en bout, et sur un marché où les panneaux de correction acoustique en bois rainuré se multiplient, la PME de la Schwarzwald (Forêt-Noire) règne en maître avec ses 35 millions de CA et ses 180 employés. Malgré toutes les différences réglementaires européennes, le B, s1-d0 est une performance qui ouvre tous les marchés, sauf celui des plafonds d’ERP en France, où le recours aux isolants incombustibles est requis.

 

 

 

Le panneau acoustique mural biosourcé

Lignotrend rencontre un tel succès avec ses panneaux de plafond et parois que ces derniers, développés un peu par hasard il y a vingt ans, représentent aujourd’hui plus de la moitié du chiffre d’affaires de l’entreprise. La question de l’isolant incombustible gêne le fabricant sur certains marché français et ouvre la porte à des concurrents. Mais elle se pose moins pour les applications verticales, notamment au Zoku. Au point qu’on se demande qui pourra rivaliser avec Lignotrend sur ce segment de marché, où le fabricant apporte également la possibilité de couvrir avec beaucoup de simplicité des parois courbes.

 

 

 

La panoplie de Zoku

L’inventeur Werner Eckert a installé ses deux fils et leur laisse une entreprise dotée enfin d’un bâtiment de bureaux également témoin, d’une technologie de production en pointe et d’un savoir-faire global qui permet à Lignotrend de ses positionner sur le haut de gamme. On ne verra pas les panneaux Ligno Akustik partout car ils sont chers, mais le Zoku de Paris constitue une référence internationale et, quand l’enseigne trouvera le rooftop qu’elle cherche encore à Londres, sans doute les panneaux muraux s’intègreront dans la panoplie distinctive de Concrete Architects.

 

 

 

Paris crée de nouveaux lieux de vie

Résumons : un immeuble biosourcé produisant des aliments, un mode de vie convivial en espaces réduits qui pourrait préfigurer le développement de résidences urbaines, un aménagement intérieur qui mise sur le confort acoustique et visuel du bois. Paris l’illustre Porte de Clichy, où on prend l’ascenseur pour déguster une Stream-beer hyperlocale sur le rooftop en bois de l’immeuble. Avec La Ferme du Rail de Grand Huit (intégration) et la Communale de Saint Ouen par KOZ (vie commune), le Stream (hôtellerie durable) est une déclinaison des nouveaux lieux de vie franciliens, qui n’attendent que leur perfectionnement et leur duplication.



Source : batirama.com /Jonas Tophoven © Ewout Huibers

L'auteur de cet article

photo auteur Jonas TOPHOVEN
Jonas Tophoven est journaliste de la presse professionnelle de la construction et du bois en France et en Allemagne depuis 30 ans. Le thème qui lui tient particulièrement à cœur est la réduction drastique des émissions de GES dans la construction, première émettrice humaine du monde devant l'agriculture, avec un impact renforcé en France. Il a d'abord travaillé pendant 12 ans sur la construction sèche, puis depuis 15 ans sur la construction bois préfabriquée et il collabore depuis 10 ans à la programmation des quelque 150 conférences annuelles du Forum Bois Construction, congrès des acteurs de la construction biosourcée.
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