La construction bois sur roues

La construction bois sur roues

Apparu en France il y a dix ans environ, la construction de lieux de vie réduits et mobile est devenu un marché conséquent, sur lequel Quadrapol vise une performance écologique standardisée.  

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La tiny house est au monde de la construction ce que le vegan est à la nourriture : deux grandes modes venues tout droit des USA et portées par les réseaux sociaux. Et dans les deux cas, la transposition au marché français oblige à adapter le discours et les produits.

 

 

En France, à la différence des USA, les habitations courantes sont déjà très réduites. De sorte que la tendance tiny ne s’oppose pas de façon militante à un état de fait. En revanche, l’idée de la mobilité du logement est bien moins ancrée chez nous qu’Outre-Atlantique. L’Europe dispose d’un grand marché du mobilhome, notamment centré autour des Pays-Bas, avec son recours aux contreplaqués léger de peuplier de Garnica.

 

 

Panneaux photovoltaïques

 

 

L’atout de l’approche tiny est l’autoconstruction, ou du moins la création d’un habitacle conforme aux souhaits propres, dans un cadre financier et immobilier qui ouvre de nouvelles possibilités. Pas de permis de construire en principe pour des lieux de vie de moins de 20 m2, pas trop de réglementation pour fabriquer des habitations légères en bois.

 

 

L’idée d’origine, frugale, demande à être confrontée à la réalité française de constructions qui sont souvent un passe-temps, un appoint, un mode de vie supplémentaire. C’est comme aller au travail à vélo avec un SUB dans le garage. Difficile d’identifier la constitution de nouvelles populations nomades en France.

 

 

Un marché nouveau qui reste opaque

 

 

Les tiny house ont suscité une sorte de mouvement qui gère un site (Tiny House France) et des réseaux dédiés, ainsi qu’une carte impressionnante situant les nombreux acteurs proposant des habitacles finis ou en auto-constructions. Parmi les acteurs cités, la Tiny House près du Mont St Michel qui se revendique le premier acteur historique français (moins de 10 ans d’ancienneté) et produisant une moyenne de 2 tiny par mois.

 

 

Salon

 

Avec une agence établie à Avignon mais produisant près de Cracovie avec bureau d’études et chef de projets, Quadrapol ne figure pas sur la carte alors qu’il revendique 37% de part de marché et a démarré sensiblement à la même époque, en 2014. Quadrapol déclare avoir vendu 180 maisons en 2021, sur un marché français en progression de 30% par an.

 

 

Construction bois

 

 

Les micromaisons sont intégralement fabriquées près de Cracovie en Pologne, dans un atelier spécialisé où les maisons sont montées en ossature bois sur le châssis d’une remorque. L’ossature est en KVH, répondant donc aux normes de cette marque afin de garantir un maximum de stabilité.

 

 

Stockage des batteries avec aération

 

 

Les isolants sont de Steico, qui d’autres ? puisque le spécialiste de l’isolation en fibre de bois est bien installé en Pologne. Quadrapol recourt à des panneaux OSB de 15 mm, au pare-pluie Delta de Doerken. Le bardage est en frêne thermochauffé ou Red cedar et à l’intérieur, les lambris sont en épicéa. Pour l’aménagement intérieur, Quadrapol privilégie également le bois et propose une palette de choix.

 

 

L’archétype de l’autonomie

 

 

La véritable valeur ajoutée de Quadrapol réside dans l’autonomie énergétique et l’autonomie en eau. Des panneaux photovoltaïques assurent le courant électrique, tandis que l’eau de pluie collectée par une gouttière du petit toit est utilisée, mais pas pour les toilettes qui sont sèches. En quelque sorte, les « nano-maisons » de Quadrapol poursuivent le rêve de la maison autonome.

 

 

Le système autonome Quadrapol Energie x Victron. Le système est alimenté par 3 voire 6 panneaux de 330 W. De quoi assurer l’éclairage, la VMC, le réfrigérateur, la machine à laver basse consommation. Il existe cependant une prise de raccordement EDF ou pour le générateur. 

 

 

Le chauffage est assuré par un poêle à bois, à granulé ou à gaz et la cuisinière ainsi que le four et le chauffe-eau fonctionne au gaz. La douche, l’évier et le lave-linge. 16 litres par jour et par personne, c’est frugal. En fait, les tiny house de Quadrapol devraient se louer pour faire des cures de sobriété pendant les vacances.

 

 

Des vertus en devenir

 

 

A ceux qui reprochent la fabrication polonaise, l’entreprise répond que, justement, tout a été réuni là-bas, de la conception à la fabrication complète, pour s’assurer de la meilleure qualité. L’acheminement des remorques de Cracovie vers la France se fait par tractage (les tiny sont faits pour rouler loin et longtemps) et par camion quand le poids dépasse 3,5 t.

 

 

Toilettes sèches

 

Ce sont toujours ces options de lancement d’une activité en développement, qui peuvent se transformer en démarche plus vertueuses quand le marché suit. Demain, Quadrapol proposera sans doute des mobilhome bio roulant à l’hydrogène vert. Pour l’instant Quadrapol plante 33 arbres à chaque vente et remet le brevet à l’acheteur.

 

 

Le contraire du 3D

 

 

L’intérêt du tiny house, c’est son caractère antinomique avec le modulaire 3D. On ne voit que le 3D, on oublie la tiny qui monte en douce, et qui alimente les mêmes marchés. La tiny c’est du hors site au carré car il n’y a plus vraiment de site.

 

 

Le modulaire 3D n’a pas intégré l’autonomie, la récupération d’eau par la petite toiture et les panneaux photovoltaïque. Et sans doute, l’approche tiny est bien plus dans le sens de l’histoire.

 

 


Source : batirama.com / Jonas Tophoven, photos © Quadrapol

L'auteur de cet article

photo auteur Jonas TOPHOVEN
Jonas Tophoven est journaliste de la presse professionnelle de la construction et du bois en France et en Allemagne depuis 30 ans. Le thème qui lui tient particulièrement à cœur est la réduction drastique des émissions de GES dans la construction, première émettrice humaine du monde devant l'agriculture, avec un impact renforcé en France. Il a d'abord travaillé pendant 12 ans sur la construction sèche, puis depuis 15 ans sur la construction bois préfabriquée et il collabore depuis 10 ans à la programmation des quelque 150 conférences annuelles du Forum Bois Construction, congrès des acteurs de la construction biosourcée.
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