La Larme de Midas devient l'icône du prochain et 14e Forum Bois Construction

Les structures en zome cadrent parfaitement avec les engagements climatiques.  © Michaël Feneux

Sous la voûte du Grand Palais, du 26 au 28 février 2025, l’espace d’exposition du congrès des acteurs de la construction biosourcée sera couronné par une œuvre de l’artiste Michaël Feneux : la Larme de Midas.




En 2025, cela fera cinquante ans que l’architecte et professeur Jean Soum aura découvert un type de construction géométrique associant des losanges disposés en double spirale : le zome. Mis au point dans les années 60 par l’ingénieur américain Steve Baer, ce mode constructif avait été adopté par une communauté bouddhiste au Nouveau Mexique. Depuis, environ deux cents zomes ont été construits en France, avec comme épicentre l’Ariège, où réside Jean Soum. Le bois et notamment le Douglas se prête particulièrement bien à la création de ce type de structures légères, résistantes, agiles.

 

 

 

Totem sous verrière

Constructeur de zomes comme habitacles, Michaël Feneux aime explorer les possibilités de cette approche constructive dans une perspective artistique. Pour la 14e édition du Forum Bois Construction, du 26 au 28 février 2025, France Douglas souhaite contribuer à la création d’un totem pour la quatrième fois depuis le début des totems au congrès d’Epinal et Nancy en 2015, et l’approvisionnement en Douglas du totem de l’agence Patriarche pour le 6e Forum à Lyon dès 2016.

 

La Larme de Midas en Douglas pointe vers la verrière majestueuse du Grand Palais. © Michaël Feneux

 

 

 

À la différence des dômes, les zomes offrent de nombreuses possibilités en termes de formes. La Larme de Midas, qui se lit aussi comme l’alarme de Midas, s’élance dans l’immense espace de la voûte du Grand Palais comme un signal au-dessus des stands Belleville créés pour l’occasion dès 2021, les auditoriums éphémères dont celui du Forum de juillet 2021 au Grand Palais Ephémère, et les stands à étage de fournisseurs exposants.

 

 

 

 

Alarme et remèdes

Un peu de mythologie : Midas renvoie ici à ce roi qui avait émis le souhait de transformer en or tout ce qu’il touche et qui, donc, ne peut plus rien manger ou boire. De fait, la construction de Michaël Feneux ressemble à une grosse larme. Pour l’artiste, nous sommes tous des Midas, nous voulons tout transformer en profit et créons les conditions de la famine.

 

 

Structure d'un zome en France. © Michaël Feneux

 

 

 

La construction traduit une alarme, mais elle tente également de donner les clés d’une consolation. Les zomes sont un modèle d’économie de matière en rapport avec la résistance, et de compacité pour l’isolation. Leur calcul est complexe, mais la réalisation des losanges relativement aisée. Le montage et le démontage sont simples et la construction élevée au Grand Palais peut servir de structure pour une habitation. Le transport est peu émissif, surtout si ce projet parvient, de façon exemplaire, à opter pour l’acheminement fluvial.

 

 

 

 

Utiliser pleinement les barges ZULU

L’acheminement fluvial est l’un des dadas de l’interprofession FiBois Île-de-France. En 2025, cela fera dix ans que FiBois aura démarré ce type de recherche. Plusieurs chantiers des constructeurs normands Poulingue ou Cuiller, voire Rubner, ont été livrés en région parisienne de cette manière, y compris certains ouvrages en bois du Village des Athlètes pour le lot Ecoquartier Fluvial.

 

 

L'une des particularités des zomes est que la structure devient vite très belle. © Michaël Feneux

 

 

 

En juillet 2021, à l’occasion du 10e Forum Bois Construction, les congressistes ont pu rejoindre à pied le port de la Bourdonnais pour assister au déchargement de conteneurs destinés à la Crèche de l’Alma, première construction bois parisienne utilisant ce type d’acheminement. À l’époque, les grues des plates baptisées ZULU n’avaient pas été utilisées et pour décharger les conteneurs spécifiquement développés pour la construction bois, il fallait demander à Franprix un bref usage de son chariot cavalier, ce qui imposait de passer précisément par ce port parisien.

 

 

 

Chaudes larmes symboliques

Avec les assemblages de la Larme de Midas, il est possible de faire des paquets répondant aux limites de 1 200 kg de la grue, ce qui permettrait de déposer les éléments de la construction sur le port de l’Elysée, juste en face du Grand Palais. D’ailleurs, ce port a été abondamment utilisé pour acheminer les matériaux lors de la construction de ce monument avant 1900.

 

 

Zome avec losanges zénithaux vitrés. © Michaël Feneux

 

 

 

La portée symbolique de cet acheminement fluvial est confortée par le lancement récent de ZULU 06 à propulsion hydrogène. De plus, qui dit acheminement pour le montage dit aussi possibilité de transporter ultérieurement les éléments vers leur destination finale, quelque part au bord de la Seine, de la Marne, de l’Oise … La Larme cherche actuellement un repreneur final. Elle deviendrait ainsi une larme de joie, Paris renouant avec un approvisionnement vertueux à partir du Morvan, et le Paris des expositions universelles avec le réemploi local.

Pour Nicole Valkyser, organisatrice du Forum, la Larme est aussi une réinterprétation de la Tour Eiffel, avec ses quatre pieds, sa structure en treillis, sa flèche. Elle symbolise bien le moment parisien de cette 14e édition, en fait prévue pour 2020 mais décalée à cause de la pandémie, remplacée en juillet 2021 par une édition au Grand Palais Ephémère, en attendant l’aboutissement de la rénovation qui fait du Grand Palais l’un des plus beaux lieux d’exposition d’Europe.

 

 

 

 

Fêter la RE2025

Au premier janvier 2025, la France aborde le premier pallier de la RE2020 et se place en tête de la conversion européenne vers l’économie du carbone, en attaquant les émissions humaines là où elles sont le plus virulentes, dans le bâtiment traditionnel.

 

Michaël Feneux, bâtisseur, poète, et conférencier ... © Michaël Feneux

 

 

 

Le Grand Palais est le lieu idéal pour souligner cette évolution, et la Larme de Mickaël Feneux l’expression parfaite pour créer un lien entre la culture constructive orthogonale et horizontale du bois, et l’élancement baroque de la voûte.

 


Source : batirama.com/ Jonas Tophoven

L'auteur de cet article

photo auteur Jonas TOPHOVEN
Jonas Tophoven est journaliste de la presse professionnelle de la construction et du bois en France et en Allemagne depuis 30 ans. Le thème qui lui tient particulièrement à cœur est la réduction drastique des émissions de GES dans la construction, première émettrice humaine du monde devant l'agriculture, avec un impact renforcé en France. Il a d'abord travaillé pendant 12 ans sur la construction sèche, puis depuis 15 ans sur la construction bois préfabriquée et il collabore depuis 10 ans à la programmation des quelque 150 conférences annuelles du Forum Bois Construction, congrès des acteurs de la construction biosourcée.
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