17e Congrès Passivhaus : 2000 logements passés au crible

17e Congrès Passivhaus : 2000 logements passés au crible

Le promoteur francfortois ABG a construit ou rénové plus de 2000 logements Passivhaus depuis 2002. Verdict : le coût d'exploitation des logements est très faible et le surcoût de ce standard ne dépasse pas 5 à 8%




 

Lors de la séance plénière du congrès, l'intervention la plus remarquée fut sans conteste celle de Frank Junger, Directeur Général de ABG Frankfurt Holding. C'est une entreprise particulière.

 

Elle appartient en totalité à la Ville de Francfort, construit à la fois des logements sociaux, des logements haut de gamme et du tertiaire public, gère un peu plus de 50 000 logements, plus 30 000 m² de locaux tertiaires.

 

Il faut également préciser qu'en Allemagne, l'usage veut qu'un bailleur, notamment social, respecte un prix de marché total loyer + charges, tandis qu'en France le montant des loyers des logements sociaux est plafonné et non la somme loyer + charges.

 

Diminuer les charges des locataires

 

Lorsque ABG a découvert l'existence du label Passivhaus à la toute fin des années 90, ce qui l'a attiré d'abord était la possibilité de modifier les équilibres dans cette fameuse somme loyer + charges.

 

Frank Junger explique très franchement, qu'en tant que bailleur, il n'a pas du tout intérêt à ce que ses locataires paient des charges importantes. Il préfère réduire les charges sévèrement grâce au standard Passivhaus et augmenter le loyer, tout en faisant en sorte que le total loyer + charges diminue.

 

Avant de se lancer ABG a tout de même réfléchi et mené des simulations techniques et économiques approfondies. Sa première réalisation a été une opération de construction neuve dans Grempstrasse à Francfort, mais la seconde fut une rénovation très lourde dans Tevesstrasse.

 

Impératif : associer un architecte aux opérations

 

Ces deux expériences furent parfaitement concluantes et, depuis 2004, ABG utilise systématiquement le standard Passivhaus pour la construction neuve et l rénovation lourde. Début 2013, l'entreprise a derrière elle douze opérations Passivhaus, pour un total un peu supérieur à 2000 logements. Ce qui, même en Allemagne, constitue une expérience unique.

 

Il s'agit tout à la fois de logements haut et moyenne gamme, mais aussi de logements très sociaux. ABG a très vite reconnu la nécessité d'associer Passivhaus et architecte. Il leur importait beaucoup que les bâtiments soient beaux et que les logements soient confortables.

 

Fort de cette expérience, ABG en tire plusieurs enseignements. Premièrement, la promesse théorique des calculs Passivhaus est tenue. Ainsi, dans chaque opération énumérée par Frank Junger, la consommation d'énergie totale annuelle des logements plafonne à 1500 kWh. Pour chacune, la dépense annuelle en énergie, tous usages confondus, demeure inférieure à 400 €.

 

Opération Grempstrasse : 5 à 8 € par mois de chauffage

 

Dans leur première opération au standard Passivhaus, Grempstrasse, occupée depuis 2003, une famille de 4 personnes dans un logement de 107 m² dépense 5 à 8 € TTC par mois pour le chauffage.

 

Deuxième enseignement, le surcoût est aujourd'hui limité à 5 à 8% pour le standard Passivhaus par rapport à un logement neuf simplement conforme à la réglementation thermique allemande EnEv 2012, l'équivalent de notre RT2012.

 

Et, souligne Frank Junker, comme des renforcements de la réglementation sont annoncés pour 2015, ce surcoût va disparaître en totalité d'ici deux ans. Avec l'expérience acquise, ABG est capable dés aujourd'hui de construire et de rénover des logements « à consommation quasi-nulle », comme cela deviendra obligatoire en 2020 à travers l'Europe, pour un surcoût de 8% seulement par rapport à un logement réglementaire.

 

Frank Junker prévoit que d'ici 2020, ABG aura encore amélioré sa maîtrise des coûts et se trouvera face à zéro surcoût pour se conformer à l'exigence européenne des bâtiments à énergie positive.

 

Troisième enseignement, le standard Passivhaus ne contraint pas du tout les concepteurs. ABG a construit des bâtiments passifs en béton, en bois, en briques Monomur, dans un style très moderne, aussi bien qu'en imitation d'ancien (à Francfort aussi, ils se trouvent face à des contraintes esthétiques dans certains quartiers).




 

Exemple du standard Passivhaus en rénovation : Tevesstrasse

 

 

L'Institut Passivhaus (PHI) de Darmstadt a adapté son standard à la rénovation, pour tenir compte des conditions particulières, notamment l'impossibilité de traiter les ponts thermiques des parois enterrées.

 

Cette mouture spécifique du Standard Passivhaus est baptisée EnerPHit. Elle exige soit que soit atteinte une consommation de chauffage ≤25 kWhEP/(m².an), soit que soient utilisés pour la rénovation des composants certifiés par le PHI.

 

Les deux bâtiments de Tevesstrasse, datant du début des années 50, ont été les premiers certifiés EnerPHit. A l'origine, ces deux bâtiments comptaient 60 logements de 50 m² chacun. Lors de la rénovation, certains appartements ont été réunis pour créer des logements de 80 à 100 m², susceptibles d'accueillir des familles avec enfants.

 

Avant rénovation : plus de 200 kWhEP/(m².an)

 

 

Avant rénovation, la consommation annuelle d'énergie des logements atteignait plus de 200 kWhEP/(m².an). L'étanchéité à l'air était déplorable, les murs extérieurs n'étaient pas isolés et certaines fenêtres portaient encore un simple vitrage.

 

La rénovation, pilotée par le cabinet d'architectes Faktor 10 de Darmstadt, a fait appel à des composants certifiés Passivhaus : isolation par l'extérieur des parois verticales (260 mm de polystyrène expansé collé), isolation en sous-face et par le dessus (support de chape flottante) du rez-de-chaussée bas (80 + 40 mm de polyuréthane).

 

S’y ajoutent une ventilation double-flux individuelle Vallox KWL 90 SC, installée au plafond de chaque salle de bain, avec taux de récupération de chaleur atteignant 85%, des fenêtres à menuiserie PVC (Rehau Clima Design, Uv = 0,87 W/(m².K)) et triple vitrage (Uniglass, Unitop 0,60, Ug = 0,6 W/(m².K)).

 

Après rénovation : 18 kWhEP/(m².an) !

 

 

Pour financer une partie des travaux, un étage supplémentaire de logements a été créé en place de la toiture en pente. Cet étage a été construit en ossature bois, avec une excellente isolation.

 

Après rénovation, les consommations de chauffage ont baissé à 18 kWhEP/(m².an), avec des besoins de chauffage de seulement 11W/m² par les conditions de base (-12°C à Francfort). Selon Frank Junker de ABG, le coût de la rénovation-extension au standard Passivhaus (1.350 €/m²) était inférieur au coût de la démolition-reconstruction conforme à la réglementation EnEv.

 

Rénovation de 60 Logements dans Tevesstrasse à Francfort par ABG Frankfurt Holding
Ouvrage Avant Après

Murs extérieurs

1,3 W/(m².K) W/(m².K)

Plafond haut dernier niveau

1,6  W/(m².K) W/(m².K)

Plancher bas RDC

2,2  W/(m².K) W/(m².K)

Fenêtres

2,9  W/(m².K) W/(m².K)

Ponts thermiques

? = 0,1 W/(m.K) ? = 0,02 W/(m.K)

Etanchéité à l'air

n50 = 4,0 h-1 N50 = 0,5 h-1

 

 

Source : batirama.com / Pascal Poggi

2 Commentaires
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argent
  • par chlamic
  • 24/04/2013 09:28:34

Les bailleurs sociaux français sont très frileux. Leurs techniciens sont dans des routines et refusent, du moins la plupart d'entre-eux, tout ce qui pourrait mettre en jeu leur petite tranquillité. Comme leurs architectes attitrés sont de la même veine, on n'a aucune chance de mener notre parc social sur les pas de l'exemple frankfortain. Cela dit, il y a de belles exceptions en France, comme il y a probablement en Allemagne, des réticences à changer les habitudes. C'est vrai que la RT manque d'ambition. Mais à quoi servirait de mettre la barre si haut que tout le monde ne chercherait qu'à passer dessous (sans se faire remarquer), à la Française, quoi !

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  • par Olly58
  • 22/04/2013 22:44:05

Quand je constate la réflexion depuis les années 1990, la stratégie, les méthodes et les initiatives de cette entreprise du bâtiment en Allemagne depuis 2002,je suis scandalisé que la référence de l'Etat français en 2013 pour la rénovation énergétique des bâtiments existants soit le Règlement Technique 2005 (RT 2005) et non la RT 2012. Car la RT 2005 ne réduit la consommation que de 30%, la RT 2012 la divise par 4 et la Passiv Haus la divise à nouveau par 4 (je simplifie) Quel mauvais signal donné aux investisseurs privés et publics! Que fait la ministre du logement?

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