La machine de fraisage à commande numérique portative Oakbot fête ses trois ans

La machine de fraisage à commande numérique portative Oakbot fête ses trois ans

Un long chemin a été accompli depuis son lancement mondial le 3 avril 2019 au 9e Forum Bois Construction à Epinal.




En 2019, la machine de fraisage comptait déjà cinq bonnes années de recherche et développement, dont témoignait le signe de la version proposée à l’époque aux béta-testeurs : 4.1. Depuis janvier 2022, nous en sommes à la V4.2.2. L’ensemble robot, chariot de mobilité et ses programmes de base est vendu à moins de 30 000 euros et la production est passée de 10 machines par an à 10 machines par mois. L’équipe s’est agrandie à 17 personnes, bientôt 18 avec le recrutement d’un développeur informatique supplémentaire.

 

 

Coucher de soleil sur le plateau de Sault, là où l'Oakbot est né.

 

 

Un travail vient d’être accompli avec la Carsat pour améliorer l’aspiration et permet d’obtenir une subvention pour prévenir les TMS. Le positionnement de la machine a gagné en précision. Un châssis stationnaire sera proposé dès le mois de juillet 2022, permettant d’utiliser l’Oakbot à la fois de façon mobile sur chantier, et de façon fixe en atelier. C’est une exigence qui est apparue assez tôt lors de la commercialisation, et à laquelle Epur finit par répondre avec une solution de châssis adaptée.

 

 

Origine France Garantie

 

 

La meilleure nouvelle, c’est qu’Epur ne doit pas procéder incessamment à une levée de fonds, l’entreprise est dans le vert, et ce malgré tous les problèmes de la pandémie, et les problèmes d’approvisionnement induits. La machine est produite en France dans les Pyrénées, 65% des pièces sont d’origine françaises, ce qui lui permet de disposer du label Origine France Garantie et accessoirement du label Made in France.

 

 

L'Oakbot à l'ouvrage.

 

 

Mais quand on fabrique des machines dans les Pyrénées, le tôlier est à Cholet, il y a bien sûr les composants électroniques tous chinois. Cependant les cartes sont assemblées tout près, à Port Vendres, dans une petite entreprise familiale. Comme beaucoup d’entreprises et malgré une origine française, les retards de production liés aux difficultés d’approvisionnement commencent, de même qu’une augmentation des tarifs fournisseurs.  Le 1er mai, l’Oakbot augmentera de 5%, c’est vraiment le moment de commander !

 

 

Distribué en Suisse

 

 

La commercialisation se fait aujourd’hui largement via des distributeurs, notamment Setin pour tout le quart nord-ouest et la côte Aquitaine depuis juillet 2021, mais également DTU Diffusion dans le Tarn ou Delbonnel en Corrèze. Il reste encore des zones métropolitaines sans distributeurs, pour lesquelles Epur se charge de tout en direct. Par contre, le maillage de l’export progresse.

 

 

Interface de commande

 

 

Imaginez que l’Oakbot soit distribué en Suisse à la fois côté romand chez Quinca et côté germanique chez Swissfast, c’est comprendre qu’il s’agit là de la meilleure consécration, du meilleur label virtuel couronnant trois ans de commercialisation. Donc, la haute précision technique suisse adoube Epur ? Qui en France peut en dire autant ?

 

 

Un marché germanique à réanimer

 

 

L’Allemagne devrait suivre, vu qu’Epur, par ailleurs maîtrisant l’allemand avec son patron Ilias Zinsstag et son ingénieur mécanique fait le forcing des grands salons spécialisés germaniques, Bâle, puis Cologne, Nuremberg. Epur marche sur les platebandes de Mafell, d’Hundegger et d’autres, mais vu la taille de l’entreprise et sa capacité de production, il s’agit surtout d’empêcher que le marché allemand de la machine s’endorme totalement et les visiteurs des salons spécialisés aussi.

 

Car à force de marteler le mantra de la production connectée 4.0, le marché de la machine-outil trop concentré entre de rares fabricants allemands et italien a oublié et la problématique du carbone, et l’utilisateur de base, ou l’utilisateur humain tout court. Pourtant, les temps changent, demain, on travaillera avec du mauvais bois, du scolyté, du feuillus de tout ordre, et moins avec les barres BLC droites dont les lamelles d’épicéa avaient un peu trop tendance à voyager en Europe à partir de la Russie.

 

 

Génération Oakbot

 

 

Les nombreux témoignages du site d’Epur montrent toute la diversité du monde de la charpente française, et la diversité de ses besoins. Demain, la nouvelle génération maîtrisera l’Oakbot d’emblée, vu que l’outil se vend très bien aujourd’hui aux lycées et aux CFA. Ce sera un bon tremplin pour passer ensuite à la commande numérique complète, et dans ce sens, Epur est une nouveauté qui profite à tout le monde.

 

Combien vaut Epur aujourd'hui ? L'équipe ne témoigne pas de demande de rachat auxquelles il serait difficile de résister, mais les plus grandes difficultés sont passées et le potentiel de développement mondial est manifeste. D'un autre côté, comment poursuivre le développement ? Pas facile de recruter sur le plateau de Sault, de faire comprendre au monde politique l’importance de recréer en France une industrie de la machine-outil. Epur fait partie de la Woodtech et est soutenu par FIBois Occitanie. Mais l’engouement des médias est aléatoire, d'autant qu'il faut s'y connaître un peu pour percevoir l'intérêt d'une machine de fraisage à commande numérique portative. .

 

 

Dans Oakbot, il y a oak

 

 

Malgré donc une sorte d’indifférence nationale, continuer va permettre de grandir vite. Certes, en Espagne, Epur s’est rendu compte que les assemblages sont différents de ceux qu’il propose de simplifier, mais on peut s’adapter. L’expansion de l’Oakbot prend son temps et quelques maladies infantiles pourraient poindre, type copies illicites, campagne de diffamation et surtout aléas en matière de personnel. Epur n’est pas une licorne. Même pas un start up.

 

Epur se prépare à construire sa petite usine, on gage que ce sera en bois de pays. Une petite usine dans l’Aude, sur le plateau de Sault, cela ne se refuse pas. Et on peut imaginer que ce sera l’occasion de faire tourner les Oakbots.  Mais ce n’est pas là où Epur veut par-dessus tous les voir tourner. Ce que l’équipe poursuit avec insistance jusqu’au Palais de l’Elysée, c’est d’intégrer la machine de fraisage à la reconstruction de la charpente de Notre-Dame de Paris. Utiliser du bois français, oui. Mais le transformer avec des machines françaises, c’est encore mieux.

 



Source : batirama.com/Jonas Tophoven © Epur

L'auteur de cet article

photo auteur Jonas TOPHOVEN
Jonas Tophoven est journaliste de la presse professionnelle de la construction et du bois en France et en Allemagne depuis 30 ans. Le thème qui lui tient particulièrement à cœur est la réduction drastique des émissions de GES dans la construction, première émettrice humaine du monde devant l'agriculture, avec un impact renforcé en France. Il a d'abord travaillé pendant 12 ans sur la construction sèche, puis depuis 15 ans sur la construction bois préfabriquée et il collabore depuis 10 ans à la programmation des quelque 150 conférences annuelles du Forum Bois Construction, congrès des acteurs de la construction biosourcée.
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