Quand Domotex met le cap sur les produits naturels

Quand Domotex met le cap sur les produits naturels

Le salon Domotex de Hanovre, du 12 au 15 janvier 2023, ouvre l’année des salons. Depuis le printemps dernier, on sait qu’il mettra en exergue des solutions de revêtements naturels, et Steico s'y retrouve. Photo © Domotex




"Floored by nature" est le slogan de la Domotex 2023. Pas si simple, quand le marché mondial des revêtements est dominé par des produits fossiles. Tous les grands salons mondiaux allemands sont désormais confrontés à ce même dilemme : tenir compte de l’évolution catastrophique de la nature et du climat et promouvoir les bonnes solutions, ou bien se contenter de continuer à refléter des marchés.

 

 

Domotex, vecteur de l'orientation du marché mondial du parquet vers le chêne. © Domotex

 

 

Dans le cas des revêtements de sol, l’option naturelle est facilitée par la forte présence des exposants de parquets, et par l’attention permanente pour des considérations saines à destinations des humains. Il est donc assez facile de mettre en avant une sorte de changement de paradigme, et de continuer à faire ce qu’on fait depuis toujours.

 

 

Steico en gamme complète

 

 

Mais voilà que Steico profite de l’occasion pour lancer une batterie de sous-couches acoustiques baptisée récemment pour tous les pays du nom de gamme Ecosilent (on souhaite bien du plaisir à Steico pour défendre ce terme sur tous les marchés, où il est parfois déjà employé). Steico présentera à Hanovre trois produits : l’EcoSilent, l’EcoSilent Premium et l’EcoSilent Flex, qui est le nouveau.

 

L'EcoSilent de Steico

 

 

L’atout de Steico : c’est une sous-couche en fibre de bois, sans colle, qui stocke donc le CO2. L’EcoSilent Premium est simplement un bi-couche crédité d’une atténuation acoustique encore un peu plus élevée, à 21 dB. La nouveauté du Flex en 5 mm est que le produit se présente en rouleau. Il est nettement moins résistant à la compression que les autres Ecosilent mais crédité tout de même d’une atténuation qui "peut aller jusqu’à 20 dB."

 

 

L’aménagement biosourcé

 

 

Ce n’est pas parce que la maison est en structure bois qu’elle est vertueuse. Jusqu’à présent, on a oublié le reste. Les constructeurs bois n’hésitaient pas à installer des fenêtres en PVC, à recourir à des isolants fossiles ou minéraux, principalement dans un but de réduction des coûts. En d’autres termes, même sur le marché dit "naturel", à l’exception de quelques niches, il n’y avait pas le terrain pour défendre dans la foulée les solutions biosourcées associées.

 

 

 

Le nouveau EcoSilentFlex

 

 

En conséquence, aujourd’hui, on peut poser un parquet français mais la sous-couche pour atténuer les bruits de chocs sera rarement naturelle. Il existait pourtant auparavant des sous-couches en fibres de bois fabriquées en solution humide, et qui avait l’atout de ne pas avoir besoin de colle. Et si on ajoute 10% d’émulsion bitumineuse, la performance était optimisée. A ce jour, du moins sur le site français de Steico en cours de remodelage, on trouve le Steico Phaltex 5. Il semble bien que ce produit ne sera plus fabriqué, au profit des trois autres (donc plus de bitume).

 

Très difficile aujourd’hui d’estimer ce que donnerait une combinaison de parquet, de sous-couche en fibre de bois, de plancher en CLT ou en solives avec d’autres isolants naturels, etc. L’acoustique biosourcée en est à ses prémices et pourtant, tout cela a un sens en termes de réduction des GES. Favoriser le parquet en feuillus, c’est intégrer des feuillus dans une construction bois où le recours aux feuillus structurels se développent mais seulement ponctuellement. Le parquet n’est plus une option mais une nécessité.

 

 

La chance de Steico

 

 

Le marché de la fibre de bois est presque intégralement passé à la production sèche. Mais Steico dispose encre d’une ligne humide en Pologne. Jusqu’à présent, les sous-couches étaient absorbées par le marché ukrainien et russe. Comme Steico n’a jamais fait le choix d’établir des plateformes de distribution, la commercialisation se faisait par camions entiers et il se trouve qu’à l’Est il y avait des distributeurs qui achetaient des sous-couches par camions entiers. Comme la production ne pouvait pas être augmentée, Steico écoulait ses sous-couches ainsi sans difficultés et la question d’un développement industriel de cette gamme ne se posait même pas.

 

 

EcoSilentPremium, autre couleur, autre performance.

 

 

Voici la guerre, les embargos, une production polonaise de sous-couche bloquée. Et voici Domotex qui essaie de se refaire une image naturelle. L’occasion est rêvée et voici que Steico se débrouille pour compléter sa gamme avec une petite nouveauté, change le nom des références et se propulse en champion de la sous-couche acoustique naturelle en Europe. D’un coup, le produit devient sexy.

 

 

Dommage pour l’Isorel

 

 

Depuis la fin de la guerre, jusqu’au rachat par Steico en 2008, le site de Casteljaloux produisait précisément ce type de sous-couches, pas forcément utilisées pour atténuer les bruits de choc sous les parquets, mais une telle application était envisageable. Du temps de la majesté d’Isoroy, des mesures acoustiques avaient été réalisées avec différents produits de la marque, sur solives en bois. C’étaient les mesures acoustiques de départ pour toute l’épopée de la construction bois en France.

 

Que s’est-il passé sur le marché français ? Pourquoi une solution industrielle et naturelle a-t-elle été abandonnée au profit de solutions fossiles dont on savait bien qu’elles étaient moins pérennes, mais qui se vendaient moins cher et avait le goût de la nouveauté ? Maintenant, pour construire de façon vertueuse et peu émissive, il faudra importer les sous-couches acoustique EcoSilent de Pologne, ou inventer de nouveaux procédés pour profiter des atouts de la lignine sans les inconvénients des vieilles lignes humides.  

 



Source : batirama.com/Jonas Tophoven/© Steico

L'auteur de cet article

photo auteur Jonas TOPHOVEN
Jonas Tophoven est journaliste de la presse professionnelle de la construction et du bois en France et en Allemagne depuis 30 ans. Le thème qui lui tient particulièrement à cœur est la réduction drastique des émissions de GES dans la construction, première émettrice humaine du monde devant l'agriculture, avec un impact renforcé en France. Il a d'abord travaillé pendant 12 ans sur la construction sèche, puis depuis 15 ans sur la construction bois préfabriquée et il collabore depuis 10 ans à la programmation des quelque 150 conférences annuelles du Forum Bois Construction, congrès des acteurs de la construction biosourcée.
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