Il serait possible de loger les Français tout en réduisant la bétonisation !

Il faudrait repenser radicalement le modèle d'aménagement du territoire. © Laure Pophillat

Pour les fondations Abbé Pierre et Pour la Nature et l'Homme, il faudrait réduire la bétonisation, tout en restreignant le mal-logement et en repensant radicalement le modèle d'aménagement du territoire.




Pour les fondations Abbé Pierre et Pour la Nature et l'Homme, il serait possible de limiter l'étalement urbain tout en résorbant le mal-logement, à condition de repenser radicalement le modèle d'aménagement du territoire.

 

 

L'objectif ZAN (Zéro Artificialisation Nette)

L'objectif  "Zéro artificialisation nette" (ZAN), inscrit dans la loi, oblige la France à diviser par deux son rythme de consommation d'espaces naturels, agricoles et forestiers d'ici 2031, dans un premier temps, afin d'atteindre l'objectif de zéro artificialisation nette des sols pour l'année 2050 dans un deuxième temps.

Il faut dire que question grignotage d'espaces naturels, agricoles et forestiers, la France excelle. C'est même une championne dans la discipline, par rapport à ses voisins européens. Le pic d'artificialisation a été atteint à la fin des années 80, avec 60 000 hectares de surfaces artificialisées sur un an, ce qui équivaut à la disparition d'un département tous les sept ans ! Même si, depuis, cette gourmandise française a été freinée (il devenait indispensable de renforcer la tendance afin de préserver la biodiversité et le climat), en dix ans, entre 2010 et 2020, c'est encore 243 000 hectares qui sont dévorés, soit environ 25 000 hectares par an.

L'artificialisation des sols, qui a des effets pernicieux sur la biodiversité, l'environnement et le climat, est due pour près des deux tiers à la construction de logements prenant plus d'espace en France qu'ailleurs du fait d'un modèle d'aménagement du territoire ayant favorisé la maison individuelle.

 

 

La maison individuelle : un modèle à revoir

Les fondations Abbé Pierre et Pour la Nature et l'Homme précisent, dans leur communiqué de ce mardi 19 mars, que ce modèle de la maison individuelle n'est pas étranger à l'aggravation du mal-logement, arguant qu'une pléthore de maisons en lotissement ont été construites à bas coût, engendrant des conséquences sur leur valeur qualitative ainsi que leur pérennité, et donc, par corrélation, sur les finances de leurs occupants.

Les auteurs du communiqué soulignent également le coût de ce modèle pour les collectivités, l'étalement urbain entraînant des besoins importants et dispendieux en voirie et réseaux d'électricité, gaz et eau, et ce sans compter leur entretien.

 

 

Un seul mot d'ordre : densifier !

Selon la Fondation Abbé Pierre, pour résorber le mal-logement, il faudrait construire 400 000 nouveaux logements par an, dont 150 000 logements sociaux ; alors que pour 2023, les chiffres sont respectivement de 373 000 et 82 000.

Pour conjuger cet enjeu avec la sobriété foncière, il faudra davantage densifier, en construisant plus de logements à l'hectare dans les zones pavillonnaires, en surélevant afin d'agrandir les bâtiments existants ou encore en développant l'habitat dit "léger", rapportent les fondations Abbé Pierre et Pour la Nature et l'Homme. Pour cela, les collectivités doivent être en mesure de disposer de financements renforcés.

 

Davantage densifier, en construisant plus de logements à l'hectare, en surélevant afin d'agrandir les bâtiments existants comme ici, à Montpellier, quartier Port-Marianne. © Laure Pophillat

 

 

Pour la construction neuve, l'effort se porterait sur l'accroissement de l'habitat collectif, autrement dit les immeubles, évidemment moins consommateur d'espaces, en particulier le logement social, les deux fondations préconisant une augmentation du financement des HLM. Les deux ONG réclament aussi :

- Un renforcement de l'encadrement des loyers ;

- L'encadrement des prix du foncier ;

- Une lutte accrue contre les logements vacants ou la rétention foncière via de fortes augmentations de taxes.

 

Les fondations Abbé Pierre et Pour la Nature et l'Homme suggèrent également des mesures pour réduire la part des résidences secondaires dans le parc de logements, et limiter le phénomène problématique des meublés touristiques.

 

 




Source : batirama.com / AFP / Laure Pophillat

L'auteur de cet article

photo auteur Laure Pophillat
Laure Pophillat est rédactrice web polyvalente depuis plusieurs années. Curieuse, éclectique et investigatrice, tous les thèmes pertinents (et donc passionnants) l’intéressent ! Pour Bâtirama, elle rédige avec bonheur sur un large spectre de sujets couvrant l’entièreté de la filière BTP (actualités, conjoncture, réformes, innovations, etc.). Elle apprécie notamment réaliser des portraits de femmes et d’hommes engagés, inspirés et inspirants, dans un environnement, celui du BTP, toujours en mouvement.
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