La Capeb est contente, mais inquiète.

La Capeb est contente, mais inquiète.

La Capeb a présenté le 27 janvier ses résultats pour 2021 et ses prévisions d’activité pour 2022. Les pénuries et hausse de prix des matériaux s’installent et pourraient peser sur l’activité en 2022.




Lorsqu’on parle de la Capeb, il faut avoir à l’esprit que 98% des entreprises du bâtiment en France comptent 20 salariés ou moins. Et les structures de 10 salariés ou moins constituent encore 95% du total des entreprises du bâtiment. La Capeb compte plus de 58 000 adhérents, dont 53 000 comptent 10 salariés ou moins. Ce qui en fait la première organisation représentative des entreprises du bâtiment.

 

La Capeb, son président, ses vice-présidents, ses membres, sont globalement contents. Ils n’osent pas dire très contents, mais le cœur y est. L’année 2021 a effacé les baisses de 2020 et au-delà.

 

Le chiffre d’affaires est en expansion. Les embauches progressent, les carnets de commande sont pleins.

 

Tout irait vraiment bien, si l’on n’observait une persistante hausse des prix et des pénuries de matériaux. De plus, la Capeb reste très attentive à un petit nombre d’évolutions réglementaires annoncées, qui pourraient menacer l’activité de ses membres. Prenons tous ces points l’un après l’autre.

 

 

2021 a été une très bonne année pour l’activité

 

 

L’année 2021 a été dynamique dans l’artisanat du bâtiment et progresse de 2,5 % par rapport à 2019, dernière année avant la pandémie. Par rapport à 2020, l’activité en volume progresse de 12,5%.

 

2020 était une année noire pour cause de pandémie et de confinement, et s’était traduite par un recul de 9 % en volume par rapport à 2019. Les excellents chiffres de 2021 sont en partie attribuables à un rattrapage d’activité par rapport à 2020.

 

L’entretien-amélioration tire à nouveau l’activité de l’artisanat du bâtiment au second semestre 2021 avec une croissance annuelle de 14 % sur l’année par rapport à 2020 et de + 3,5 % par rapport à 2019.

 

Ce marché bénéficie toujours d’un important flux de demandes favorisé par une orientation des dépenses des ménages vers le logement, par les mesures d’aides gouvernementales aux ménages, par une bonne tenue de l’emploi et des revenus, par l’impact du Plan de relance France.

 

Ce contexte exceptionnel bénéficie tout particulièrement aux travaux de performance énergétique des logements – ceux qui sont notamment financés par MaPrimeRénov’ - qui progressent de 16 % en 2021 par rapport à 2020, et de 4,5 % par rapport à 2019.


L’activité liée à la construction neuve progresse plus calmement, avec une croissance de 11 % en 2021 par rapport à 2020, et de 1,5 % par rapport à 2019. Pour 2022, la Capeb s’attend à une progression en volume de 2 à 3% de l’activité de ses membres.

 

 

Embauches et carnets de commande

 

 

Les carnets de commandes ont augmenté en 2021, notamment sous l’effet du rattrapage des chantiers, qui n’avaient pas pu être réalisés en 2020 à cause de la crise sanitaire. Les entreprises ont des carnets de commandes représentant en moyenne 100 jours de travail en 2021, contre 74 jours en 2019.

 

En janvier 2022, ils baissent un peut, mais demeurent élevés à 91% de travail en moyenne.

 

Côté emploi, 31% des entreprises artisanales ont cherché à embaucher au cours du second semestre 2021. Près de 55 % des entreprises, hors entreprises artisanales de 0 salarié, sont parvenues à satisfaire leurs besoins de main-d’œuvre.

 

En 2021, les membres de la Capeb ont tout de même embauché plus de 26 000 personnes et accueilli 66 600 nouveaux apprentis. La progression de l’effectif salarié devrait se poursuivre dans les prochains mois, car 19 % des entreprises pensent embaucher des salariés supplémentaires au premier semestre 2022, contre 6 % un an auparavant.

 

 

Pénurie et hausse des prix

 

 

Mais voilà, ce tableau presque idyllique est face à deux principales menaces. Tout d’abord, à la hausse des prix des matériaux, que l’on présentait comme conjoncturelle et de courte durée en 2020, semble au contraire bien installée. Elle pèse sur les marges des entreprises membres de la Capeb, dont seulement 7% constatent une amélioration de leurs marges en 2021, tandis que 27% déplorent un tassement des marges et 71% estiment qu’elles sont demeurées stables.

 

Une majorité des entreprises – 55% exactement – n’a pas pu répercuter les hausses de prix sur leurs devis, notamment parce qu’elles devaient honorer des devis signés par leurs clients.

 

Jean-Christophe Repon, le président de la Capeb et, dans le civil, maître artisan électricien à la tête d’une entreprise de 2 salariés à Toulon dans le Var, indique qu’en janvier 2021, de nombreux industriels ne peuvent indiquer quand ils honoreront les commandes que leurs passent les artisans et à quels prix les matériaux seront facturés. C’est notamment le cas des matériaux de construction bois.

 

De même la Capebsurveille, comme le lait sur le feu, l’évolution à la hausse des prix de l’électricité, du gaz et des carburants et encourage ses membres à y être particulièrement attentifs.

 

 

Globalement, la Capeb souligne que l’indice du coût de la construction a augmenté de 6,86% entre le 4eme trimestre 2020 et le 4eme trimestre 2021. Alors que l’indice des prix à la consommation ne progressait que de 2,8% sur la même période. ©PP

 

 

Les prix des travaux sont en hausse dans les différents corps de métiers tout particulièrement dans les travaux de couverture (+8,2 % après +5,7 % en 2020), de menuiserie (+8 % après +6,3 %), dans les autres travaux de construction spécialisés (+4,4 % après +3,7 %), d’installation électrique (+4,1 % après +3,1 %), de peinture et de vitrerie (+3,2 % après +3,1 %), de plomberie, d’installation de chauffage et de conditionnement d’air (+3 % après +2,6 %) et dans les travaux de revêtements des sols et des murs (+2,9 % après +1,9 %). La hausse est également forte dans les travaux de plâtrerie (+4,0 % après +4,9 %) avec toutefois un léger ralentissement. ©PP

 

 

Les inquiétudes de la Capeb

 

 

Derrière cette bonne année 2021 et une conjoncture encore très porteuse au début de 2022, plusieurs évolutions réglementaires inquiètent la Capeb.

 

Si elle se félicite de l’arrivée du guichet unique France Rénov’, dont elle attend une grande simplification administrative, elle demeure dubitative quant au statut de l’Accompagnateur Rénov’.

 

Elle craint en effet qu’à partir de 2023 où ce statut deviendra accessible à des acteurs privés, que l’Accompagnateur Rénov’ devienne un supercontrôleur d’opération, capable de capter les travaux et de les diriger vers des entreprises précises. Ce qui pourrait contribuer à écarter les membres de la Capeb de ce qui constitue aujourd’hui le cœur de leur activité.

 

La Capeb est tout à fait favorable à l’intervention de l’Accompagnateur Rénov’ dans le cas d’une rénovation globale. En 2021, celles-ci n’ont représenté que 389 dossiers parmi les 700 000 traités par MaPrimeRénov’.

 

On entend en effet, flotter le chiffre de 5000 € de montant de travaux à partir duquel l’intervention de l’Accompagnateur Rénov’ serait obligatoire. 5000 €, c’est un changement de chaudière, pas une rénovation globale.

 

La Capeb estime que ce serait ajouter des délais et une pesanteur administrative supplémentaires, si l’intervention de l’accompagnateur Rénov’ était généralisé à la quasi-totalité des opérations financées par MaPrimeRénov’.

 

Deuxièmement, la Capeb aimerait beaucoup que le taux de TVA réduit à 5,5% soit pérennisé pour tous les travaux de rénovation. Le Gouvernement semble avoir une autre idée.

 

Enfin, la Capeb milite toujours, pour ceux de ses membres qui ne sont pas RGE, pour que soit généralisée la possibilité d’un audit de travaux en fin de chantier. Si cet audit montre que les travaux sont réalisés dans les règles de l’art, le chantier est classé RGE. Ce qui ouvre l’accès aux financements publics pour les particuliers qui l’ont commandé. Pour l’instant, silence. Mais la Capeb n’est pas découragée et insiste.



Source : batirama.com / Pascal Poggi

L'auteur de cet article

photo auteur Pascal Poggi
Pascal Poggi, né en octobre 1956, est un ancien élève de l’ESSEC. Il a commencé sa carrière en vendant du gaz et de l’électricité dans un centre Edf-Gdf dans le sud de l’Île-de-France, a travaillé au marketing de Gaz de France, et a géré quelques années une entreprise de communication technique. Depuis trente ans, il écrit des articles dans la presse technique bâtiment. Il traite de tout le bâtiment, en construction neuve comme en rénovation, depuis les fondations jusqu’à la couverture, avec une prédilection pour les technologies de chauffage, de ventilation, de climatisation, les façades et les ouvrants, les protocoles de communication utilisés dans le bâtiment pour le pilotage des équipements – les nouveaux Matter et Thread, par exemple – et pour la production d’électricité photovoltaïque sur site.
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