L’AFPAC dissipe les malentendus à propos des pompes à chaleur en rénovation

Une pompe à chaleur air/eau Nibe au salon BePositive à Lyon

La matinée du 30 mars a vu une actualité chargée en ce qui concerne les pompes à chaleur, notamment avec les efforts de l’AFPAC pour lutter contre des approximations à propos des pompes à chaleur.




Le marché des pompes à chaleur se porte vraiment bien et, selon l’AFPAC - Association Française pour la pompe à chaleur - , la France compte environ 1,2 million de pompes à chaleur installées, de tous types : air/eau, eau/eau, géothermiques (eau glycolée/eau). Ce parc est appelé à croître rapidement sous l’effet des politiques françaises de décarbonation de l’économie et des efforts européens pour réduite la dépendance de l’Europe au gaz russe.

 

De plus, les pompes à chaleur, nous vous en parlons souvent, sont à un tournant technologique. Leurs réfrigérants passent de HFC à fort GWP (Global Warming Power) à des fluides naturels, dont le propane. Bref, l’AFPAC a du travail.

 

Dissiper des erreurs

 

La popularité des pacs a donné lieu à la propagation récente d’un certain nombre de critiques. La première, selon Valérie Laplagne qui s’occupe des pompes à chaleur à Uniclima, membre de l’AFPC, consiste à dire que les pompes à chaleur air/eau ne produisent pas de l’eau assez chaude pour chauffer correctement en réhabilitation.

 

 

En 2022, il s’est vendu en France 346.313 pompes à chaleur de moins de 70 kW. Sur ce total, 52% sont capables de produire une température de départ d’eau supérieure à 55°C. ©AFPAC

 

 

De plus, l’AFPAC a accès aux données de fonctionnement anonymisées de 3.100 pompes à chaleur connectées et il en ressort que par une température de -10°C à l’extérieur, la température de départ d’eau ne dépasse pas 55°C pour cet échantillon. Avec un écart moyen de température de départ de 10°C entre les 1.900 pac installées dans des logements existants et les 1.200 pacs installées en construction neuve. ©AFPAC

 

 

D’autre part, remarque l’AFPAC, l’étiquetage énergétique est obligatoire pour la mise sur le marché des pompes à chaleur en Europe. Les constructeurs peuvent choisir une étiquette "basse température" à 35°C de température de départ d’eau ou "moyenne température" à 55°C. Aucune pac mise sur le marché en Europe n’a été étiquetée en basse température pour l’instant. ©AFPAC

 

 

Enfin, conclut l’AFPAC, pratiquement toutes les pompes à chaleur vendues en 2022 sont équipées d’un inverter, une électronique de puissance qui fait varier la vitesse de rotation du compresseur et permet de moduler la puissance de la pac. Les premières pac à inverter, il y a dix ans, modulaient leur puissance de 30 à 100% de la puissance nominale. Les pac à inverter actuelles modulent de 10 à 110%. ©AFPAC

 

Bref, selon l’AFPAC, dire que les pac ne chauffent pas assez et régulent mal (en tout ou rien), ne correspond pas aux pac vendues actuellement en France et en Europe. Ces rumeurs, largement propagées, correspondent certainement à des matériels plus anciens. On installe des pac en France depuis le début des années 80.

 

Installer une pompe à chaleur tout de suite ou isoler le logement d’abord ?

 

Second reproche souvent entendu : ce serait un non-sens d’installer une pompe à chaleur dans une maison individuelle avant de la rénover pour réduire ses déperditions. L’AFPAC, avec l’aide de trois de ses adhérents, a fait un calcul pour une maison de individuelle indépendante existante, d’une surface habitable entre 100 et 120 m², située à Trappes dans les Yvelines (78). Ce qui donne un dimensionnement pour une température extérieure de -7°C. Avant rénovation, les déperditions atteignent 425 W/K, soit un total de 11,9 kW de déperditions par -7°C. Puis l’AFPAC a étudié 6 scénarios

 

Les calculs de l'AFPAC

Scénario

Déperditions en W

SCOP avec une température de départ d’eau constante de 60°C

SCOP avec une température de départ d’eau selon une loi d’eau

Consommation d’énergie pour le chauffage en kWh

Sans isolation thermique

11 914

<1, pas de pac

<1, pas de pac

26 232

Sans isolation thermique, mais avec une pac

11 914

3,3 à 3,4

3,3 à 3,6

7 784

Réduction des déperditions à 355 W/K après travaux + pac

9 951

3,3 à 3,4

3,4 à 3,6

6 505

Réduction des déperditions à 260 W/K après travaux + pac

7 286

3,1 à 3,3

3,7 à 4

4 860

Rénovation BBC complète à 183 W/K + pac

5 131

3 à 3,2

3,7 à 4

3 613

Installation de la pac après rénovation BBC

5 131

 

3,9 à 4

2 900

 

 

Conclusion de l’AFPAC : la simple installation d’une pompe à chaleur dans cette maison des Yvelines, sans travaux d’isolation thermique, divise par plus de trois la consommation d’énergie. Ce qui entraîne des économies financières substantielles aux prix actuels du fioul et du gaz et dégage donc des ressources pour financer une partie des travaux d’isolation thermique en procédant par étapes, si nécessaire, jusqu’à atteindre le niveau BBC Rénovation.

 

De plus, la simulation de l’AFPAC montre clairement que la réduction des déperditions de la maison, accompagnée d’un ajustement de la température de la loi d’eau et de la température dans les émetteurs améliore de manière significative les performances de la pac et réduit nettement les consommations.

 

La situation idéale, cependant, demeure rénovation BBC d’abord, puis installation de la pompe à chaleur. Les consommations de chauffage sont alors divisées par 9 et atteignent seulement 11% de la consommation initiale. Procéder en une seule fois à une rénovation BBC et à l’installation d’une pompe à chaleur est souvent impossible en raison du coût d’une telle opération.

 

Et l’entretien des pompes à chaleur ?

 

Jean-François Cerise, installateur, membre de l’UMGCCP-FFB, et Roland Bouquet, président du Synasav, tous deux vice-présidents de l’AFPAC sont intervenus ensuite pour rappeler les règles de bonne installation et les obligations de maintenance des pompes à chaleur.

 

Jean-François Cerise, tel Moïse, a remis au centre des débats, les "dix commandements" pour installer une pompe à chaleur. Tels ceux de Moïse, ces dix commandements, sont devenus la Bible que le client final est tenu de respecter quand il veut faire installer une pompe à chaleur.

 

Le dixième commandement enjoint le client final de souscrire un contrat de maintenance. C’est le domaine de Roland Bouquet du Synasav. Le Synasav et le Snefcca ont travaillé ensemble pour comprendre toutes les subtilités des récentes évolutions réglementaires. En voici le résumé.

 

Pour les pompes à chaleur de 4 à 70 kW, l’entretien doit être assuré au moins une fois tous les deux ans. A condition qu’il n’y ai pas d’intervention sur le circuit frigorifique, cet entretien peut être effectué par un technicien de maintenance – qualifié au sens de l’article 16 de la loi du 5 Juillet 1996 relatif aux qualifications professionnelles -, même s’il ne détient pas l’attestation d’aptitude à manipuler les fluides.

 

Deux cas se présentent selon la charge de fluide dans la pompe à chaleur.

 

Premier cas, si la charge en HFC est < 5 TeqCO2 – ce qui correspond à une charge maximale de 2,39 kg de R410A, par exemple -, le technicien vérifie l’étanchéité du circuit frigorifique soit en relevant les pressions des manomètres à l’entrée et à la sortie du compresseur, soit en vérifiant le voyant de présence de fluide. En cas d’absence de voyant de présence du fluide ou de manomètres, le contrôle est sans objet, dit le Synasav. Nous n’avons pas trouvé cette disposition dans les textes indiqués, mais nous nous sommes retournés vers l’AFPAC pour vérifier où elle trouve exactement. Quoi qu’il en soit, si à l’issue du contrôle, le technicien soupçonne l’existence d’une fuite, il devra fait appel à un technicien détenteur de l’attestation d’aptitude à manipuler les fluides frigorigènes pour intervenir et réparer la fuite.

 

Deuxième cas, si la charge de HFC dépasse 5 TeqCO2, soit 2,4 kg de R410A, par exemple, le contrôle d’étanchéité doit obligatoirement être réalisé par un technicien titulaire de l’attestation d’aptitude à manipuler les fluides frigorigènes.

 

L’AFPAC a enfin rappelé le lancement officiel de Trackdéchets à partir du 1er avril 2023. Nous vous présenterons cette nouvelle disposition dans un article qui lui sera entièrement consacré.



Source : batirama.com/ Pascal Poggi

L'auteur de cet article

photo auteur Pascal Poggi
Pascal Poggi, né en octobre 1956, est un ancien élève de l’ESSEC. Il a commencé sa carrière en vendant du gaz et de l’électricité dans un centre Edf-Gdf dans le sud de l’Île-de-France, a travaillé au marketing de Gaz de France, et a géré quelques années une entreprise de communication technique. Depuis trente ans, il écrit des articles dans la presse technique bâtiment. Il traite de tout le bâtiment, en construction neuve comme en rénovation, depuis les fondations jusqu’à la couverture, avec une prédilection pour les technologies de chauffage, de ventilation, de climatisation, les façades et les ouvrants, les protocoles de communication utilisés dans le bâtiment pour le pilotage des équipements – les nouveaux Matter et Thread, par exemple – et pour la production d’électricité photovoltaïque sur site.
8 Commentaires
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  • par alexjane
  • 18/04/2023 18:57:22

Autre remarque sur ce tableau: tous les systèmes de chauffage, et en particulier les PAC, doivent être dimensionnés en fonction des besoins, qui se calculent à partir des volumes chauffés, mais également en fonction du niveau d'isolation. Les PAC installées avant isolation seront donc surdimensionnées (et donc moins efficientes...). Ce point serait également à considérer.

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  • par Pascal Poggi
  • 11/04/2023 10:35:31

Alexander, en effet je ne connais pas le résultat après isolation, mais avant PAC. Je me renseigne.

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  • par Pascal Poggi
  • 11/04/2023 10:33:25

D'une manière générale, micheldu36, l'insulte dissimulée par un anonymat bien pratique ne fait pas progresser les débats. Cherchez plutôt mes articles sur le site de Batirama.

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  • par micheldu36
  • 11/04/2023 09:33:41

Quand on recopie les communiqués de presse des syndicats de producteurs de PAC, ce n'est pas du journalisme, c'est de la propagande.

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  • par alexjane
  • 04/04/2023 18:27:11

Article très très subjectif, comme déjà dénoncé par les commentaires précédents... Sans compter le tableau, qui ne fait pas apparaître la solution "isolation seule" sans installation de PAC!!

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  • par Pascal Poggi
  • 04/04/2023 09:25:06

Dans les études de l'AFPAC, les consommations d'hiver des pac sont prises en compte. L'article ne suggère pas lourdement qu'il ne faut pas isoler, notamment les deux paragraphes suivants : "De plus, la simulation de l’AFPAC montre clairement que la réduction des déperditions de la maison, accompagnée d’un ajustement de la température de la loi d’eau et de la température dans les émetteurs améliore de manière significative les performances de la pac et réduit nettement les consommations. La situation idéale, cependant, demeure rénovation BBC d’abord, puis installation de la pompe à chaleur. Les consommations de chauffage sont alors divisées par 9 et atteignent seulement 11% de la consommation initiale." Les réseaux de transport et de distribution sont dimensionnés pour le chauffage électrique direct, nettement plus gourmands que les pac en appels de puissance. Les documents publiés par RTE ne mentionnent pas de difficultés dans les réseaux liés aux pompes à chaleur.

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  • par FiFi
  • 03/04/2023 19:43:47

Bonjour Cet article est bien charpenté et argumenté. Dans le bilan final de la Pac la consommation électrique globale pendant la saison de chauffe a-t-elle été prise en compte ? Par ailleurs j'ai eu l'occasion de faire installer un chauffage par Pac air/eau . Mais au vu de la facture finale 20.000€ avec le minimum d'aides , alors que le réseau chauffage au sol et un circuit radiateurs existent, ainsi que l'hypothétique DDV de la Pac ne me permettaient pas de calculer un éventuel retour sur investissement. J'y réfléchirai lorsque les prix seront plus adaptés au consommateur.

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  • par micheldu36
  • 03/04/2023 17:36:03

C'est quoi cette propagande anti-isolation ! L'article suggère lourdement qu'il vaut mieux mettre une pac qu'isoler sa maison alors que le bon sens voudrait tout l'inverse : d'abord réduire les besoins puis mettre un moyen de chauffage correctement dimensionné. Et quid de la surcharge réseau liée aux pacs qui sont les plus demandeuses lors des pics de froids ? Le plus honteux reste tout de même les COP suggérés par l'AFPAC , très largement surestimés.

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